Les professionnels marocains et espagnols de la pêche, réunis à Tanger en début de semaine, relèvent que les stocks de pêche dans la région de la Méditerranée sont menacés. La surpêche arrive en tête des menaces qui pèsent sur la disponibilité de la ressource en Méditerranée. Le Maroc n'échappe pas à ce phénomène. Lors du Forum de la mer d'El Jadida, du 4 au 8 mai 2016, Saâd Belghazi, consultant auprès de la Banque mondiale, qui avait estimé à 589 millions de DH le manque à gagner annuel en raison de la dégradation du littoral marocain, avait également souligné que si la sardine ne subit pas de pression en Atlantique, en revanche, en Méditerranée, la pêche de cette espèce est de 35% supérieur au volume autorisé par le Royaume «d’où la difficulté à préserver la ressource». Saâd Belghazi cite également le cas du poulpe et du merlu également surpêchés à hauteur, respectivement, de 45 et 81% du volume autorisé. Ce constat est également valable pour d'autres espèces méditerranéennes.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pointe l’utilisation de chaluts
qui «n'est pas une technique sélective» et dont l'utilisation est à l'origine du risque de la perte de «près de la moitié des espèces de requins et de raies en Méditerranée, mer qui représente 9% de la biodiversité marine». Le phénomène de la surpêche est aggravé par les effets des changements climatiques en Méditerranée où les simulations mettent en évidence un réchauffement de 2 à 4 °C des eaux de surface d’ici à la fin du siècle». Cette fourchette de réchauffement est loin de celle établie par l'Accord de Paris qui fixe le réchauffement entre 1,5 et 2 °C.
En 2014, les chercheurs de l’Institut de recherche en développement d’Aix-Marseille (France), de l’Université de Montpellier, du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et de Météo France ont abouti à la conclusion suivante : «le changement climatique affecterait le degré de connectivité des populations de poissons de Méditerranée».
Autrement dit, les larves de poissons ne se déplaceraient plus aisément entre les différentes zones d’habitat. Ce phénomène affecte négativement de 3% le stock disponible à la pêche. Last but not least, les pêcheurs du dimanche ont aussi leur part de responsabilité. En janvier 2015, une étude sur le sujet paru dans «Reviews in Fisheries Science & Aquaculture» a analysé les résultats de 24 travaux réalisés sur 15 zones marines au large de l’Espagne, de la France, de l’Italie et de la Turquie portant sur les différentes pratiques de pêche récréative. La conclusion est édifiante : «la pêche récréative représente entre 10 et 50% des captures de la pêche industrielle».