Le Conseil du gouvernement, réuni vendredi à Rabat, a adopté le projet de décret 2-15-770, fixant les conditions et les modalités de recrutement par contrat au sein des administrations publiques. Selon le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, lors d'un point de presse à l'issue du Conseil, ce projet vise à fixer les conditions et les modalités de recrutement par contrat au sein des administrations publiques, si la nécessité de service l'oblige, sans impliquer la titularisation des agents contractuels dans les cadres de l'administration, comme stipulé dans l’article 6 bis du Dahir 1.58.008 du 4 chaabane 1377 (24 février 1958) portant statut général de la fonction publique tel qu'il a été modifié et complété par la loi 50.05.
Prévus pour une durée maximale de deux ans, renouvelable une seule fois, les nouveaux contrats devraient concerner des candidats justifiant d’une expérience professionnelle d’au moins 10 ans dans les secteurs public ou privé. N’étant pas soumis aux obligations des concours de recrutement, les candidats seront sélectionnés sur dossier et passeront un entretien oral mené par une commission du département concerné. S’agissant de la rémunération de ces nouveaux profils de l’administration publique, le décret la fixe à 50.000 dirhams au moment où aucune administration ne sera autorisée à recruter plus de 12 agents contractuels.
Le nouveau décret prévoit également l’introduction du travail contractuel en ce qui concerne l’exécution de certaines tâches temporaires telles que le jardinage ou le gardiennage. Ces contractuels bénéficieront de contrat de durée plus longue et de possibilité de passerelle vers la fonction publique après l’organisation de concours. Avant même l’adoption de ce texte, la réaction des syndicats ne s’est pas fait attendre. Il y a deux semaines, alors que le projet était encore en examen au Conseil de gouvernement, l'Union marocaine du travail (UMT) s’est fendue d’un communiqué virulent, dénonçant avec fermeté la démarche du ministère de la Modernisation de l’administration. Selon le syndicat de Miloudi Moukharik, ce décret «fragilisera l'emploi au sein de la fonction publique, divisera les rangs du personnel entre fonctionnaires à durée indéterminée et temporaire», et ouvrira la voie à «la consécration du népotisme et du favoritisme dans la fonction publique».
Même son de cloche chez la Confédération démocratique du travail (CDT). Allal Belarbi, membre du bureau exécutif, avait exprimé au «Matin» son opposition à ce projet qui «menace les acquis des travailleurs marocains». Dénonçant une politique gouvernementale hostile au «service public», le syndicaliste a souligné que tous les arguments avancés par les promoteurs de ce projet ne sont pas fondés. «Ils prétendent avoir besoin de nouvelles compétences, alors que l’administration marocaine regorgent de cadres compétents et dans toutes les disciplines». Quant à la Fédération démocratique du travail (FDT), elle avait déploré une décision unilatérale qui aurait «un effet néfaste sur la fonction publique». Chauffés à blanc par le blocage du dialogue social et par le projet gouvernemental relatif à la réforme des retraites, les syndicats auront du mal à justifier devant leurs bases cette nouvelle mesure de l’exécutif. Les prochaines semaines s’annoncent chaudes, d’autant que les élections législatives se profilent déjà à l’horizon.
