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L'expérience à l’international, un accélérateur de carrière

Dans leur quête des compétences, les recruteurs sont souvent intéressés par le candidat ayant une expérience à l’international. Encore faut-il que celle-ci soit convaincante et qu'elle apporte une valeur ajoutée à l’entreprise. Vendre cet atout et le valoriser est fortement recommandable par les experts. Ouverture d’esprit, autonomie, adaptabilité, enrichissement culturel et progrès linguistique sont autant d’atouts à mettre en avant aux côtés des compétences techniques et des connaissances de marché acquises. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par «Éco-Emploi» auprès des professionnels.

L'expérience à l’international, un accélérateur de carrière

Pour relever le défi de la compétitivité dans un contexte où de nouveaux métiers émergent, l’entreprise doit s’appuyer sur des compétences créatrices de valeur et innovantes. Pour la majorité des dirigeants, il ne s'agit plus de recruter simplement pour recruter, mais de dénicher la perle rare. «Des profils qui ont la capacité de s'adapter rapidement aux exigences du marché. Des profils qui présentent des atouts tels que la compétence, la flexibilité, l'attitude d’adaptation, l'enthousiasme, la volonté d’évoluer. En un mot l’expérience et de préférence qu’elle soit pratique et enrichissante», comme en témoigne la majorité des responsables en recrutement. Devant cet état de fait, de plus en plus de jeunes aspirent à compléter leur CV par une expérience à l’étranger dans le but de renforcer leurs chances devant les recruteurs. Mais la question qui se pose est de savoir si cette expérience professionnelle à l’international offre plus d’opportunités d’emploi. Pour tenter de donner des éléments de réponse, «Éco-Emploi» a réalisé un petit sondage auprès de responsables RH et de chasseurs de têtes. Il en ressort de manière générale qu’une expérience professionnelle à l’étranger est certainement un plus du fait qu’elle contribue à forger des qualités managériales appréciables, mais elle reste conditionnée par certains critères de performance.

Du côté des recruteurs, un premier constat est à retenir : un candidat avec une expérience à l’étranger représente bien des qualités supplémentaires à condition de les démontrer. Ainsi, pour Ali Serhani, directeur associé Gesper Service, une expérience à l’international convaincante est le meilleur gage pour gravir les échelons de l’emploi dans n’importe quel pays. Sortir de sa zone de confort est le premier pas vers une vie professionnelle riche en enseignements. Même son de cloche auprès de Khadija Boughaba, consultante et directrice du cabinet Invest RH, qui indique que «sur le plan personnel, une personne qui dispose d'une expérience à l'étranger a eu l'occasion de développer des capacités d'adaptation, une ouverture d'esprit, une curiosité sur son environnement. Ces qualités représentent un atout fort et valorisent une candidature». L’experte s'est, toutefois, interrogée sur les conditions de cette expérience. Tout cela pour dire qu’il ne suffit pas d’avoir une expérience à l’international, l’important étant de bien valoriser cet acquis. Mehdi El Yousfi, DGA de Diorh, croit lui aussi à l’importance de démarrer une carrière à l’étranger et surtout au sein d’une structure à forte notoriété, dotée d’un processus structuré d’intégration des jeunes diplômés. «Une primo expérience à l’étranger est fortement appréciée des employeurs marocains, qui y voient certainement un gage de sérieux et d’apprentissage professionnel robuste», déclare-t-il en mettant l’accent sur l’importance de cette expérience par rapport à certains secteurs notamment les finances et la fiscalité. Seul bémol : ce candidat acceptera-t-il les conditions salariales locales, forcément moins attractives, même ramenées au pouvoir d’achat local, que celles offertes parfois à l’étranger ? s’interroge l’expert.

Côté pratiques en entreprise, Lamyae Nassir, responsable formation Mediterranean Information and Technologies chez IBM Company, fait remarquer que les compétences acquises à l’étranger permettent aux candidats de proposer leur savoir-faire concernant les nouvelles techniques et méthodes de travail.
Un autre atout considérable mis en avant par les professionnels est celui lié à la maitrise de la langue. Comme le souligne le directeur fondateur de Stagiaires.ma, Youssef El Hammal, «la meilleure façon d’apprendre une langue étrangère ou de perfectionner votre niveau est l’immersion pendant quelques mois dans un pays étranger. Grâce à une telle expérience, vous allez apprendre les subtilités de la langue dans son utilisation liée à sa pratique en milieu professionnel». Cette maitrise est aujourd’hui un avantage indéniable pour gagner la confiance des recruteurs ou des entreprises, tous secteurs confondus.
L’ambition d’avoir une expérience professionnelle à l’étranger est en tout cas très présente du côté des étudiants, que ce soit pour ceux qui font des études au Maroc ou à l’étranger.

Comme le note Salah Eddine Ouadia, futur diplômé de HEC Paris et responsable du Forum Horizons Maroc, «la grandeur de l’enjeu se vérifie empiriquement sur le terrain. Les derniers chiffres du Haut Commissariat au Plan de 2004 indiquaient déjà que plus de 23.000 Marocains retournent au bercail après une expérience à l’international. Gage de compétences et catalyseur de carrières, une expérience à l’étranger n’est plus une exception, elle est devenue une norme».

La majorité des recruteurs l’atteste : une expérience à l’international valorise une candidature. Encore faut-il savoir vendre cette compétence. Comme l’explique Said Rezeg, consultant Bilan et évolution professionnelle, «le retour au bercail n’est jamais sans encombre lorsque l’on se replonge dans le marché du travail que l’on a quitté il y a plusieurs années. Si cette expérience acquise à l’étranger n’est pas valorisée en termes de compétences et/ou de savoir-faire développés au cours de son parcours personnel, le candidat risque de se retrouver dans les statistiques indiquant qu’une personne sur deux repart après avoir “goûté” à l’international». Raison pour laquelle Rezeg recommande de prendre du recul et de faire le point sur toutes les nouvelles aptitudes acquises. Autre point important mis en évidence : l'expatriation doit s'inscrire dans un projet professionnel en rapport avec l'international. Réussir à lier son expérience à l'étranger et son activité au Maroc est la pierre angulaire de la valorisation de l'expatriation sur le long terme, conclut-il.
En effet, aussi pertinente que soit l’expérience à l’étranger, celle-ci ne pourra être prise en considération que si elle est valorisée. Un bon CV fera l’affaire à condition de mentionner clairement les compétences et les expériences acquises, l’esprit d’adaptabilité, de curiosité, d’autonomie ainsi que les apprentissages linguistiques. Autre avantage et non des moindres : faire son bilan de compétences.
Au final, «ce qui intéresse l'employeur c’est d'avoir des réponses à des questions telles que : “cette expérience a été concluante pour le candidat ? Comment l'a-t-il vécue ? Est-ce qu'il a relevé de véritables challenges ? A-t-il bien intégré le changement du nouvel environnement ? A-t-il eu une expérience structurante pour développer de nouvelles compétences ? Quelles ont été ses motivations réelles : matérielles, défis...? », résume Boughaba. Des questions qui reviennent très souvent lors des entretiens d'embauche. 


Ali Serhani, directeur associé Gesper Service

«L’expérience à l’international permet d’avoir une vue d’ensemble sur le marché local ou régional. Elle permet d’avoir une ouverture d’esprit surtout pour ceux qui pensent avoir tout gagné juste parce qu’ils ont un bon diplôme ou un excellent cursus académique. C’est là où ils comprennent que les études ne sont qu’une clé pour ouvrir une grande porte, celle de l’expérience réelle de la vie professionnelle, mais avec une touche internationale qui dans tous les cas est très enrichissante. L’expérience à l’international, quand elle a été probante, permet d’être prédisposé à relever les challenges surtout si l’expérience était dans un pays ou le business est très difficile et/ou il fallait gérer de manière éthique et professionnelle des situations pas toujours orthodoxes.
L’expérience à l’international permet également d’être familiarisé avec d’autres cultures et donc comprendre la gestion de la diversité et le management interculturel. Grâce à ce type d’expérience, le candidat démontre qu’il n’a aucun problème à sortir de sa “zone de confort” et qu’il peut s’adapter à d’autres situations et à d’autres cultures. Autre élément essentiel : les langues. À part l’anglais, qui reste la langue numéro 1, parler d’autres langues vous ouvre d’autres pers pectives. Enfin, les réseaux. Un réseau à l’international, c’est un carnet d’adresses très utile pour toute votre carrière professionnelle.
Un avantage qui n’a pas de prix !». 

N.M.


Mehdi El Yousfi, DGA du cabinet Diorh

«Cette question peut se poser à différents moments d’une carrière : le premier moment concerne évidemment le démarrage de sa vie professionnelle à l’issue de l’obtention de son diplôme. Les jeunes diplômés ayant fait leurs études supérieures à l’étranger ou ayant complété une formation locale par un diplôme complémentaire à l’étranger sont amenés à se poser la question d’un retour immédiat au pays ou d’un retour différé précédé d’une primo expérience à l’étranger. Il est indéniable que démarrer sa carrière à l’étranger, qui plus est dans une structure à forte notoriété, dotée d’un processus structuré d’intégration et jouant à ce titre un rôle “d’école”, constitue un vrai plus. D’autant qu’un retour rapide au Maroc peut souvent générer quelques désillusions, du fait notamment d’un accès au marché de l’emploi relativement difficile, car incapable d’absorber rapidement l’afflux de jeunes diplômés, quelles que soient la qualité et la notoriété de leur diplôme. Le deuxième moment concerne les opportunités de mobilité à l’étranger au cours d’une carrière professionnelle démarrée au Maroc. S’il est évidemment tout à fait possible et fréquent de réussir sa carrière au Maroc, une expatriation constitue dans certains cas un passage obligé pour accélérer sa carrière. Ainsi en est-il des grandes structures marocaines ayant opté pour la voie de l’expansion multinationale, notamment en direction de l’Afrique. Ces mobilités constituent de véritables accélérateurs de carrière, et constituent presque un prérequis pour occuper à terme une fonction de membre de comité de direction du groupe. L’autre cas concerne les filiales marocaines de multinationales étrangères, qui peuvent offrir à partir du Maroc des opportunités d’expatriation accélératrice. L’expérience internationale constitue dans certains cas également (infrastructures, industrie…) un prérequis important pour accéder à certaines fonctions, du fait notamment du rôle croissant des investisseurs internationaux dans la création d’emploi au Maroc, et qui conditionnent nombre de leurs recrutements au prérequis de l’expérience étrangère, jugée nécessaire pour prendre en charge certains projets stratégiques où la maîtrise de l’anglais, l’expérience d’environnements multiculturels et la conduite de projets de forte ampleur sont indispensables. En somme, dans un contexte d’ouverture croissante de notre économie, l’expérience acquise à l’étranger est véritablement un accélérateur pour l’emploi». 

N.M.


Ismail Belabess, consultant RH, associé MCBI Conseil

«Sous l’effet de la mondialisation de l’économie, l’expatriation est devenue non seulement un enjeu majeur pour les entreprises qui sont amenées à exercer une partie de leur activité en dehors du territoire national, mais également du côté des salariés, pour qui une expérience à l’étranger devient une étape incontournable dans leur carrière. Selon les cas, il sera important d'évaluer le moment le plus propice pour partir. Aucune règle n’existe : tout dépend de la situation de chacun. Cependant, partir durant les premières années de sa carrière accélère considérablement la possibilité d’accéder à des postes à hautes responsabilités. L’expatriation pour certains groupes internationaux est un passage obligatoire afin de pouvoir progresser professionnellement. Enfin, quand faut-il réfléchir au retour ? Ce dernier est parfois programmé avant même l'expatriation. Au niveau professionnel, cela passe essentiellement par un emploi sûr. Pour cela, il est important tout au long de son expatriation d’entretenir son réseau dans son pays d’origine afin d’être au fait des nouvelles opportunités qui pourraient se présenter. Établir également des prises de contact avec des cabinets de recrutement peut-être un moyen pour se réintégrer dans le marché de l’emploi visé. Pour retrouver un emploi assez rapidement, il est donc important de valoriser ces compétences développées au cours de cette expérience ; non seulement vos compétences techniques propres à votre métier, mais également vos atouts linguistiques et plus particulièrement vos aptitudes personnelles. En effet, l’expatriation est perçue par les recruteurs de manière positive et ils estiment que celle-ci a développé des qualités à valeur ajoutée pour une société telles que la flexibilité, la remise en question, les capacités d’adaptation et l’ouverture d’esprit…».

S.B.


Khadija Boughaba, consultante et directrice du cabinet Invest RH 

«L'expérience acquise à l'étranger est certes un accélérateur pour l’emploi, mais cela dépend de l'expérience en question. Toujours est-il que sur le plan personnel, une personne qui dispose d'une expérience à l'étranger a eu l'occasion de développer des capacités d'adaptation, une ouverture d'esprit, une curiosité sur son environnement. Ces qualités représentent un fort atout et valorisent bien une candidature. Maintenant, reste à savoir dans quelle condition cette expérience a été acquise. S'agit-il d'un premier emploi à l'étranger
obtenu à l'issue de ses études, d'une expatriation ou d'un choix individuel en cours de carrière ? Notons que ces dernières années, et le phénomène tend à s'accentuer, la mobilité internationale se renforce et a tendance à se banaliser avec l'internationalisation des activités et des échanges commerciaux. Les jeunes de notre pays se sont révélés très ouverts à la mobilité internationale. Ce qui intéresse surtout l'employeur c'est de savoir si cette expérience a été concluante pour le candidat? Comment l'a-t-il vécu? Est-ce qu'il a relevé de véritables challenges? Quel bilan fait-il de son expérience à l'étranger et comment compte-t-il se repositionner ?... Ils sont bien appréciés et bon nombre d'entre euxréalisent de belles expériences. Pour qu'une expérience acquise à l'étranger soit un véritable accélérateur pour l'emploi, celle-ci doit être valorisée par l'intéressé lui-même que ce soit au niveau de son CV ou lors de l'entretien de recrutement». 

N.M.


Salah-Eddine Ouadia, étudiant HEC Paris -Responsable Forum Horizons Maroc

«Dans un contexte où la mondialisation ne cesse de gagner du terrain, il devient important de s’ouvrir à l’international pour mieux cerner l’environnement qui nous entoure. C’est de ce constat que nous assistons à un gain d‘intérêt pour les expériences professionnelles à l’étranger, en particulier chez les diplômés des Grandes Écoles de commerce, d’ingénieurs et d’universités. Cet état de fait est considéré par plusieurs comme un atout considérable dans la promotion de son projet de carrière. En effet, si la littérature sur le sujet considère que la volonté des compétences marocaines à se perfectionner à l’étranger peut parfois altérer leurs possibilités de retour au Maroc, il n’en demeure pas moins vrai qu’une expérience à l’international ne passe jamais inaperçue aux yeux des recruteurs et des chasseurs de têtes. Ouverture d’esprit, autonomie, adaptabilité, enrichissement culturel et progrès linguistique sont autant d’atouts à valoriser aux côtés des compétences techniques et des connaissances de marché acquises. Cependant, retirer une expérience significative nécessite en amont un travail de réflexion (sur les motivations, les destinations, le statut...) et de prospection (quel réseau pour quels débouchés et quelles compatibilités avec le marché du travail marocain…). Pour favoriser le retour des compétences marocaines, des organismes institutionnels et professionnels, mais également des associations étudiantes (à l’instar de l’Association des marocains aux Grandes Écoles), proposent services et modalités d’accompagnement pour faciliter l’insertion professionnelle après un passage à l’étranger. Dans cette optique, l’AMGE-Caravane a par exemple tenu, le 24 janvier dernier, sa XXe édition du Forum Horizons Maroc, une édition qui a connu la présence de plus de 2.000 participants venus à la rencontre d’une cinquantaine d’entreprises marocaines». 

S.B.

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