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Le Matin : Qu’est-ce qui vous a motivé à réaliser cette étude sur l’histoire des ponts de la Vallée du Bouregreg ?
Mohamed Es-Semmar : Il faut dire que ces ouvrages de franchissement sont d’une importance capitale. Et comme il y a des ponts intéressants qui sont en cours de réalisation, j’ai estimé qu’il était nécessaire d’évoquer un peu l’historique de ces ouvrages par rapport à Rabat-Salé et d'établir une chronologie de leur histoire.
À quelle époque remonte votre étude ?
Au temps de la ville romaine, c’est-à-dire à l’emplacement du Chellah. Là, j’ai pu constater dans les textes et les vestiges archéologiques qu’aucune source ancienne ni étude archéologique et historique n’a parlé d’un ouvrage de franchissement antique. Ainsi, concernant la ville de Sala, située sur la rive gauche du Bouregreg, on n’a jamais mentionné l’existence d’un pont, jusqu’à preuve du contraire. À l’époque du Moyen Âge, ni l’époque Oumayyade ou Idrisside, ni celle des Bani Ifren ou des Almoravides ne mentionnent l’existence de ponts.
Et quand est-ce que les deux rives ont eu le privilège d’être reliées par un pont ?
C’est à l’époque des Almohades, à la moitié du 12e siècle, que nous pouvons noter la construction de deux ponts. Celui du Kalifa Youssef (à l’emplacement du Dawliz et de l’actuel chantier du Grand Théâtre) et le deuxième de Yaâcoub
Al Mansour, qui était en fait la reconstruction du premier, emporté par une crue, selon les anciens textes. Suite à des événements historiques nationaux et régionaux, le pont des Almohades n’existait plus. Et cela, jusqu’au 17e siècle où a été édifié le pont Morisque par Kaid Al Qasri en 1627, disparu également à cause des intenses rivalités entre les deux rives.
Vous voulez dire que la construction des ponts n'a commencé qu'avec l’avènement du Protectorat, sous le règne des Alaouites ?
Effectivement, car en 1914 a été édifié le pont Meknès ayant servi aussi bien pour les militaires que les civils. C’était à l’époque du Protectorat, sous le règne de Moulay Youssef. Mais le premier pont proprement dit construit par ce sultan entre la rive droite et la rive gauche, c’est le pont Moulay Youssef. Ensuite est venu celui de l’ONCF, réalisé par le protectorat et qui est encore opérationnel aujourd'hui. Les deux ont été construits en 1927, et relient aussi le Nord et le Sud du Maroc. Ensuite sont venus d’autres ouvrages de franchissement, comme le pont Moulay Al Hassan à l’époque de S.M. le Roi
Mohammed V (1957), réalisé par l’architecte marocain Mohamed Douiri, puis les ponts Al Fidae (1987), Mohammed V (1997), Sidi Mohammed Benabdellah (1974), Akrach (1997) à l’époque de S.M. le Roi Hassan II.
Quel est le rôle de l’Agence pour l’aménagement de la Vallée du Bouregreg dans l’édification de ces ouvrages de transport public ?
Avec le lancement des travaux de la Vallée du Bouregreg par S.M. le Roi Mohammed VI, plusieurs ouvrages de liaison entre les deux rives ont commencé à voir le jour afin de faciliter les problèmes quotidiens de circulation avec la construction du pont Hassan II en 2011 (sur le même emplacement que le pont Moulay Al Hassan), et du pont Moulay Youssef à l’emplacement de l’ancien (2014). On ne peut pas évoquer ces grandes constructions sans parler du pont à haubans, actuel pont de l’autoroute Fès-Casa (autorisé par l’Agence, mais non réalisé par elle), qui sera inauguré en 2016 par S.M. le Roi Mohammed VI. Le troisième ouvrage important est le pont de la rocade urbaine Rabat-Salé numéro II, dont la finalisation est prévue en 2018, grâce auquel un grand problème de circulation sera réglé, comme il jouera un rôle sur le plan du tourisme régional et national.
