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La Banque du Japon en mode attentiste après une année mouvementée

La Banque du Japon en mode attentiste après une année mouvementée
Très sollicitée ces derniers mois, la Banque centrale peut donc souffler un peu Ph. AFP

La Banque du Japon (BoJ), sur tous les fronts cette année, a décidé mardi, pour sa dernière réunion, de laisser sa politique monétaire ultra-accommodante inchangée, aidée dans sa lutte contre la déflation par la forte baisse du yen. «Le yen, qui a un impact majeur sur la politique monétaire, s'est replié de manière notable vis-à-vis du dollar depuis la victoire de Donald Trump» et les espoirs d'un plan de relance budgétaire colossal, couplés à un resserrement de la Réserve fédérale américaine (Fed). «Il est désormais devenu extrêmement difficile de justifier un nouvel assouplissement», selon Yasunari Ueno, chef économiste de Mizuho Securities. Le dollar évolue actuellement au-dessus de 117 yens, contre un peu plus de 101 yens avant l'élection du magnat de l'immobilier.

Ce mouvement favorise les groupes exportateurs japonais, tout en renchérissant le prix des produits importés, donnant ainsi un coup de pouce à la BoJ en quête d'une inflation de 2%. «Les vents contraires qui soufflaient en première partie d'année», liés au ralentissement des marchés émergents et au Brexit, «se sont tus», s'est félicité le gouverneur, Haruhiko Kuroda, lors d'une conférence de presse. «Les taux de change sont revenus à leurs niveaux de février», a-t-il rappelé. La BoJ en a pris acte en livrant un diagnostic un peu plus optimiste, saluant «un redressement» des exportations et de la production industrielle sur fond de «reprise modérée». L'institution peut aussi se féliciter du rebond des cours du pétrole, qui devrait tirer les prix à la hausse, et d'un taux de chômage au plus bas depuis 1995, élément positif pour les salaires. Dans ce contexte, les récents indicateurs ont laissé entrevoir une petite embellie de la troisième économie mondiale. Le gouvernement a d'ailleurs relevé mardi de 0,3 point sa prévision de croissance, à 1,5%, pour l'année budgétaire d'avril 2017 à mars 2018, après 1,3% (contre 0,9%) pour l'exercice en cours.

Pas d'inflexion monétaire en vue

Se profilent, en outre, les premiers effets concrets du massif plan de soutien à l'activité dégainé l'été dernier par le Premier ministre Shinzo Abe, d'un montant de 28.000 milliards de yens (230 milliards d'euros). Très sollicitée ces derniers mois, la banque centrale peut donc souffler un peu. Conformément aux pronostics des 39 économistes interrogés par l'agence Bloomberg, ses membres ont opté pour le maintien en l'état de l'offensive monétaire destinée à stimuler le crédit, et donc l'économie. Ils ont reconduit, d'une part, les taux négatifs à -0,1%, une pénalité imposée aux banques qui déposent de l'argent dans les coffres de la BoJ, de l'autre, le massif programme de rachats d'actifs – d'environ 80.000 milliards de yens par an (655 milliards d'euros) – pour que le taux des obligations d'État à 10 ans se situe autour de zéro.

C'est une année pleine de rebondissements qui s'achève pour le gouverneur Kuroda. Démarrée par l'instauration très décriée des taux négatifs, elle s'est poursuivie par des ajustements monétaires, puis l'adoption d'un nouveau cadre stratégique, et enfin un nouveau report de l'échéance pour parvenir à 2% d'inflation. La BoJ en est très loin : les prix à la consommation ont décliné en octobre pour le huitième mois de suite, signant leur plus longue série négative depuis 2011. «Afin de toucher notre cible au plus tôt, il convient de persévérer avec notre politique monétaire ultra-souple», a insisté M. Kuroda, excluant toute perspective de normalisation. La Banque centrale doit rester sur ses gardes, confirment des analystes : le yen, valeur refuge, peut soudainement s'apprécier en cas d'inquiétudes accrues sur les marchés, par exemple si la présidence Trump déçoit ou inquiète par son protectionnisme, ou en cas de choc majeur en Europe ou ailleurs. Le gouverneur l'a redit, il est prêt à agir et à innover encore. «Je ne partage pas l'idée que les politiques monétaires accommodantes atteignent leurs limites, comme s'il y avait des murs qui se dressaient sur le chemin», a-t-il conclu. 

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