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Des inégalités importantes entre les enfants selon le milieu social

L’Observatoire national du développement humain (ONDH) et la Banque mondiale viennent de rendre publique une étude portant sur le développement de la petite enfance au Maroc. D’après les conclusions de cette étude, il existe de nombreuses inégalités entre les enfants selon leur milieu social. Les disparités sont par ailleurs observées plus au niveau rural. L’étude révèle par ailleurs que l’Initiative nationale pour le développement humain n’a pas un impact palpable sur le développement de la petite enfance, à cause du manque de ciblage.

Des inégalités importantes entre les enfants  selon le milieu social
L’ONDH a présenté, jeudi, une étude sur le développement de la petite enfance au Maroc, destinée notamment à éclairer les politiques publiques dans ce domaine.bPh. MAP

Les inégalités observées au cours de la petite enfance, aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement, en raison des disparités socio-économiques et d’un accès différencié aux services sociaux ont tendance à se prolonger, voire se creuser tout au long de la vie, jusqu’à constituer au cours de la vie adulte des obstacles à l’égalité des chances pour une prospérité partagée. Aussi, partant du constat que le développement de la petite enfance est une dimension essentielle du développement humain, l’ONDH, en partenariat avec la Banque mondiale, a réalisé en 2015 une étude sur le développement de la petite enfance au Maroc, destinée notamment à éclairer les politiques publiques dans ce domaine.

Lancée en 2015, en partenariat avec la Banque mondiale, cette étude, qui s’est appuyée sur un certain nombre d’enquêtes couvrant la période de 2003 à 2012, vise à examiner à partir de 12 indicateurs les inégalités observées dès la petite enfance au niveau de l’accès aux services de base, notamment la santé, l’éducation, la nutrition, etc. D’après les principales conclusions de cette étude, il existe de grandes disparités dans les chances des enfants d’avoir un développement de la petite enfance (de 0 à 5 ans) sain. Ces inégalités, qui ont tendance à se creuser tout au long de la vie, affectent durablement le développement humain des enfants défavorisés et sont surtout observées au niveau rural.

Ainsi, dans l’indicateur de l’éducation par exemple, l’étude montre que les enfants issus d’une famille instruite, où particulièrement la mère est scolarisée, ont pratiquement une chance de 100% d’être scolarisés, voire de pousser leurs études à un niveau supérieur, comparativement aux enfants dont la mère est analphabète. Les mêmes enfants bénéficient également d’une bonne nutrition et d’une bonne santé. L’enquête montre toutefois que le niveau d’instruction des mères au Maroc a connu un saut qualitatif depuis 2006.

L’étude s’intéresse également à la comparaison du développement social, affectif et cognitif aussi bien chez les enfants issus des milieux favorisés que défavorisés. Ainsi, il ressort de cette comparaison que les enfants les plus favorisés ont 95% de chance de bénéficier de ce développement que leurs pairs moins favorisés. Mais au final, la part des enfants ayant des activités de développement ne dépasse pas 34%. «Le faible niveau des activités de développement est particulièrement inquiétant, car cela signifie que deux tiers des enfants sont privés de ces occasions importantes. Le plus inquiétant est que 90% des enfants ont vécu des situations de discipline violente mettant sensiblement leur développement en danger. Le travail domestique et le travail des mineurs en général constituent également un problème, avec 20% des enfants touchés. Ce qui risque de rendre la transition de ces enfants vers l’école plus difficile, tout en étant potentiellement dangereux pour leur bien-être», note Ahmed El Kasmi, membre de l’Observatoire national du développement humain.

Composée de deux volets, l’étude s’est intéressée dans sa seconde partie à l’impact de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) sur le développement de la petite enfance. Il en ressort que l'INDH n’a pas eu de grand impact sur la petite enfance, même si elle a permis certaines améliorations des résultats économiques. «La prise en compte de la petite enfance est absente aussi bien dans les enquêtes d’évaluation de l’impact de l’INDH de 2008 que de 2011 et 2013. Cela signifie que cette initiative a ignoré cette tranche d’âge, ce qui pourra impacter le développement des futures générations», note pour sa part Abdelkhalek Touhami, expert auprès de la Banque mondiale.

Ainsi, les élaborateurs de l’étude estiment nécessaire d’intégrer des objectifs ciblant le développement de la petite enfance dans les projets menés par cette initiative. Cela pourrait en effet avoir une plus grande incidence sur le développement humain à long terme. Selon Hassan El Mansouri, secrétaire général de l’Observatoire, il serait opportun de mettre en place une Commission ad hoc au niveau de l’INDH qui serait chargée de formuler des recommandations à la lumière de cette étude à même d’être introduites dans les futurs projets lancés dans le cadre de l’INDH. 

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