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Le calvaire des transports durant le Ramadan

Embouteillages, klaxons, stress, irritabilité, bagarres, accidents... tel est le quotidien des usagers durant ce mois sacré. Aucun moyen de transport n'est épargné.

Le calvaire des transports durant le Ramadan
Durant le Ramadan, les esprits sont échauffés et le Code de la route encore moins respecté.

Qui n'a pas fait l'expérience des bouchons durant le mois du Ramadan. Les horaires, pourtant aménagés durant cette période pour faciliter le quotidien du jeûneur, ne sont en fait pas si bénéfiques que cela. En effet, alors qu'en temps normal les gens sortent du travail entre 16 h et 19 h, durant le mois du Ramadan la plupart des sociétés et administrations optent pour le créneau 9 h-15 h. Ce qui crée un mouvement de foule inévitable, chacun étant pressé de regagner son foyer le plus vite possible. Une situation qui crée bien des tensions au niveau de la circulation. Aucun moyen de transport n'est épargné. Sauf peut-être le piéton, et encore...
Que ce soit pour rendre visite à sa famille ou partir en vacances, le train fait partie des moyens de transport les plus prisés durant la période ramadanesque. Mais le mois sacré, coïncidant cette année avec le début des vacances scolaires, il va à nouveau falloir s'armer de patience pour voyager dans les meilleures conditions.

«Les trains ont presque toujours du retard en temps normal, alors durant les périodes de fêtes, je ne m'y aventurerais pas», râle un habitué. L’ONCF (Office national des chemins de fer), de son côté, rappelle qu’il est primordial d'emprunter les trains indiqués sur les billets. En effet, il arrive que certains passagers ne respectent pas le numéro de train leur étant assigné. «Beaucoup de passagers se plaignent de voyager debout. Mais ils ne prennent pas le bon train. Si on leur donne un billet pour le suivant, c’est parce que celui qui arrive est plein. Et quand ils arrivent à prendre place dans le wagon, ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’ils sont assis à la place d’un autre passager qui, lui, a le bon billet et ne devrait, pas voyager debout…», indique un guichetier. À noter que certains passagers préfèrent opter pour la première classe. «Pour 20 à 30 DH de plus, je préfère prendre un billet en première classe. Mais je comprends que tout le monde ne puisse pas se le permettre», indique une mère de famille. Les usagers du tramway ne sont pas épargnés. Sarah qui avait l'habitude de prendre le tramway à 8 h 30 est obligée d'attendre 1 h que la situation se décante. «Aujourd'hui, j'ai dû laisser passer 4 trams pour pouvoir voyager dans de bonnes conditions. Ce n'est pas un caprice, personne ne pouvait plus monter dans les wagons. On aurait dit le métro japonnais !» indique la jeune femme qui se demande pourquoi le trafic n'est pas renforcé durant cette période. «Au lieu de programmer un tramway toutes les 15 minutes, il faudrait réduire les intervalles à 5 minutes ou moins».

Du côté des automobilistes, la tension est à son paroxysme. Entre ceux qui, guidés par leur estomac, stationnent tous les 100 m en deuxième, voire troisième file à la vue d'un étalage de fruits ou de gâteaux judicieusement installé en plein boulevard par les vendeurs et ceux qui frôlent l'accident à chaque croisement, la police aurait bien du pain sur la planche.

Même constat pour les chauffeurs de taxi qui sont généralement bondés. Paradoxalement, il n'est pas rare que certains refusent de vous prendre. «La plupart des chauffeurs préfèrent travailler après le ftour. La circulation est plus fluide et c'est tarif de nuit !» explique un client. En conséquence, il faut jouer des coudes pour attraper un taxi et fermer les yeux sur ses itinéraires et tarifs improvisés si l'on souhaite arriver chez soi avant le ftour.
À Casablanca, les autobus assurent près de 15% des déplacements au sein de la ville. Mais la situation actuelle laisse beaucoup à désirer : bus en très mauvais état, horaires rarement respectés, temps de déplacement trop long, insécurité, stationnement en dehors des arrêts de bus… De même, il n'est pas rare que les chauffeurs se sentent invincibles au volant de leur engin et malheur au petit automobiliste qui croiserait son chemin. Le problème, c’est que chacun de nous considère que l’espace public fait partie de son espace privé, d'où l'hostilité à l'égard des autres chaque fois qu'on considère que cet espace est envahi. En conséquence, les accidents sur la voie publique sont très fréquents durant cette période. «En effet, nous recevons assez souvent des personnes victimes d’un conducteur qui n’a pas été assez vigilant (diminution des réflexes induite par le jeûne) ou était trop pressé de regagner son foyer en omettant le respect du Code de la route», conclut finalement le Pr Khalid Yaqini, exerçant au CHU Ibn Rochd de Casablanca.

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