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Les libraires et les vendeurs d'anciens manuels scolaires scrutent déjà l'horizon

Alors que la saison estivale touche à sa fin, les préparatifs vont bon train chez les libraires et les vendeurs d’anciens manuels scolaires qui s’activent dans l’objectif de réunir les conditions idoines pour une rentrée scolaire qu’ils espèrent prometteuse.

Les libraires et les vendeurs d'anciens manuels scolaires scrutent déjà l'horizon
Les bouquinistes, qui animent le marché des livres anciens et des manuels scolaires, sont très sollicités en cette période.

Du Ramadan, le mois de tous les excès, à Aïd Al Fitr, aux vacances et aux fournitures pour la rentrée scolaire, qui coïncide de surcroît cette année avec Aïd El Kébir, une série de poupées gigognes où les dépenses s’enchaînent l’une après l’autre sans laisser le moindre répit aux portefeuilles «essoufflés» des ménages à revenus modestes. Si les familles ayant peu d’enfants et disposant de salaires relativement décents parviennent, plus ou moins, à faire face financièrement la rentrée, d’autres sont au bout du rouleau et optent donc pour des alternatives : le marché des anciens livres et des manuels scolaires, en particulier. Élèves et parents viennent en masse, s’alignant parfois en files d'attente devant tel ou tel magasin.

En effet, la clientèle, dont la fidélité aux manuels et livres anciens n'est plus à prouver, est beaucoup plus importante qu'on peut l'imaginer. «Dès que les vacances prennent fin, je m’adresse automatiquement à un bouquiniste que je connais depuis fort longtemps. Je lui remets les manuels de l'ancien programme, plus une somme d’argent sur laquelle on s’était mis d’accord, avant de prendre en échange ceux du nouveau programme. Comme ça, tout le monde est gagnant et c’est bien moins coûteux en comparaison avec les manuels neufs vendus dans les librairies», confie à la MAP Naïma, femme au foyer et mère d’un collégien et de deux lycéennes et pour qui la visite au marché «Lidou» des «livres d’occasion» de Fès est devenue un rituel qu’elle accomplit à chaque rentrée scolaire. «Avec le mois sacré du Ramadan, les vacances, la rentrée scolaire et le mouton dont les cornes pointent déjà à l’horizon, je vois mes économies se rétrécir comme peau de chagrin. Je viens à cet endroit dans l’espoir de glaner des manuels à des prix raisonnables pour mes trois enfants qui poursuivent leurs études dans des écoles publiques. Pour le dernier, inscrit dans un établissement d’enseignement privé, c'est peine perdue, puisque cette école exige une nouvelle édition pour chaque année», se plaint de son côté Mohamed, fonctionnaire de son état.

«Les livres rédigés dans la langue de Shakespeare ou les fichiers d’expression écrite ne peuvent être revendus parce qu’ils sont souvent barbouillés de réponses écrites çà et là au stylo», explique-t-il. «À notre époque, il n’y avait qu’un seul jeu de manuels qui faisait le tour de toute la famille, quand il n’atterrit pas chez les voisins. Aujourd’hui, toute cette gamme de livres et de manuels scolaires ne nous laisse pas la possibilité de céder les manuels du programme à un frère ou à un membre de la famille. C’est devenu impossible, puisqu’ils changent d’un établissement à l’autre. Il vaut mieux donc les vendre et en acheter d'autres que de les laisser moisir sur les étagères d'un placard», indique-t-il.

Khalid, bouquiniste, fait savoir qu’il achète les livres à un prix 30 à 40% inférieur au tarif, en fonction de leur «qualité» matérielle, mais qu'il les revend, par contre, à 50 ou 60% de leur prix initial, parfois même moins, si le livre est dans un état qui laisse à désirer. En réponse à une question sur les manuels les plus sollicités et cotés, il a fait savoir que c'est souvent les manuels de la troisième année du cycle secondaire collégial et des première et deuxième années du baccalauréat qui «se vendent comme des petits pains». «Seulement, ils deviennent de plus en plus rares en raison du taux élevé d’échec des élèves inscrits à ces cycles. En plus, les livres débarquent souvent dans un état d'usure avancé chez le bouquiniste qui n'en veut finalement pas», précise-t-il. «Il existe également des livres destinés à la préparation des examens qui font l’objet d’une demande croissante. Quant aux manuels en provenance de l’étranger destinés aux écoles privées, ils ne constituent toujours pas une bonne affaire. Je les achète à des prix élevés, mais ils ne se vendent pas, dans la mesure où les écoles exigent, à chaque rentrée scolaire, une nouvelle édition», dit-il avec amertume.

Pour ce qui est des manuels les moins vendus, Khalid note que ce sont ceux du cycle primaire, puisque leurs prix sont nettement inférieurs à ceux des autres niveaux, soulignant que cet état de fait se justifie également par l’initiative «Un million de cartables», dont bénéficient les écoliers issus de familles démunies et nécessiteuses, à l'occasion de chaque nouvelle rentrée scolaire. Outre le fameux marché «Lidou» de Fès, la vente d'anciens manuels scolaires est pratiquée dans d’autres villes du Royaume où l’on trouve plusieurs jeunes qui s’adonnent à cette activité saisonnière dans le but de financer leur propre rentrée scolaire ou celle de certains de leurs proches.

En revanche, à Rabat, il n’existe pas de marché «typique» dédié à ce commerce. Les vendeurs des anciens manuels scolaires sont éparpillés dans les ruelles et les artères de la médina et dans les marchés et les places publiques de certains quartiers populaires. Au Maroc, on estime à 650 ou 750 dirhams les frais des fournitures scolaires pour un collégien ou un lycéen du secteur public, tandis que pour un écolier, ils se situent à 200 dirhams. Quant aux établissements de l’enseignement privé, cette facture peut frôler le seuil des 4.000 dirhams au collège et au lycée et 1.500 dirhams pour le primaire.

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