Réinventer son modèle managérial devient une nécessité devant l’ampleur du phénomène du désengagement et du laisser-aller des collaborateurs. Isaac Getz, conférencier et théoricien de l’entreprise libérée, conseiller d’entreprises en Europe, le démontre fort bien dans son intervention à l’occasion du lancement de la première édition du rendez-vous «Meet de Lead», un évènement réservé aux décideurs et managers exécutifs dans l’objectif de réfléchir, de partager et enfin de découvrir et de réinventer pour accompagner la transformation. Selon cet expert, au Maroc le taux de désengagement des salariés est très élevé : seulement 19% de salariés se déclarent engagés contre 51% désengagés et 31% activement désengagés.
Les chiffres sont parlants et nécessitent une réflexion en profondeur. Le défi est énorme : avoir des ressources humaines qui donnent le meilleur d’eux-mêmes et qui ont l’envie de se lever chaque jour pour venir au travail. Il est clair que le modèle d’entreprise libérée comme exposé par Getz est particulièrement innovant. Mais sa réussite dépend de la combinaison de trois éléments essentiels. D’abord, la libération de l’initiative du collaborateur, car celui-ci a des dons et des talents qu’il a besoin de révéler. Ensuite, la libération du potentiel pour faire surgir toutes les qualités et compétences submergées. Et le troisième élément et non des moindres qui est l’auto-direction : chaque collaborateur gère ses tâches en fonction d'objectifs précis sans avoir besoin de quelqu'un derrière lui qui le contrôle. Cela implique aussi pour le dirigeant un travail sur soi en laissant de côté toutes les aptitudes qui peuvent limiter l’apparence au même groupe. L’essentiel est d’abandonner son ego, lance Mehdi Berrada, PDG du groupe Poult, qui estime que «la libération de l’entreprise doit toujours commencer par son leader qui doit renoncer à tous les éléments distinctifs, c’est primordial». Le numéro deux français sur le marché de biscuiterie, employant un millier de salariés, a placé l’homme au centre de sa réflexion de transformation en lui accordant un plus grand degré de liberté de travail. «L’entreprise n’a plus besoin d’exécutants, mais de personnes créatives capables de s’adapter en permanence avec les besoins des clients et du marché», dit-il.
Or, pour aider les gens à développer leur plein potentiel créateur, il faut opter pour un management libéré et participatif où chaque individu apporte sa pierre à l’édifice. «L’autonomie, la confiance, la liberté, la transparence, la responsabilité vis-à-vis des pairs et non des pères, la “déhiérarchisation” sont les vecteurs de la croissance, et permettent ainsi à chaque salarié de donner le meilleur de lui-même», assure M. Berrada. Et ce principe de bien-être est également défendu par les jeunes dirigeants représentés lors de cette rencontre par Khalid Baghri, président du Centre des jeunes dirigeants Maroc. Ce dernier estime d'ailleurs que le bien-emploi (bonheur du travail) est un moteur pour atteindre le plein emploi (la compétitivité). «C’est à travers la qualité de vie des employés que la satisfaction client est garantie».
