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64% des étudiants universitaires abandonnent avant l’obtention d’un diplôme

Sans complaisance ni langue de bois, Lahcen Daoudi dresse un tableau sombre de la situation de l’enseignement supérieur au Maroc. Un faisceau de facteurs concourent à tirer le secteur vers le bas, notamment l’absence de campus universitaires, la faible maitrise de l’outil informatique et de l’anglais. Pour pallier ces lacunes, le ministre table sur une feuille de route qui fait la part belle au développement du réseautage avec des universités internationales.

64% des étudiants universitaires abandonnent avant l’obtention d’un diplôme
Lahcen Daoudi.Ph. Kartouch

Près des deux tiers des étudiants des facultés marocaines quittent leurs amphis avant de décrocher leur diplôme. Ce constat alarmant dressé par Lahcen Daoudi, ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, vient confirmer ce que l’on savait déjà : l’enseignement supérieur souffre de nombreux dysfonctionnements. Mais qu’en est-il de la recherche scientifique ? Le tableau n’est pas reluisant non plus. Le Maroc a été «décalé» à la sixième place en termes de qualité et de production de la recherche scientifique au niveau africain au lieu de la troisième place qu’il occupait précédemment. Selon M. Daoudi, qui s’exprimait hier lors du Forum de la MAP, les dernières innovations en termes de recherche prennent en moyenne une période de 10 ans avant d’«atterrir» au Maroc. «Il faudra attendre la traduction de l’actualité scientifique en français avant qu’elle ne soit de nouveau traduite en arabe, pour enfin être intégrée dans les curricula. Cela nécessite en moyenne une décennie. Une situation irréaliste», s’indigne le ministre. Mais le nœud du problème réside principalement, selon le responsable gouvernemental, dans la résistance aux changements. «Sur une période de dix ans, quelques petites réformes sont opérées.

Ce qui est jugé long par rapport au changement continuel que connaît l’enseignement supérieur dans le monde», renchérit le ministre. Autre facteur expliquant la médiocrité de l’enseignement supérieur au Maroc, la faible maitrise des langues, notamment l’anglais, qui est la langue officielle de la recherche scientifique et de l’outil informatique. Ces deux lacunes constituent, selon M. Daoudi, un défi majeur que l’université marocaine se doit de relever. L’absence de spécialisation au niveau des filières de la licence complique encore la tâche de la promotion de la recherche scientifique et contribue à former des diplômés condamnés au chômage. Cela est encore plus vrai chez les étudiants inscrits dans les Facultés connaissant une grande affluence, notamment celles de droit, des lettres et des sciences humaines. À tous ces facteurs s’ajoute la quasi-absence de grands campus universitaires dotés des laboratoires scientifiques nécessaires pour améliorer le rendement de la recherche scientifique, surtout dans le domaine technique. Que faire donc pour valoriser la recherche scientifique ? Le ministre de l’Enseignement supérieur livre sa feuille de route qui s’appuie essentiellement sur trois volets.

Il s’agit d’abord de l’amélioration de la maitrise des langues et en premier lieu de l’anglais, le développement du réseautage avec des universités internationales ainsi que la généralisation de l’usage de l’outil informatique. Le ministre table en effet sur la dématérialisation prochaine des services universitaires, y compris les cours magistraux qui pourront être dispensés en ligne pour lutter contre le problème du surpeuplement. Le regroupement des universités dans des campus est également dans le pipe. Le Conseil de gouvernement s’apprête cette semaine à examiner un projet de loi qui regroupera les Facultés et Écoles de sciences techniques en universités polytechniques. Il en sera de même pour les Facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire qui vont devoir fusionner en vertu de la même loi. 

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