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La scène musicale marocaine en deuil

La scène musicale et artistique marocaine est en deuil. Saïd Chraïbi n’est plus. Le grand maître de luth (oud) a rendu l’âme jeudi matin à Casablanca à l’âge de 65 ans, des suites d’une longue maladie. Tout le monde pleure la perte d’un grand musicien et d’un homme plein d’humanisme et d’humilité.

La scène musicale marocaine en deuil
Le défunt Saïd Chraïbi.

Un autre grand homme de la culture, après son ami Tayeb Seddiki, sera inhumé aujourd’hui en présence de son large public et ses nombreux fans, puis sa proche famille, notamment son frère Rachid qui l’estimait et le chérissait tant. Il en était très fier. Toujours présent à ses concerts en compagnie de son épouse Zineb et ses enfants pour l’encourager et recevoir avec plaisir les félicitations du public.

Ce même frère a été, constamment, à ses côtés, surtout durant les périodes où il avait problèmes de santé. Aujourd’hui, il semble avoir perdu une partie de lui-même. Effectivement, c’est le cas non seulement de Rachid Chraïbi, mais aussi de son pays, le Maroc, que le défunt honorait merveilleusement à l’étranger, comme ambassadeur de paix, de dialogue musical et de fraternité entre les peuples. Durant son parcours éloquent, où il a joué aux côtés de célèbres instrumentistes du monde, Saïd Chraïbi a toujours suscité la joie et le bonheur à chaque fois qu’il s’est produit, que ce soit devant son public marocain ou sous d'autres cieux. Et ce, à travers ses belles mélodies, composées par lui et interprétées avec une virtuosité unique, une touche personnelle et des sensations d’un grand maitre qui s’approprie son instrument comme une partie de lui-même. Son immense répertoire compte plus de 500 œuvres, dont des compositions pour des stars de la chanson marocaine, à savoir Samira Ben Saïd, Abdelhadi Belkhayat, Naïma Samih et Karima Skalli. Comme il a joué un rôle important dans l'évolution de la lutherie marocaine et arabe, en inventant des Oud Bass, Soprano et Sopranino.

Avec ses vastes connaissances des maqâms arabes, turcs et perses et sa technique spéciale de jeu, il pu avoir plusieurs Distinctions et Prix prestigieux, entre autres le «Plectre d'or» et le «Prix du luth à Bagdad» (1986), le Prix du Festival de la musique gharnatie à Oujda (1992), le Prix du mérite de l'Opéra du Caire (1994), le Prix de la chanson arabe (1998), le titre du meilleur luthiste en Suède et de la meilleure musique de film pour «Al Yacout», le «Ziryab des virtuoses» parrainé par l'Unesco (2002), que le maitre Saïd Chraïbi a été le premier à recevoir. Et pour cause, comme l’avait souligné l’artiste Hassan Mégri (président du Comité national de la musique) à la presse marocaine : «Si on n’avait pas un Saïd Chraïbi au Maroc, je n’aurais jamais pensé à créer le trophée “Ziryab des virtuoses”. C’est son jeu et sa grandeur musicale qui m’ont inspiré ce Prix et incité à demander qu’il soit parrainé par le Conseil international de la musique, partenaire officiel de l’Unesco».
En effet, c’était une vraie icône qui dégageait le respect et énormément de grâce. Tous ceux qui l’ont côtoyé ne pouvaient rester indifférents à sa sympathie et son attirance. Il avait beaucoup de qualités humaines que nul ne peut ignorer. 


Témoignage de Mohamed Amine Sbihi, ministre de la Culture

«Le Maroc a perdu l’un des grands noms de la culture et des arts»

«Le Maroc a perdu l’un des grands noms de la culture et des arts, le virtuose Saïd Chraïbi qui a fortement contribué, avec passion et créativité, à enrichir le répertoire de la musique marocaine. Son engouement pour le luth a fait de lui un célèbre luthiste reconnu au Maroc et à l’étranger. Sa passion l’a motivé à participer à la mise en valeur de notre patrimoine et d'autres musiques traditionnelles, notamment turques et perses. Ses recherches musicales ont donné lieu à de belles compositions qui ont été chantées par des artistes marocains de renom. Comme il a reçu beaucoup de décorations, dont la dernière en date est celle de S.M. le Roi Mohammed VI, à l’occasion de la Marche Verte. À sa famille, ses proches et ses fans, le ministère de la Culture présente ses sincères condoléances».

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