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Le Maroc face aux impondérables de la nouvelle politique étrangère américaine

Mohamed Benhamou, président du Centre marocain des études stratégiques, Robert Satloff et Sarah Feuer, du Washington Institute for Near East Policy, ont livré vendredi dernier à Rabat leurs analyses de la politique étrangère du nouveau Président américain, Donald Trump, et de ses retombées potentielles sur le Maroc et la région. Compte rendu.

Le Maroc face aux impondérables de la nouvelle  politique étrangère américaine
Mohamed Benhamou a cité les atouts que le Maroc pourrait mettre en avant pour conforter sa place d‘allié incontournable des États-Unis.

Les déclarations et les programmes mis en avant lors de la campagne électorale du candidat élu, Donald Trump, ont été analysés et disséqués lors du «Forum des politiques spéciales» organisé, vendredi 9 décembre à Rabat, par le Centre marocain des études stratégiques (CMES). Cette rencontre, qui a eu lieu en partenariat avec le Washington Institute for Near East Policy (WINEP), avait pour thème «le Président Trump, le Maroc et le Moyen-Orient : défis et opportunités».

Selon Mohamed Benhamou, président du CMES, pour la première fois on assiste à un débat sous forme d’une table regroupant des analystes sur le sujet. Ainsi, l’expert américain, Robert Satloff, directeur exécutif du WINEP, Mohamed Benhamou et Sarah Feuer, spécialiste de l’Afrique du Nord au Washington Institute, se sont relayés pour analyser et commenter la politique étrangère des États-Unis vis-à-vis du Maroc, de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Les débats, qui ont duré plus de deux heures, ont été modérés par l’universitaire Zakaria Aboudahab.
Le directeur exécutif du WINEP, l’américain Robert Satloff, a insisté sur deux éléments importants qui vont déterminer la politique étrangère de Donald Trump. Le premier est la stabilité, «un élément qui sera l’une des priorités du nouveau Président», selon M. Satloff. Et d’ajouter que les États-Unis, sous le prochain mandat, ne vont pas se concentrer sur les politiques intérieures des pays, ce qui compte, c’est qu’il y ait de la stabilité. Il a cité à ce sujet les propos de M. Trump qui a répété lors de sa campagne électorale qu’il n’y aurait pas d’ingérence des États-Unis dans les affaires des autres pays. Le deuxième élément, c’est le souhait de ne plus «entrer dans les goulots étrangleurs ou s’immiscer dans des problèmes insolubles qui pourraient coûter des vies et de la richesse pour les États-Unis», a-t-il expliqué.

En ce qui concerne la place du Maroc dans cette politique étrangère, Robert Satloff a estimé que le Royaume peut s’inscrire dans les priorités de Donald Trump comme un des alliés futurs. «Mais c’est au Maroc de prendre cette décision». Il a expliqué dans ce sens que cela peut s’insérer dans une politique d’intérêts communs, étant donné que Trump va adopter ce que l’analyste qualifie de «politique transactionnelle» basée sur les intérêts. Il a précisé dans ce sens que le Maroc pourrait être utile aux États-Unis pour lutter contre le terrorisme, pour travailler avec l’Africom, pour empêcher l’émergence de la quatrième génération de djihadistes, pour participer à la résolution du dossier de la Palestine…

Pour sa part, Mohamed Benhamou, le président du CMES, a été très convaincant en citant les atouts que le Maroc pourrait mettre en avant pour conforter sa place d‘allié incontournable des États-Unis. Il a commencé par citer la stabilité dont jouit le Maroc dans une région bouillonnante. «La stabilité est le défi majeur au cours de la prochaine décennie où la sécurité est le maitre mot (…) Le Maroc joue son rôle face au défi sécuritaire, il est incontournable pour lutter contre le terrorisme et la criminalité transnationale... Il a une politique en matière de sécurité et une approche positive qu’il partage avec la communauté internationale», a-t-il précisé, soulignant que la nouvelle administration américaine aura besoin du Maroc pour ce dossier. Le Professeur Benhamou a également évoqué le phénomène du radicalisme et les moyens d’éviter l’émergence d’une nouvelle génération de djihadistes – il a, à ce sujet, parlé d’une cinquième génération de djihadistes. M. Benhamou s’est particulièrement alarmé du retour des combattants terroristes étrangers (CTE), notamment après les efforts déployés, les semaines dernières, pour libérer des zones qui étaient sous l’emprise de Daesh. À l’aise dans ce dossier, le spécialiste marocain a livré des chiffres sur le nombre des CTE perdus de vue en Syrie ou en Libye. En effet, il a parlé de 7.500 CTE de Daesh recensés en Libye, dont 2.500 seulement ont été éliminés. Où sont les autres ? s’est-il demandé en parlant de «terroristes sans adresse fixe». Beaucoup vont se cacher en Tunisie et au Sahel, pense-t-il. De même, l’opération militaire en Syrie cache l’existence de 45.700 CTE, dont 25.000 ont été tués et plus de 12.000 combattants disparus sans laisser de trace.

Mohamed Benhamou a ainsi souligné l’importance de la coopération à ce sujet, mais aussi concernant un autre dossier tout aussi vital : la criminalité transnationale. Il a rappelé dans ce cadre le changement des routes de la cocaïne qui transitent maintenant par l’Afrique en direction de l’Europe et des États-Unis. Il a également parlé de l’importance de la coopération pour lutter contre le trafic d’armes. Il a aussi attiré l’attention sur les efforts et l’expérience marocaine en matière de gestion du champ religieux, ainsi que sur son rôle important en Afrique où il est devenu le deuxième investisseur. Ce qui représente une opportunité pour les États-Unis pour une relation triangulaire, fait-il remarquer. Quant à Sarah Feuer, elle a focalisé son intervention sur le devenir de l’Afrique du Nord et les éventuels scénarii qui pourraient secouer la région. Dans ce cadre, elle a beaucoup insisté sur l’Algérie et les risques que pourrait générer l’après-Boutiflika, le Président algérien étant gravement malade. Cette situation est aggravée par la crise économique consécutive à la baisse des prix du pétrole. Concernant le Maroc, elle a rejoint l’analyse du professeur Benhamou en mettant l’accent sur le rôle joué par le Maroc dans la lutte contre le terrorisme et en tant que trait d’union entre l’Afrique et l’Europe. 

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