La cérémonie d’ouverture de la 13e édition s’est distinguée par les deux hommages rendus, respectivement, à l’actrice Saâdia Azgoun et au vétéran du cinéma marocain, Mohamed Abderrahmane Tazi.
Ce dernier a pu assister à un moment exceptionnel de sa carrière où de belles paroles ont été prononcées à son endroit par Hicham El Ouali, très heureux lui-même d’avoir ce privilège. «C’est un honneur pour moi de célébrer ce moment aux côtés de ce grand homme qui fut un jour celui qui m’a permis de franchir le seuil de la télévision. Je ne l’oublierai jamais. S'ajoute à cela que Tazi est le premier parrain de ce festival auquel il a cru depuis le départ». Quant à Saâdia Azgoun, ses mérites ont été vantés par ses collègues Farid Regragui et Hind Saâdi, qui n’ont pas tari d’éloges à son égard, louant ses qualités d’artiste passionnée par son travail, l’exerçant avec dévouement et beaucoup d’amour. «C’est une personne forte, très humaine et j’ai énormément appris d’elle pendant les 13 années de notre amitié», déclare Hind Saâdi.
Comme la tradition le veut, lors de cette cérémonie ont été présentés les jurys du festival : deux pour la compétition officielle et un pour la compétition des scénarios.
Ce dernier est composé de Othmane Acheqra (romancier et scénariste) comme président, accompagné de Houcine Chani (réalisateur et scénariste) et Samira Maghdad (scénariste et directrice du bureau de Sayidati à Rabat). Cette soirée d’ouverture fut le prélude de toute une programmation de projections cinématographiques, qui a pris le relais à partir de la deuxième journée du festival, avec des films venant de Belgique, d'Iran, de Malte, de France, de Turquie, de Tchéquie, des Émirats arabes unis, d’Iraq, d’Espagne et du Maroc.
«Oasis Dreams» de Aziz Khouadir en première projection
Depuis le lancement du Festival de Zagora, les organisateurs rêvaient de produire un long métrage dans le cadre de l’événement. Le rêve est devenu réalité dans cette 13e édition, puisque Aziz Khouadir a pu exaucer son souhait. «Cela fait des années que nous travaillons, moi et Khalid Chahid, sur cette idée qui a pris naissance à Zagora. Puis, nous avons fait appel à Houcine Chani pour écrire le scénario. C’est un film qui est presque à 100% de cette ville, car même l’équipe qui y a contribué est originaire de Zagora.
Ce qui nous réjouit, car cette action représente une valeur ajoutée pour la ville et ses habitants», souligne Aziz Khouadir. Le casting de ce long métrage de 70 minutes a réuni Kamal Moummad, Abdelhadi Touhach, Hajar Graigaa, Hajar Chargui, Rafiq Boubker et Youssef Fartas. Des acteurs qui ont campé, entre autres, les rôles d’une famille, composée d’un père et ses deux filles, contraints d’accueillir chez eux un immigré clandestin blessé fuyant les autorités de la frontière. Le fiancé de l’une des deux filles qui n’a pu accepter cette présence masculine aux côtés de sa future femme. Ce qui a chamboulé tous les plans et donné lieu à une fin inattendue. Le film ne manque pas de mettre en relief des détails et des faits en relation étroite avec le vécu de la population de la région.
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Questions à Mohamed Abderrahmane Tazi, réalisateur : «Il faut encourager les Festivals à thèmes et qui ont la volonté d'agir dans le volet culturel»
Quelle est votre relation, en tant que cinéaste, avec la ville de Zagora ?
La relation que j’ai avec Zagora remonte à plus de 36 ans, alors que je m’occupais des productions étrangères où j’avais le rôle de directeur de production ou de conseiller technique et artistique. J’ai fait venir, à deux reprises en 1980, une production de Francis Ford Coppola et du réalisateur Robert Dalva, «Le Retour de l'Étalon noir», un film américain qui était la suite de «L’Étalon noir». Cette suite a été tournée à 95% au Maroc, avec comme comédien marocain feu Larbi Doghmi. Bien sûr, à l’époque, il y avait Ouarzazate en tant que capitale du cinéma. Mais je me suis orienté vers Zagora, parce qu’elle avait plus de possibilités en termes de décors externes, le désert et les montagnes, qui constituaient la première approche pour ce film «Le retour de l’Étalon noir», et nous avons passé un très bon tournage, grâce à un beau temps permanent. Ma seconde expérience s’est déroulée avec un film coréen, en 1996. À la suite de la lecture de son scénario, j’ai tout de suite pensé à Zagora. D’ailleurs, ce film, dont le titre est «Inchallah», a remporté beaucoup de succès. J’avais une autre relation avec cette ville, grâce à feu Fatéma Mernissi quand on s’est intéressé à la caravane civique pour la découverte des talents dans cette région, avec des gens simples, des bazaristes ou des peintres pas très connus.
Avez-vous déjà assisté au Festival de Zagora ?
J’ai assisté à sa deuxième ou troisième édition que j’ai appréciée, parce qu’il y a une certaine intimité et surtout des activités en parallèle. Car un festival de cinéma, c’est aussi des conférences, des tables rondes et des ateliers.
Qu’est-ce qui vous attire le plus dans ce festival ?
Ce que je trouve extraordinaire dans ce festival, c’est le fait qu’il y a une continuité. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise année, mais une certaine persévérance à mettre ce festival sur une autoroute, puisqu’il en est à sa 13e édition. Il est sur la bonne voie, même avec toutes les difficultés qui peuvent exister, aussi bien avec la région qu'avec la commission du Centre cinématographique marocain.
Qu’est-ce que cela vous fait de recevoir un hommage dans
cette même ville ?
Le fait de recevoir un hommage dans ce festival me touche énormément, dans la mesure où c’est un festival qui donne de l’intérêt aux cinéastes marocains, aux films marocains et à la population, avec tout ce qui est innovation et talent. Je me sens très proche de ce festival.
On a assisté cette année à plusieurs festivals qui ont vu leur soutien baisser, qu’en pensez-vous ?
Effectivement, quand les gens de la commission sont dans un esprit de classement des festivals et quand on parle de Tanger ou de Tétouan comme si c’étaient des festivals hors série... Alors que pour moi, il faut encourager ce genre de festivals qui ont des thèmes et une volonté de continuer dans ce volet culturel. Je citerai aussi par exemple celui d’Oujda qui traite de l’immigration ou celui de Benguérir. Il y a aussi un point de vue que je ne partage pas avec cette commission, car alors que la vision du Maroc et du Souverain est orientée vers l’Afrique, le plus ancien des festivals africains voit son soutien baisser. C’est valable pour le Festival de Zagora comme pour d’autres qui méritent des encouragements.
Est-ce que vous remettez en cause les choix de la commission ?
Il faudrait d'abord revoir la manière dont cette commission est nommée. Car normalement, il doit y avoir une participation des Chambres professionnelles et une concertation avec les gens du secteur pour constituer cette commission. Cela veut dire qu’il n’y a aucun respect de la Constitution.