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Des produits médicamenteux vendus en parapharmacie !

Des parapharmacies se sont mises à la vente de produits médicamenteux alors que c'est interdit par la loi. Des professionnels montent au crénau.

Des produits médicamenteux vendus  en parapharmacie !
La pharmacie n’est pas le seul endroit où l’on peut acheter des médicaments au Maroc. On peut également se les procurer ailleurs : dans des épiceries, des souks, et même dans certaines parapharmacies.

Bien que la loi 17-04 portant Code du médicament et de la pharmacie soit très claire en exigeant que la dispensation du médicament doive obligatoirement être assurée par le pharmacien, ceci n’est pas respecté dans la pratique. La pharmacie n’est pas le seul endroit où l’on peut acheter des médicaments au Maroc. On peut également se les procurer ailleurs : dans des épiceries, des souks, et même dans certaines parapharmacies. «Cela fait 4 ans que je mène seule une bataille pour ma profession de pharmacienne contre une anarchie qui règne dans le secteur suite à l’exercice illégal de la pharmacie par des sociétés de parapharmacie qui accordent des remises exceptionnelles aux patients, mettant ainsi leur vie en danger. En effet, une para installée à quelques mètres de ma pharmacie m’a même obligée à mettre la clé sous la porte à force de concurrence illégale. Mais ce qui est plus grave est que ces pratiques peuvent avoir des conséquences graves sur la santé des citoyens», confie Mounir Nassiri, pharmacien à Tétouan.

Et d’ajouter : «Le médicament Curacné 20 mg, qui est le seul médicament tératogène disponible sur le marché sans ordonnance, a été vendu par cette para avec une remise à une jeune femme en âge de procréer, ce qui est très grave. Mais malgré cette erreur, la société de para a pu s’en sortir avec une simple amende de 3.000 DH et une peine de prison de deux mois pour l’employé qui a remis le médicament à la patiente. Et, malheureusement, il ne s’agit pas d’un cas isolé». De son côté, Abderrahim Derraji, docteur en pharmacie et fondateur des sites Internet www.pharmacie.ma et www.medicament.ma, affirme que le concept de la parapharmacie n’est plus clair et que certaines parapharmacies s'apparentent davantage à des boutiques et d'autres ressemblent de plus en plus à des officines, même si l'apparence et la qualité d'agencement ne suffisent pas pour faire de ces espaces des pharmacies. «Tout d’abord, l'appellation “parapharmacie” pose problème puisque le terme “pharmacie” peut prêter à confusion, d'autant plus que certaines parapharmacies espacent le terme “para” et celui de “pharmacie”, ce qui peut induire les patients en erreur. En ce qui concerne la formation, aucune qualification n’est exigée et les propriétaires des parapharmacies peuvent être amenés à conseiller des produits de dermo-cosmétologie, ce qui normalement rentre dans la définition du médicament et est interdit (article premier de la loi 17-04 portant Code du médicament et de la pharmacie)», souligne Dr Derraji.

«Certains médicaments, dits naturels, extraits de plantes sont dispensés dans les parapharmacies, comme les huiles essentielles. Or ces produits, qui sont souvent perçus, à tort, comme dénués de toxicité, peuvent s'avérer très dangereux si on dépasse quelques gouttes par 24 heures. Ces mêmes para vendent de plus en plus de compléments alimentaires qui ne sont pas non plus inoffensifs. La vitamine qui rentre dans la composition de certains complexes vitaminés est tératogène. Des malformations peuvent être observées chez les bébés dont les mamans ont consommé de la vitamine durant la grossesse. Pis encore, certaines parapharmacies peuvent vendre des produits de contrebande, comme certaines pommades à base de corticoïdes dont les méfaits sur la peau ne sont plus un secret pour personnes», poursuit-il, déplorant l’absence de contrôle et d’inspection, ce qui laisse ces boutiques livrées à elles-mêmes et constituer ainsi un réel danger pour la santé des citoyens. 

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