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Merkel fragilisée par la débâcle régionale de la CDU

Les élections régionales de dimanche dans le Land de Mecklembourg-Poméranie occidentale ont tourné au vote-sanction contre la politique d'accueil des réfugiés décidée par Angela Merkel, qui sort fragilisée de ce scrutin à un an des législatives de septembre 2017.

Merkel fragilisée par la débâcle régionale de la CDU
À la tête du gouvernement allemand depuis 2005, la chancelière a conduit la CDU de victoire en victoire dans les urnes.

Dans cette région symbolique des bords de la Baltique où elle a fait ses premiers pas en politique, le parti anti-immigration Alternative für Deutschland (AfD) a fait de ces élections un référendum sur sa décision personnelle d'ouvrir les frontières aux réfugiés.

Un an jour pour jour après cette annonce qui a profondément modifié le débat politique en Allemagne, son parti, l'Union chrétienne démocrate (CDU), a pour la première fois été devancé par l'AfD dans une élection régionale. Les élections à venir dans deux semaines à Berlin pourraient déboucher sur une issue comparable.

À la tête du gouvernement allemand depuis 2005, la chancelière a conduit la CDU de victoires en victoires dans les urnes. Mais alors que la société allemande s'interroge sur sa capacité à intégrer un million de migrants et réfugiés arrivés sur la seule année 2015, sa cote a reculé et une partie de la droite conservatrice se demande aujourd'hui si Merkel est toujours un atout ou au contraire un poids.

«On va regarder ce résultat comme le début de la “Kanzlerdämmerung” (le crépuscule de la chancelière)», avance Gero Neugebauer, politologue à l'université libre de Berlin.

«Si un nombre croissant de membres de la CDU commencent à penser que cette défaite est la faute de Merkel, et si des élus au Parlement se mettent à la considérer comme un danger pour le parti et pour leur propre mandat l'année prochaine, la situation pourrait échapper à tout contrôle. Si l'AfD bat de nouveau la CDU dans deux semaines à Berlin, les choses pourraient rapidement dégénérer», ajoute-t-il.

«Si quelqu’un essaie de renverser Merkel, il s’y cassera les dents»

Les agressions sexuelles du Nouvel An à Cologne et dans d'autres villes du pays puis la série d'attaques commises en juillet dernier, dont deux ont été revendiquées par l'organisation Etat islamique (EI), ont alimenté le débat sur la «Wilkommenskultur», la culture de l'accueil prônée par la chancelière, jusque dans les rangs de la droite allemande. La cote de popularité de Merkel, qui était montée jusqu'à 67%, est tombée à 45%, son plus bas niveau depuis cinq ans. Dans les intentions en vote en vue des élections législatives de l'année prochaine, la CDU-CSU a chuté à 33%, contre 41% un an auparavant. Traduit en sièges, ce recul menacerait une trentaine des 310 députés conservateurs.

«La seule question qui préoccupe aujourd'hui les électeurs, c'est la politique migratoire irresponsable de Merkel», a déclaré Leif-Erik Holm, chef de file de l'AfD dans le Mecklembourg-Poméranie occidentale. «Je pense que c'est le début de la fin pour Merkel.»

En France, Marine Le Pen a adressé ses félicitations à l'AfD. «Ce qui était impossible hier est devenu possible : les patriotes de l'AfD balaient le parti de Mme Merkel», a réagi sur Twitter la présidente du Front national.
La chancelière n'a pas encore dévoilé ses intentions. Invitée le week-end dernier sur la chaîne de télévision ARD, elle a dit qu'elle ferait connaître sa décision «en temps voulu». Mais d'après un sondage publié dimanche dernier par le Bild am Sonntag, un Allemand sur deux serait hostile à un quatrième mandat. Et selon le Spiegel, les réticences de l'Union chrétienne sociale (CSU), la branche bavaroise des chrétiens démocrates allemands, l'auraient conduite à repousser l'annonce de sa candidature tandis que des rumeurs persistantes prêtent au patron de la CSU, Horst Seehofer, l'ambition de briguer la chancellerie.

Mais Thomas Jäger, politologue à l'université de Cologne, met en garde les éventuels prétendants à sa succession : «C'est évidemment une claque pour elle et pour sa politique. On va longtemps lui reprocher d'avoir laissé s'implanter un parti situé à droite de la droite conservatrice. Mais personne au sein de la CDU ne tentera de la renverser. Et si quelqu'un s'y essayait, il s'y casserait les dents.»

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