Menu
Search
Samedi 27 Décembre 2025
S'abonner
close
Samedi 27 Décembre 2025
Menu
Search

Zoom sur les grandes métropoles africaines

Alors qu’elles sont habituées aux places de dernier rang dans les classements actuels, les villes africaines ont été mises à l’honneur par la première édition de l’Emerging Cities Look. Ce classement, publié en 2014 par le cabinet AT Kearney, a en effet classé 8 villes africaines parmi les métropoles à fort potentiel. Selon le cabinet de conseil en stratégie : Addis Abeba, Nairobi, Johannesburg, le Cap, Tunis, Casablanca, Le Caire et Lagos auraient le potentiel nécessaire pour concurrencer les grandes mégalopoles mondiales d’ici 10 à 20 ans. Passage en revue de quelques unes parmi ces villes.

Addis Abeba, la stratège éthiopienne

Classée troisième de ce classement, Addis Abeba est donc la ville qui a le plus de potentiel. La capitale éthiopienne est déjà considérée comme un grand centre démographique africain avec ses 4 millions d’habitants, mais aussi comme un grand centre politique du continent.
Elle abrite en effet le siège de l’Union Africaine et est régulièrement le théâtre d’évènements de haut niveau sur le continent. Par ailleurs, elle est la troisième ville mondiale en termes de diplomates installés après New York et Genève. Depuis quelques années, Addis Abeba ajoute une aura économique à son aura politique.
La capitale éthiopienne doit en effet assumer le statut de futur émergent que lui a octroyé la Coface en 2014, mais aussi satisfaire les attentes de puissances telles que les États-Unis et la Chine.
Ce statut s’explique par les atouts considérables de cette ville, véritable miroir de l’Éthiopie, qui bénéficie de la stabilité politique, d’une forte population et donc d’un grand potentiel de consommation ainsi que d’un excellent climat des affaires.

Nairobi, l’ambitieuse kenyane

Avec ses 3 millions d’habitants, Nairobi (neuvième du classement) est depuis quelques années un centre cosmopolite en Afrique. Grâce à son statut de capitale d’une future puissance émergente africaine, ses universités prestigieuses ou encore son orientation marquée vers les NTIC (avec notamment son célèbre iHub), Nairobi a su attirer les populations du continent et les investisseurs étrangers pour donner l’un des rares exemples de ville contemporaine en Afrique. Et ces dernières années, Nairobi devient également un centre politique africain et a notamment été le théâtre de l’accord pour la paix en Centrafrique, signé mercredi 15 avril. Mais ses atouts sont aussi un handicap et Nairobi est régulièrement la cible des attaques des shebabs, qui se sont illustrés lors d’un attentat dans un centre commercial en 2014. Ces attaques et la stigmatisation des musulmans qui en découle sont sans doute l’un des principaux points faibles du pays.

Johannesburg, le symbole sud-africain

Johannesburg, la treizième du classement, ne compte que 753.000 habitants, mais représente à elle seule tout un symbole. Elle est le symbole de la réussite économique africaine qui a fait de l’Afrique du Sud un pays émergent reconnu et membre des BRICS. Et elle est aussi le symbole africain de la conquête des droits de façon pacifique et le lieu du vivre ensemble à la sud-africaine. Johannesburg tire sa richesse de l’activité minière, de l’essor des services et de son aéroport international qui fait d’elle un carrefour du commerce africain et mondial. La ville assure à elle seule 40% du PIB de l’Afrique du Sud. Toutefois, la ville est handicapée par le fort taux de chômage, près de 40%, qui touche particulièrement les Noirs. Ces dernières années, cette situation a particulièrement ravivé la xénophobie et ces derniers jours des attaques directes contre les communautés immigrées ont été enregistrées dans la ville.

Le Cap, l’attrayante sud-africaine

Considérée comme la ville la plus australe de l’Afrique du Sud, le Cap est surtout connu pour ses attractions touristiques. Elle offre en effet une grande variété d’activités, allant des sports nautiques à l’observation des baleines en passant par le shopping et l’alpinisme. La ville constitue l’une des destinations touristiques les plus prisées en Afrique et est également le centre administratif du pays. La ville, réputée pour son cadre de vie agréable et sa stabilité, attire actuellement les investisseurs qui fuient les tensions sociales de Johannesburg. Elle a de grandes chances de devenir un centre important d’ici quelques années.

Lagos, la géante nigériane

Avec ses 21 millions d’habitants, Lagos est incontestablement la plus grande métropole d’Afrique. La ville, qui concentre une grande partie de l’activité économique du Nigéria, connaît une activité beaucoup plus intense ces dernières années. En cause notamment son port, qui est l’un des plus grands d’Afrique, son aéroport, également l’un des plus grands d’Afrique avec ses 5,1 millions de passagers annuels et son statut de plaque tournante du commerce international en matière de pétrole.
Lagos a pendant longtemps été handicapée par des rumeurs de corruption et désorganisation. Mais l’élection récente de Muhammadu Buhari, qui avait notamment promis de restaurer la transparence et la justice dans le pays, pourra peut-être lui permettre d’apparaître sous un meilleur jour.

------------------------------------------

Bouchra Rahmouni Benhida

Professeur à l’Université Hassan Ier, elle est aussi visiting professor aux USA, en France et au Liban. Ses travaux de recherche lui ont permis d’intervenir dans des forums mondiaux et des special topics dans des institutions prestigieuses à Hong Kong, en France, au Liban, aux Emirats arabes unis et en Suisse. Elle compte à son actif plusieurs ouvrages?: «L’Afrique des nouvelles convoitises», Editions Ellipses, Paris, octobre 2011, « Femme et entrepreneur, c’est possible», Editions Pearson, Paris, novembre 2012, « Géopolitique de la Méditerranée?», Editions PUF, avril 2013, «Le basculement du monde : poids et diversité des nouveaux émergents», éditions l’Harmattan, novembre 2013 et de « Géopolitique de la condition féminine », Editions PUF, février 2014. Elle a dirigé, l’ouvrage «Maroc stratégique : Ruptures et permanence d’un Royaume», éditions Descartes, Paris, 2013.

Lisez nos e-Papers