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Samedi 04 Mai 2024
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La face cachée des soldes

La période des soldes est très attendue par le consommateur marocain. Friand des bonnes affaires, celui-ci prend d’assaut les différentes enseignes pour espérer dénicher la perle rare. Y trouve-t-il toujours son compte ?

La face cachée des soldes
La période estivale a coïncidé avec la fin du Ramadan, ce qui a provoqué une forte affluence durant les soldes.

Depuis le 29 juin dernier, premier jour des soldes d’été, les affiches de promotions qui ornent les vitrines des différents commerces annonçant -20%, -30%, -50%, voire -80% de remises sur leurs articles ont fait craquer plus d’un. D’autant plus que cette année le début des soldes coïncidait avec Laylat Al Qadr, Aïd Al Fitr et les vacances d’été. En conséquence, toutes les enseignes ont été prises d’assaut par les acheteurs. «Les soldes sont la période idéale pour faire du shopping à moindre coût. Même avec un budget moyen, on peut acquérir des produits de luxe. Je fais le tour des magasins dès les premières heures des soldes pour sauter rapidement sur les bonnes affaires, car comme tout le monde le sait : premier arrivé, premier servi», explique Sara, 20 ans.
Mais pour Rachida, mère de famille, la priorité reste aux enfants. En effet, plusieurs parents ont préféré attendre ces derniers jours pour se rabattre sur les articles soldés pour refaire la garde-robe de leur bambin. «Grâce à ces soldes qui tombent cette année au bon moment, mes enfants ont chacun deux nouvelles tenues de marque à des prix plutôt corrects. Et puis avec la rentrée qui arrive, c’est faire d’une pierre deux coups», confie-t-elle. Cependant, pour dénicher la perle rare, les clients doivent s’armer de patience. En effet, à l’intérieur des boutiques, le mot d’ordre est bien souvent «désordre». «Les clients se mettent à fouiller et essayent les articles qu’ils ont choisis (parfois même dans les rayons), laissant derrière eux des montagnes de vêtements en désordre, au grand dam des employés qui doivent tout remettre en ordre», explique une vendeuse.

Un secteur mal réglementé

Les soldes fixes (janvier et juillet) sont donc un moyen de relance économique, favorisant la consommation, et commerçants et consommateurs y trouvent leur compte. Du moins en apparence… En effet, au Maroc, le secteur n’est pas vraiment réglementé.

Les soldes ne sont d’ailleurs mentionnés que dans un bref article de la loi 31-08 sur la protection du consommateur qui stipule que «le fournisseur est tenu d’indiquer dans les lieux de vente les produits ou biens sur lesquels porte la réduction de prix, le nouveau prix appliqué et l’ancien prix qui doit être barré ainsi que la durée des soldes. Aussi, l’ancien prix barré ne peut excéder le prix le plus bas effectivement pratiqué par le fournisseur pour un bien ou produit similaire dans le même établissement au cours des 30 derniers jours précédant le début des soldes. Le fournisseur peut en outre indiquer les taux de remise applicables aux produits et biens objet des soldes».

Pourtant, il faut parfois attendre d'arriver en caisse pour connaître le prix soldé. «Dans de nombreuses enseignes, l’étiquetage fait défaut. Parfois on pense qu’un produit est soldé alors qu’il ne l’est pas, d’autres fois c’est l’inverse. Et comme les gens ont attendu un bon moment avant de passer en caisse, nombre d’entre eux hésitent entre prendre le vêtement ou le laisser et s'en aller. D’autres payent le prix fort. Je pense que de grands magasins jouent là-dessus pour se remplir les poches», affirme un client. D’autre part, certains clients pensent qu’il ne s’agit pas de «vraies» soldes. «Quand on voit un t-shirt soldé à 100 DH, peut-on considérer cela comme un rabais, alors qu’à l’étranger il ne vaut que 2 à 5 euros ? Pareil pour les jeans qu’on peut trouver à 10 euros en France par exemple et qui avoisine ici les 200 DH, voire 300 dans certaines enseignes», déplore une acheteuse.

À noter également, que le document officiel stipule qu'un magasin doit «mentionner la date de début de l’opération et la nature des biens ou produits sur lesquels porte l’opération». Ce qui, dans les faits, n’est pas toujours respecté. Résultat : certains utilisent le terme «soldes» ou «promotion» comme une astuce pour attirer des clients tout le long de l’année, ce qui est totalement illégal.

«Il est vrai que les soldes sont organisées normalement, en janvier et en juillet. Mais comme il nous arrive souvent de vendre à perte, nous faisons des promotions pendant plusieurs mois de l’année pour liquider les stocks et mettre en avant la nouvelle collection», indique un commerçant à Derb Omar.
Par contre, rien dans le document officiel du ministère de l’Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique ne réglemente la nature des produits destinés à la vente. Parmi les nombreux témoignages recueillis, beaucoup de clients se plaignent en effet de trouver en présentoir des vêtements sales, avec des boutons manquants ou carrément déchirés.

«Lorsque je l’ai signalé à la vendeuse, elle m’a pris le vêtement des mains, a fait mine d’être étonnée, puis l’a remis discrètement en rayon», affirme une cliente.
Par ailleurs, il n’est pas rare non plus que certains produits en promotion viennent des soldes précédentes, sur d'anciennes collections. «J’ai trouvé en solde cette année un t-shirt que j’ai dans ma penderie depuis 2 ans !» indique une étrangère, avant de poursuivre : «En France, j’ai l’habitude de faire du repérage avant les soldes sur certains vêtements. Comme ça, le premier jour de des soles, je sais quoi prendre. Mais ici, impossible. Ils nous présentent d’anciens vêtements et les articles de la précédente collection sont portés disparus». 

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