Que ce soit au Japon ou dans la zone euro, l’inflation et la croissance évoluent en dessous des attentes. Une mauvaise performance qui intervient malgré les trésors d’imagination déployés par les banques centrales. «Pire, les effets négatifs s’accentuent, entre distorsions sur les marchés et déstabilisation du secteur financier», indique l’AFP. Aux États-Unis, c'est aussi un casse-tête pour la Réserve fédérale américaine (Fed), qui redouble de prudence par peur de faire dérailler la reprise en augmentant trop vite ses taux d'intérêt. «Relever les taux ou réduire les achats d'actifs pourrait ralentir l'économie mondiale, voire causer la prochaine récession», souligne David Lafferty, analyste chez Natixis Global Asset Management, dans une note citée par l'agence Bloomberg News, rapporte l’agence tricolore. Mais dans le même temps, «les banques centrales ont atteint un moment charnière où les effets secondaires négatifs de leur politique non conventionnelle semblent prendre le pas sur des bénéfices toujours plus maigres».
Face à ce dilemme, la BoJ a répondu mercredi en innovant : elle va désormais cibler les obligations à 10 ans, dans le but de prévenir une baisse trop forte de leur rendement qui mine les banques et, plus largement, la confiance des consommateurs. De son côté, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait bientôt manquer de titres. Dans l'environnement actuel, «elle rencontrera de sévères difficultés pour atteindre son objectif mensuel de 80 milliards d'euros pour l'ensemble des achats avant la fin de l'année», estime Carsten Brzeski, analyste chez ING Diba, citée par l’AFP. Elle s'assure en même temps une plus grande flexibilité dans ses rachats d'actifs, un impératif alors qu'elle détient déjà plus de 30% de la dette publique du pays. En agissant de la sorte, BoJ comme BCE s'aventurent toujours plus loin dans l'inconnu, comme s'il était impossible pour elles de faire marche arrière face à des marchés financiers habitués à être abreuvés de liquidités. Et le scepticisme grandit.
