Le Maroc demeure l’un des plus gros producteurs de résine de cannabis, malgré la baisse des superficies concernées par cette culture. C’est le constat phare fait par l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) dans son rapport 2015, dont le contenu a été dévoilé, mercredi dernier à Rabat. En effet, selon l’OICS, les autorités marocaines ont déclaré 47.196 ha de cultures, soit 9,2% de moins qu’en 2012. Mieux encore, elles avancent que la superficie totale de ces cultures devrait diminuer jusqu’à atteindre 34.000 ha dans les prochaines années. Mais tout en se félicitant de cet effort, l'organe onusien souligne l'augmentation de la concentration du cannabis marocain en tétrahydrocannabinol (THC). Les efforts des autorités marocaines se font également sentir au niveau du contrôle, selon le même organisme onusien. Les autorités ont signalé une diminution notable des saisies de résine depuis 2012. Le volume des saisies est passé de 137 tonnes en 2012 à 107 tonnes en 2013, puis à 70 tonnes environ en 2014, tandis qu’il a augmenté dans d’autres pays d’Afrique du Nord.
Sur ce chapitre, l’OICS exhorte les gouvernements des pays africains à renforcer la coopération régionale et l’échange d’informations afin de déterminer les itinéraires, nouveaux ou anciens, empruntés par les trafiquants, d’accroître la sécurité dans la région et de lutter contre l’augmentation de l’abus de drogues. En ce qui concerne la prévention et le traitement, l'OICS se réjouit des progrès réalisés notamment le travail de la commission nationale des stupéfiants du Maroc. D'après le rapport, cette entité a continué de prendre des mesures en application des traités internationaux relatifs au contrôle des drogues. L'OICS a ainsi listé les actions entreprises par le Maroc au cours de ces deux dernières années. Il s'agit principalement de l'extension du plan d’action national contre la toxicomanie, via la création d'autres centres de traitement dans l’ensemble du pays, et de la mise en œuvre du plan d’action national de réduction des risques. Dans ce sens, le pays a lancé de nouveaux programmes de substitution aux opiacés. Mieux encore, le même programme a été lancé en milieu carcéral. Autre réalisation à mettre à l’actif des autorités marocaines, la publication du premier rapport de l’Observatoire national des drogues et addictions, et la réalisation de la seconde enquête nationale sur l’usage de drogues en milieu lycéen.
Les efforts ne s'arrêtent pas là. Le Royaume travaille actuellement, avec l'Organisation mondiale de la santé à l’élaboration d’une stratégie de coopération sectorielle pour la période 2016-2021. Mais malgré ses réalisations en matière de lutte contre la drogue, le Maroc reste confronté à plusieurs défis, note le rapport de l’OICS. Compte tenu de sa position géostratégique, le Royaume devient un important point de transit pour les narcotrafiquants. Outre le trafic de la cocaïne, le pays devient de plus en plus un point de passage du trafic d’héroïne, souligne Jalal Tawfik, membre de l'OICS, qui s'est chargé de la présentation du rapport. D'après cet expert, le Maroc est de plus en plus exposé aux drogues traditionnelles, en l'occurrence la cocaïne et l'héroïne. Ce constat s'explique notamment par le fait que l'Afrique reste l'une des principales zones de transit du trafic de drogues. Selon le schéma tracé par l'OICS, l’ouest de l'Afrique est régulièrement utilisé par les trafiquants pour passer de la cocaïne et d’autres drogues en contrebande vers l’Europe. L’Afrique du Nord, quant à elle, reste l’une des premières sources des drogues entrant en Europe, tandis que l’Afrique de l’Est sert de plus en plus de plaque tournante pour le trafic d’héroïne afghane à destination de l’Europe.
