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Énergies vertes : les nouvelles règles obligent les producteurs français à s'organiser

Énergies vertes : les nouvelles règles obligent  les producteurs français à s'organiser
Pour les petits producteurs, la vente directe sur le marché implique de prévoir avec précision leur production pour maintenir à tout moment l'équilibre entre consommation et production d'électricité sur le réseau.

Vendre directement leur électricité sur le marché : jusqu'ici les producteurs d'énergie verte ne le faisaient quasiment pas en France, revendant automatiquement leur courant à EDF, mais la loi a changé et c'est un nouveau défi pour eux.
«On va découvrir un nouveau monde. Le saut est important et plein d'incertitudes», résumait Gilles Lebreux, président de la société Langa, spécialisée dans le solaire, lors d'un récent colloque sur le financement des énergies renouvelables.
Jusqu'ici, les producteurs d'électricité verte (solaire, éolien, biomasse, etc.) n'avaient pas à se préoccuper de trouver des débouchés pour leur courant : l'électricien historique EDF avait l'obligation d'acheter leurs électrons à un tarif fixé pour 15 ou 20 ans.

Mais désormais, les installations de plus de 500 kilowatts, sauf les énergies marines et l'éolien où les producteurs auront le choix de rester sous le régime de l'obligation d'achat, devront vendre directement leur électricité sur le marché de gros. Une prime leur sera versée en complément du prix de marché s'il est inférieur à un niveau défini par l'État. Pour les petits producteurs, c'est une vraie difficulté, notamment technique, car cela implique de prévoir avec précision leur production pour maintenir à tout moment l'équilibre entre consommation et production d'électricité sur le réseau. «Nous n'allons pas nous-mêmes rentrer dans le métier de l'agrégation», explique ainsi à l'AFP Pierre de Froidefond, PDG de Cap vert Énergie. Ailleurs en Europe où ce système a déjà été mis en place, de nouveaux acteurs sont donc apparus : les agrégateurs. Indépendants, ou filiales de groupes énergétiques, ils jouent le rôle d'intermédiaire et vendent sur le marché le courant qu'ils ont acheté à plusieurs producteurs.

Certains attendent donc avec un appétit non déguisé la mise en place du système français, prévu au 1er janvier 2016, mais qui a pris du retard.
C'est le cas du norvégien Statkraft, leader européen avec notamment 9.000 mégawatts gérés en Allemagne et 2.500 au Royaume-Uni.
«On a déjà pris des contacts sur le marché et certains acteurs (...) ont pris d'eux-mêmes contact avec nous», affirme à l'AFP Emmanuel Soetaert, président Statkraft France. Même chose pour l'allemand Trianel, troisième acteur outre-Rhin avec 4,5 GW sous gestion. L'agrégateur allemand Next Kraftwerke a aussi créé en novembre 2015 une filiale en France, Centrales Next. Face à ces acteurs de poids, et à EDF et Engie qui jouent déjà ce rôle, des acteurs indépendants ne restent pas inactifs, comme la coopérative Enercoop, qui fait déjà de l'agrégation. Le producteur d'électricité verte Quadran a, lui, racheté 50% d'Hydronext, un des premiers agrégateurs français, qui gère un peu plus de 100 mégawatts.

Regroupements

Certains réfléchissent aussi à se regrouper pour créer un agrégateur commun. Gilles Lebreux évoque des «débuts de discussions» entre producteurs. «On n'exclut pas de se regrouper» avec d'autres développeurs de projets, confirme aussi Pierre de Froidefond.
Mais les enjeux techniques, pour créer et gérer les systèmes informatiques nécessaires ou encore assurer l'équilibre du réseau, pourraient les refroidir.
«Le système devient beaucoup plus efficient quand les choses sont gérées en gros plutôt que de manière individuelle», défend M. Soetaert, car il est plus facile de faire le travail d'équilibrage lorsqu'on gère un portefeuille important de capacités et diversifié entre plusieurs énergies.
Les acteurs du secteur sont aussi vigilants sur l'impact de ce nouveau système sur les revenus des producteurs et le financement des projets à l'avenir.

«À quel moment, dans quel délai, l'agrégateur va payer le producteur ? Il va y avoir des décalages de trésorerie» à intégrer dans les business plan, prévenait Sylvie Perrin, avocate associée au cabinet De Gaulle Fleurance, lors du même colloque début juin.
À la même tribune, le délégué général du Syndicat des énergies renouvelables Damien Mathon se disait «pas très inquiet» face aux nombreux agrégateurs présents sur le marché français. «Cela crée de la concurrence et ces entreprises ont beaucoup d'expérience dans le secteur». 

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