Décidément, le projet de loi portant création du Conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associative, adopté en Conseil de gouvernement le 30 juin dernier, déplait aux jeunes, membres du Forum méditerranéen de la jeunesse-Maroc (FOMEJE). Selon eux, c’est la montagne qui accouche d’une souris. «Le projet de loi est une coquille vide», c’est le principal constat qui ressort du débat initié, mardi dernier, par le bureau national du FOMEJE-Maroc. Les participants à cette rencontre interactive ont affirmé de manière unanime que le texte élaboré par le gouvernement ne constituait pas une avancée majeure pour l’inclusion des jeunes. «Il s’agit d’un retour en arrière par rapport au Conseil national de la jeunesse et de l’avenir», souligne Mustapha Benrahou, spécialiste dans les affaires de la jeunesse. Yassine Ayssbouya, coordinateur général du FOMEJE, également spécialiste de la question de la jeunesse et de la société civile, a déploré le contenu du projet de loi. Selon lui, «le texte tel qu’il a été élaboré et adopté en Conseil de gouvernement a porté atteinte au document de la commission scientifique qui a travaillé sur la question, à la consultation publique et à la démocratie participative».
Le gouvernement n’a pas pris en considération les remarques et observations formulées au sujet de ce texte. Dans le détail, les participants fustigent la mouture actuelle du projet de loi gouvernemental. Car selon eux, elle ne répond guère aux attentes de la jeunesse marocaine. Le texte a été également qualifié de «flou et d’ambigu», notamment en ce qui concerne la dénomination. «Celle-ci est en recul par rapport à la dénomination de l’ancien Conseil», a estimé un universitaire. Et de préciser qu’elle établit une relation de subordination. En effet, la consécration de «l’action associative» au niveau de l’intitulé déplait aux jeunes et suscite l’ire des spécialistes. Pour ces derniers, «il faudra clarifier ce point», car le cumul «jeunesse et action associative» posera d’innombrables problèmes juridiques. En tous cas, les jeunes restent catégoriques. Ils veulent leur propre instance. En ce qui concerne la teneur du texte, les intervenants ont critiqué l’absence d’un préambule et d’une définition claire de certains concepts-clés, comme pour la définition d’un «jeune». Mohamed Bouden, président du Centre Atlas pour l’analyse des indicateurs politiques et institutionnels, n’a pas hésité à considérer que le texte a été fait à la va-vite. À ses yeux, les insuffisances et les lacunes sont légion.
Ce jeune dénonce la configuration du prochain Conseil, composé seulement de 24 membres, alors que le nombre des membres des autres instances constitutionnelles comme le Conseil économique, social et environnemental ou le Conseil supérieur de l'éducation est plus important, a-t-il signalé. Parmi les critiques récurrentes également, figure la présence des jeunes ayant une appartenance partisane. Ces derniers ne doivent pas être représentés au Conseil, car ils œuvrent déjà au sein des instances des partis politiques consacrées aux jeunes, ont déploré les intervenants. Le profil des membres et les compétences dévolues au Conseil ont été également mis en cause. La présence des jeunes Marocains résidant à l'étranger (MRE) n’est pas en reste. Ibtissam Azzouzi, membre du bureau national du Parti authenticité et modernité a dénoncé la sous-représentation des jeunes MRE au sein de cette future instance. La présence de seulement deux jeunes Marocains du monde est une injustice vis-à-vis d’une diaspora estimée à 6 millions. Pour le lot, les jeunes et les spécialistes ont été fermes en avançant que le texte de loi portant création du Conseil consultatif de la jeunesse et de l'action associative est en déphasage avec la dynamique enclenchée par la nouvelle Constitution. D’autant que le gouvernement vient d’adopter ce texte à quelques semaines de la clôture de cette législature.
