Les banques suisses, spécialisées dans la gestion de fortune, ont revendiqué jeudi un accès au marché sans entrave dans les pays de l'Union européenne (UE). Et ce, après l'abandon du secret bancaire sous la pression de la communauté internationale (programmé au 1er janvier 2017). L'accès au marché doit être une contrepartie à l'entrée en vigueur de l'échange automatique d'informations, qui signifie concrètement la fin du secret bancaire pour les non-résidents en Suisse, ont déclaré à Berne les responsables de deux associations de banques suisses, l'ABPS (Association de banques privées suisses) et l'ABG (Association de banques suisses de gestion), cités par l’AFP. Les deux associations représentent 37 banques, gérant 1.600 milliards de francs suisses (1.596 milliards de dollars) et employant 20.000 personnes, a déclaré Boris Collardi, président de l'ABG et, par ailleurs, directeur général de la banque Julius Baer. Quelque 40% des fonds gérés par les banques suisses appartiennent à des ressortissants de l'UE, et il est «essentiel» que le secteur, qui se considère comme une industrie d'exportation, puisse travailler «sans entrave, en particulier vers les pays de l'UE». Les banques suisses veulent «aller activement à la rencontre des clients» sur les marchés européens, selon M. Collardi, pour les convaincre de leur confier la gestion de leur argent, car ces derniers ne viendront, selon lui, plus les voir spontanément après la fin du secret bancaire.
Mais, «actuellement, les législations en vigueur dans la plupart des pays de l'UE n'offrent pas vraiment cette possibilité», a affirmé le banquier, qui craint même la mise en place de nouvelles barrières protectionnistes aux «conséquences fatales pour notre secteur», rapporte l'agence tricolore. Pour éviter une telle situation, les banques suisses veulent que Berne «essaye de conclure autant d'accords bilatéraux que possible avec les pays européens d'importance stratégique». Un accord en ce sens a été récemment signé avec l'Allemagne et des discussions sont en cours avec les Pays-Bas, l'Espagne et l'Italie. Les banquiers suisses souhaiteraient aussi à long terme un accord global sur les services financiers avec l'UE. La Suisse est la principale place de gestion de fortune transfrontalière du monde, avec une part de marché de 25%, suivie par Hong-Kong et Singapour (13%), les Iles anglo-normandes et Dublin, les Caraïbes et Panama, la Grande-Bretagne, les États-Unis et le Luxembourg.
