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«Nous négocions 171 millions de dollars avec la banque chinoise ICBC»

Le groupe Anouar Invest négocie un prêt de 171 millions de dollars avec la banque privée chinoise ICBC. Objectif, financer une partie de son projet de cimenterie à Settat qui pèse en tout 330 millions de dollars. Le président affirme être fier de participer à inverser les mécanismes constatés ces dernières années qui consistaient à financer des projets en dirhams avec des transferts de dividendes en devises.

«Nous négocions 171 millions de dollars avec la banque chinoise ICBC»
El Hachmi Boutgueray.

Le Matin-Éco : Vous vous êtes retiré récemment des activités de conserverie en les cédant à un groupe installé à Dubaï et lancé aussitôt la construction d’une cimenterie dans les provinces du Sud. Ces opérations s’inscrivent-elles dans une vision stratégique ou est-ce juste des opportunités d’affaires ?
El Hachmi Boutgueray : Nous avons effectivement cédé notre pôle halieutique l’été dernier et 4 mois plus tard lancé la construction de notre unité de ciment à Laâyoune. Je concède que l’enchainement de ces deux évènements présentés comme tels puisse être interprété comme ayant un lien direct. Néanmoins, ces deux opérations répondent à la fois à un calendrier distinct et à des choix qui versent dans le même sens de nos orientations stratégiques. Je m’explique, la cession du pôle halieutique fait suite à une opportunité de marché qui s’est enclenchée rapidement au regard des valeurs ajoutées réciproques des parties liées à cette transaction. Cette opportunité répondait également à un intérêt stratégique puisque le pôle halieutique avait atteint un premier palier de maturité depuis l’acquisition par Anouar Invest en 2009 de la première filiale dudit pôle, Silver Food. En fait, il s’agit pour notre groupe de savoir faire tourner des actifs afin de réaliser d’autres investissements et c’est là le lien stratégique entre les deux évènements.
Pour le secteur du ciment, notre décision stratégique d’investir remonte à plusieurs années déjà, étant donné que cette activité ne cessera de croitre, eu égard aux programmes de développement d’infrastructures et d’immobilier de notre pays. Il constitue, en outre, pour nous, une intégration en amont, entre autres, du pôle de la promotion immobilière.
Il s’agit, d’ailleurs, des deux métiers les plus rémunérateurs de l’ensemble de la chaine de valeur du marché du BTP et de l’immobilier. Cet investissement se décline en deux projets immédiats au Maroc, à savoir une unité de production de ciment à Laâyoune et une seconde à Settat, ainsi qu’un développement
dans le continent africain dans les meilleurs délais.

Vous avez annoncé la signature d’un emprunt de 170 millions de dollars auprès d’une banque étrangère, destiné à financer votre projet de cimenterie de Settat. Pourquoi se tourner vers le financement extérieur ? Est-ce une affaire de coût ou de non-suivi par les banques nationales ?
La cimenterie de Settat représente un investissement total de 330 millions de dollars. Nous travaillons effectivement avec la banque chinoise ICBC, la plus grande banque privée au monde, sur un financement international d’un montant de 171 millions de dollars. Il s’agit, d’ailleurs, d’une réelle occasion qui montre à quel point les bailleurs de fonds internationaux font confiance au développement du tissu économique de notre pays.
En tant que Marocain, je suis également fier de participer à inverser les mécanismes constatés ces dernières années qui consistaient à financer des projets en dirhams avec des transferts de dividendes en devises. Enfin, nous travaillons en parallèle avec des partenaires à la fois nationaux et internationaux pour compléter le financement de ce projet.

Le marché s’est fait l’écho ces derniers mois des difficultés financières de certaines filiales de votre groupe, notamment les importations de céréales et les activités immobilières. Qu’en est-il au juste ?
Les difficultés dont vous parlez étaient réelles, mais elles sont en bonne partie dépassées. Nous avons subi des moments difficiles tout au long de l'année 2015 et cela principalement dans l’importation de céréales que vous évoquez. Ces difficultés étaient dues à plusieurs phénomènes, dont l’évolution des règles du système bancaire de notre pays qui commencent à exiger des conditions contraignantes en comparaison avec les années antérieures, étant donné les conséquences subies par le marché à cause de grandes difficultés qu’ont connues certains acteurs économiques depuis début 2015. Cette situation nous a, d’ailleurs, sensibilisés sérieusement sur la nécessité de réviser le niveau de notre indépendance financière qui est devenue pour notre groupe un axe stratégique prioritaire. Bien plus, nous avons mené dans ce cadre, au cours du deuxième semestre 2015, des actions d’envergures qui ont abouti à une baisse très importante de nos engagements bancaires et qui est de l’ordre de trois milliards de dirhams. S’agissant de l’immobilier, nous subissons comme l’ensemble des acteurs de la promotion immobilière le ralentissement de l’activité. Néanmoins, la majorité de nos projets sont situés à Casablanca qui fait preuve de la plus forte résilience du marché.

À la veille de la clôture de l’exercice 2015, comment s’annoncent vos résultats ?
Je rappellerai juste 4 chiffres clés. Le groupe a réalisé plus de 10% de croissance consolidée en 2014, atteignant un chiffre d’affaires de 7,2 milliards de dirhams pour un résultat net de 284 millions et emploie actuellement plus de 3.500 personnes. Quant à l’activité 2015, malgré la conjoncture économique de l’année, elle se termine avec des résultats meilleurs que ceux de 2014, que nous communiquerons au moment opportun.

Quelle lecture faites-vous de l’évolution de vos secteurs d’activité, notamment l’immobilier et l’agroalimentaire et à quels défis vont-ils faire face ?
Le secteur immobilier regroupe de nombreux segments qui se comportent différemment. Je crois fortement au segment des logements sociaux et économiques, car il s’agit de la demande la plus importante, où le déficit de logements perdure. Après plusieurs mois de correction, même dans les zones les plus résilientes comme Casablanca, ce segment devrait connaitre une croissance soutenue à moyen et long termes. Concernant le secteur agro-alimentaire, il s’agit d’un domaine défensif et structurel au Maroc qui dispose de bases solides pour croitre, mais également pour établir sur le marché de véritables leaders nationaux avec des marques marocaines. Le principal défi de ce secteur sera de faire face à la décompensation des matières premières pour l’agro-industrie qui est inéluctable à terme, à savoir la farine et le sucre.

Comment voyez-vous votre groupe dans les cinq années à venir, particulièrement votre implication dans le continent africain ?
Dans cinq ans, notre groupe fera partie des acteurs nationaux importants dans ses secteurs d'activité : agro-alimentaire, promotion immobilière et matériaux de construction. Il aura entamé et validé son développement africain avec plusieurs implantations notamment en Côte d’Ivoire.

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