Le Matin Éco : Attijariwafa bank a surclassé la concurrence dans l'opération de rachat de Barclays Bank Egypt. En quoi son offre a-t-elle été plus intéressante ?
Mohamed El Kettani : Il y a eu effectivement une forte concurrence compte tenu de l'attractivité de ce marché stratégique pour de nombreux investisseurs financiers et opérateurs bancaires internationaux.
L’Égypte, c’est une économie diversifiée et de taille importante avec un PIB de 330 milliards de dollars. C’est aussi une population de 90 millions d’habitants, jeune, urbanisée et faiblement bancarisée. Le pays dispose en outre d’un secteur bancaire sain et rentable et qui présente des perspectives de croissance significatives. Par ailleurs, Barclays Bank Egypt est une banque disposant de plusieurs atouts : un positionnement de banque universelle, un management talentueux, des actifs de grande qualité et une gestion rigoureuse et aux meilleures normes. L’offre d’Attijariwafa bank a été très favorablement accueillie par les autorités égyptiennes et par le management et les collaborateurs de Barclays Bank Egypt qui y voient une opportunité d’apporter à Barclays Bank Egypt et au secteur bancaire égyptien la longue expérience et l’expertise du groupe en matière de banque des migrants, de bancarisation de la clientèle de détail, de financement des PME et TPE y compris dans des environnements faiblement bancarisés.
Quel est le montant de la transaction ?
À ce stade, le montant de la transaction ne peut pas être communiqué compte tenu des accords signés avec Barclays. Je peux par contre vous confirmer que cette opération sera créatrice de valeur et de richesse pour le secteur bancaire égyptien, Barclays Bank Egypt, ses clients et ses ressources humaines ainsi que pour le groupe Attijariwafa bank dans son ensemble. Nous y voyons une opportunité unique pour contribuer au développement des relations économiques et commerciales entre l’Égypte et les régions de présence du groupe, à savoir le Maroc, les autres pays du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale.
Quelle est la vision de développement du groupe en Égypte et quelles synergies avec les autres filiales africaines ?
Dans la banque de détail, notre stratégie est de capitaliser sur la longue expérience et la grande expertise du groupe dans les environnements de faible bancarisation et d'adapter les modèles de conquête, d’équipement et de financement (crédits) de la clientèle de détail (particuliers, professionnels, PME, TPE) à l’environnement égyptien et de déployer des lignes métiers peu ou pas présentes tels que le crédit à la consommation, l’Immigrant banking, etc.
Dans la banque de financement et d’investissement, notre objectif est d’apporter aux Corporate locaux et régionaux toute l’expertise du groupe en matière de Project Finance, de conseil, de Trade finance, de banque transactionnelle, de produits de Risk management (activités de marché) ainsi que le réseau africain d’Attijariwafa bank.
De manière générale, les grandes lignes de la stratégie visent à capitaliser sur le positionnement géographique unique de l’Égypte comme porte d’entrée au Moyen-Orient et en Afrique de l’Est et contribuer à une intégration économique de plus en plus forte de ces régions avec les pays de présence du groupe : investissements, commerce extérieur...
À l'heure actuelle, il n'y a aucun opérateur bancaire présent au Maroc, en Afrique de l'Ouest/Afrique centrale et en Égypte, ce qui nous donne un avantage concurrentiel certain à l'échelle du continent.
Dans son plan Énergie 2020, Attijariwafa bank a mis le cap sur l'Afrique anglophone. Après l'Égypte, quels sont les marchés cibles ?
Effectivement, après 10 premières années de développement régional qui ont permis au groupe d’accumuler une expertise importante en matière d’intégration et de développement des banques africaines
acquises, la feuille de route de développement régional 2016-2020 intègre un certain nombre de pays non francophones au potentiel de croissance important sur le moyen et long terme en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est. Cependant, l’exécution de notre stratégie de développement est très disciplinée et rigoureuse et dépend de plusieurs dimensions - qualité des cibles, valorisation, contrôle, capacité et conditions optimales pour l’exécution d’un plan de développement ambitieux… - et n’implique pas une réalisation systématique d’acquisitions dans les pays listés dans la feuille de route.