La part du Maroc sur le marché européen du jeans n’en finit pas de rétrécir comme une peau de chagrin. Entre 2006 et 2015, les exportations de ce produit vers l’Union européenne (UE) se sont, en effet, repliées de 3,5% en quantité et de 1,2% en valeur. De ce fait, le Maroc ne détient plus en 2015 qu’une petite part de 3% de ce marché juteux, selon des données révélées par Jean-François Limantour, président du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants textile-habillement (CEDITH) et de l’Association sectorielle Evalliance. Le pays s’est ainsi retrouvé au septième rang des fournisseurs des pays européens, avec un volume d’exportations évalué à 10,25 millions de pantalons pour une valeur de 133,19 millions d'euros. Soit loin derrière le Bangladesh qui accapare un quart des flux de jeans vers l’UE, la Turquie (20%), le Pakistan (16%), la Chine (15%), la Tunisie (7%) ou encore le Cambodge (4%).
Une perte de terrain sur ce marché d’autant plus malvenue que celui-ci est «particulièrement dynamique», relève Jean-François Limantour. Et ce, explique-t-il, concernant toutes les classes et tous les âges, les hommes et les femmes, des enfants jusqu’aux seniors, des actifs aux retraités, des ouvriers aux cadres. «Porté aussi bien en été qu’en hiver, en toutes occasions et pour tous usages, le jeans est aujourd’hui un élément incontournable de l’habillement des Européens», souligne cet expert en textile.
Ainsi, 535 millions de jeans en denim ont été importés par l’Union européenne en 2015, destinés à ses 508 millions de consommateurs. La consommation européenne de jeans est donc à plus de 90% satisfaite par les fournisseurs hors UE. Entre 2004 et 2015, les importations européennes de jeans ont progressé au rythme annuel moyen de 8,7%, soit deux fois plus vite que celles des autres vêtements (+4,4% l’an). Les achats de jeans se substituent donc progressivement à ceux des pantalons classiques, des robes et des jupes, conclut le spécialiste.
Par ailleurs, relève Limantour, en 2015, le renchérissement du dollar par rapport à l’euro a provoqué une flambée des prix des jeans asiatiques, contrairement à ceux en provenance de la Méditerranée. Il indique aussi que l’Italie importe les jeans les plus «haut de gamme», suivie des pays nordiques, à l’inverse de la Belgique et de la France.
