Actuellement, l’artiste peintre Abdelkébir Rabi’ expose ses œuvres récentes à la galerie So Art de Casablanca autour du thème «État d’ombre». C’est l’occasion pour les passionnés de découvrir une palette riche à plus d’un titre et une démarche artistique singulière, exigeante et poétique.
Natif de Boulemane, le 26 novembre 1944, Abdélkébir Rabi présente un parcours exemplaire fait de recherches et d’investigations, de trouvailles et d'expériences vécues en diverses périodes, qu’il réactive de manière synchronique dans l'indifférence de la linéarité temporelle. «Abdelkébir Rabi’ porte les questionnements de la vie. Sa palette hisse ses engagements. Sa gestuelle large taraude les flous. Sa mémoire retient les vérités perçues à Boulemane, dans le Moyen Atlas, où il est né et a grandi. Les satisfactions minérales inspirent désormais les puissantes orchestrations en noir et blanc qui prennent d’assaut ses toiles. C’est un questionneur infatigable de la ligne et de la tache», explique à ce propos l’artiste-peintre, historien et critique d'art, Maurice Arama.
C’est d’ailleurs la raison qui fait dire au regretté romancier et sociologue Abdelkébir Khatibi que Rabi est un parfait «arpenteur de la trace». Cette exposition met en lumière cette démarche créatrice dans sa complexité artistique et sémantique, doublée d'une quête poétique sans cesse interrogative. Une quête qui a opté pour le chemin de l'ombre comme moyen de s'approcher de la lumière. Cette intensité anéantit brutalement les nuances et les tons intermédiaires, en créant un impact puissant entre deux effets extrêmes : le clair et l’obscur. «Plus qu’une technique, plus qu’un effet, c’est un concept qui élève le principe fondamental du rapport contrasté à ce degré de puissance unique qu’avaient célébré si magistralement les maitres du passé.
Un concept immuable qui animera, indéfiniment, les passions et continuera à être cette notion essentielle et indéterminée, à laquelle aspire tout art de quête de transcendance», indique Abdelkébir Rabi’. Cela dit, et pour éviter toute méprise, ne faudrait-il pas préciser que «l’ombre et la lumière, le clair et l’obscur, qui sont des catégories de l’espace, une façon qu’a le monde extérieur de se révéler, d’être, d’offrir ses qualités, ne me concernent que d’une manière “métaphorique” ? Car la question que je me pose est, essentiellement, celle de la lumière de l’âme dans sa nuit profonde, quand la vie antérieure s’éveille pleinement à la contemplation pour s’enivrer d’émotion, de spiritualité, voire de mysticisme», ajoute-t-il.
Merveilleusement dominée par les mains de l'artiste, cette série de tableaux transperce tout amateur d’art plastique. La manière que notre peintre déploie dans la distribution des éléments rend ses œuvres très attractives. Celle-ci pourrait être comprise comme une rationalisation de l'espace : le vide et le plein.
Ses œuvres constituent une richesse qu'il convient d'apprécier avec douceur. D’ailleurs, depuis plus de quarante-huit ans, Rabi produit des expositions individuelles et participe à de nombreuses expositions et manifestations sur l'art au Maroc et à l'étranger : dans des galeries (Le Savouroux, L'Atelier, Nadar, Venise Cadre…) et dans des biennales, des instituts, des fondations, des musées (Grenoble, Paris, Bruxelles, Sao Paulo, Tunis, Barcelone, Rotterdam…). Il a réalisé des peintures monumentales pour des organismes privés et publics et son œuvre est présente dans plusieurs collections marocaines et étrangères.
