Le conservateur Boïko Borissov, admirateur déclaré de la chancelière Angela Merkel, a remis sa démission lundi au Parlement bulgare, deux ans avant la fin de son mandat. Élu dimanche, le futur Chef de l’État Roumen Radev, 53 ans, s'est aussitôt engagé à «travailler en vue d'une levée des sanctions» européennes imposées à la Russie. Il s'est réjoui que le nouveau Président américain, Donald Trump, veuille favoriser le dialogue avec Moscou.
Pas en reste, le Kremlin a dit souhaiter une plus grande «coopération» avec la Bulgarie, pays «très important» en raison de ses liens historiques et culturels avec la Russie.
Avec 59,35% des suffrages, la confortable victoire de l'ancien chef de l'armée de l'air, soutenu par les socialistes (PSB, ex-communiste), a sonné comme un désaveu cinglant pour le Premier ministre au pouvoir depuis fin 2014. Sa candidate, Tsetska Tsatcheva, présidente du Parlement, n'a pas convaincu.
Elle traduit également un «contexte international qui encourage la volonté de changement», selon Parvan Simeonov, directeur de l'institut Gallup. Et de citer «l'écroulement des autorités traditionnelles en Europe occidentale» et l'élection de Donald Trump. S'y ajoute une Union européenne (UE) en plein doute sur son avenir, confrontée à une montée en puissance des courants populistes et fragilisée par le Brexit. Plusieurs mois d'incertitudes attendent la Bulgarie où des législatives anticipées devraient être organisées au plus tôt en mars, après une période de gouvernement intérimaire.
Dans le système parlementaire bulgare, le gouvernement définit la politique générale, y compris sur le plan international, même si le Président est le chef des armées et représente son pays à l'étranger.
Pendant son mandat, Boïko Borissov a revendiqué un «pragmatisme» vis-à-vis de Moscou. Certes, il a interdit, il y a un an, le survol de la Bulgarie par des avions russes à destination de la Syrie et cherché à diversifier les sources d'approvisionnement en gaz de son pays, dépendant de la Russie dans ce domaine. Son prédécesseur avait bloqué, sous pression de l'UE, le projet russe de gazoduc South Stream via la mer Noire.
Mais Sofia soigne aussi l'accueil des hordes de touristes russes sur les côtes bulgares. M. Borissov a également défendu «l'amitié historique avec la Russie» cultivée depuis que Moscou a mis fin en 1878 à un demi-millénaire de domination ottomane de la Bulgarie.
Près d'un quart du PIB (produit intérieur brut) bulgare est lié aux intérêts russes, constatait dans une récente étude l'institut de recherche américain Center for Strategic and International Studies (CSIS), concluant que ce poids économique influe sur les positions de nombreux responsables politiques.
