Éco-Conseil : Quelles sont les conséquences du non-respect d'un ordre hiérarchique ?
Ali Serhani : L’insubordination dans une organisation donnée peut être définie tout simplement par le non-respect des procédures, de la discipline et enfin de la hiérarchie. Cependant, lorsqu’il y a insubordination, il faut comprendre que l'engrenage de la machine est enrayé. Je m’explique : lorsque le management est défaillant, l’insubordination trouve un terreau fertile pour se propager. Quand dans l’entreprise nous trouvons un management qui fait en sorte que la culture de ladite entreprise repose sur le respect mutuel (salariés et employeurs) et donc sur des règles bien établies dans lesquelles la méritocratie reste l’une des bases fondamentales du management de l’entreprise, nous risquons rarement de rencontrer de l’insubordination ou des grèves sauvages.
Quelle forme peut prendre l’insubordination au travail ?
Elle peut être le fait d’une personne, donc individuelle, comme d’un groupe de personnes, donc collective, ce qui peut déboucher sur une grève, parfois sauvage (saccage du matériel, menaces, etc.). Elle peut être dirigée contre une personne ou contre tout le management de l’entreprise. Elle peut être infondée, mais parfois elle est légitime. Et là c’est à la direction de jouer son rôle. S’il s’avère que cette personne – qui peut être un responsable exécrable, qui ne respecte personne et qui fait fi de toutes les règles de bienséance – est la fautive, alors la première des choses est de la remercier en lui donnant tous ses droits et sans attendre, car cela peut déboucher sur des crises que l’entreprise ne peut se permettre, surtout en ce moment précis où il n'est permis à personne de faire un faux pas. Si en revanche il s’avère que l’insubordination est le fait d’un salarié qui ne veut pas travailler au vu et au su de tout le monde, eh bien idem pour lui, il faut le remercier dans les meilleurs délais tout en lui accordant bien sûr tous ses droits.
Peut-on mettre fin au contrat d’un salarié qui affiche une attitude d’insubordination ?
Oui, mais après avoir respecté les procédures prévues par le Code du travail. Les sanctions tombent au fur et à mesure et ce n’est qu’en dernier recours que l’on peut licencier quelqu’un. Sans oublier bien sûr qu’il est nécessaire d’écouter la personne concernée, car elle risque de vous donner une version qui n’a rien à voir avec celle que vous avez. C’est donc une situation délicate que l’on gère de manière très pointilleuse pour éviter les dérapages.
Sinon et s’il s’avère que l’insubordination n’obéit à aucun critère logique ou éthique, encore une fois je dirais que la meilleure solution est de remercier la personne concernée, mais en lui donnant tous ses droits bien sûr. Il n’est pas nécessaire d’adopter une démarche d'«économies de bouts de chandelles» : donnez-lui ses droits et laissez-le partir ! Certains vous diront que cela risque de créer un précédent. La réponse est claire : c'est un problème de management, car si tout le monde a envie de partir, eh bien, il vaudrait mieux revoir sa manière de gérer. Il y a un excellent proverbe marocain qui dit : «Un chat ne quitte jamais les lieux des festivités où l’abondance de nourriture est reine».
