Les Jeux olympiques de Rio de Janeiro se sont terminés sur une nouvelle désillusion pour le sport national. Hormis la boxe, qui a offert au Maroc sa seule et unique médaille de bronze, les autres disciplines ont mordu la poussière. La plus grosse déception se nomme l’athlétisme. Arrivée à Rio avec beaucoup d’ambition, l’équipe d’athlétisme repart du sol brésilien sans la moindre médaille. Ce qui n’était pas arrivé depuis des lustres. Un fiasco qu’il va falloir analyser à tête reposée pour tirer les conclusions de cet échec retentissant. Personne aujourd’hui ne peut se cacher derrière un quelconque argument pour tenter de justifier un tel naufrage. Cela fait déjà des années que l’athlétisme marocain n’arrive plus à produire la relève. Seuls quatre athlètes sur les 20 engagés à Rio ont réussi à se hisser, tant bien que mal, en finale.
Le judo, un double échec
Très ambitieux avant d’arriver à Rio, le judo marocain a quitté Rio sur la pointe des pieds. Trois judokas et seulement une petite victoire au stade des seizièmes de finale de Imad Bassou. Le reste a été éliminé au premier tour. Au-delà de ces contreperformances sportives, cette discipline a étalé son linge sale à Rio. L’entraîneur Mohamed El Assri a sorti l’artillerie lourde pour pilonner sa Fédération à qui il reproche de l’avoir évincé à seulement quelques mois des JO, alors que, dit-il, c’est lui a entraîné l’équipe depuis trois ans. Ce à quoi Rizlen Zouak a rétorqué en affirmant qu’El Assri n’a jamais été son entraîneur et que si la Fédération avait engagé Christian Chaumont auparavant, les résultats auraient été meilleurs. En taekwondo, le potentiel existe, mais il a été mal exploité. La preuve en est Wiam Dislam qui a été à deux doigts de se qualifier en demi-finale face à Maria Del Rosario Espinoza, championne du monde. La Marocaine, qui menait au score (2-1) à trois secondes de la fin du temps réglementaire, n’a pas su gérer son avance. Elle a ensuite perdu son match pour la médaille de bronze après avoir gagné son combat de repêchage. De son côté, Omar Hajjami, que personne n’attendait, a éliminé le champion du monde iranien avant de se faire éliminer au second tour. Seule Naïma El Bakkali a échoué dès le premier combat.
Cyclisme : il va falloir changer de stratégie pour grandir
Être premier en Afrique ne suffit plus. Il est temps pour la petite reine de se mesurer aux meilleurs. Les trois coureurs marocains qualifiés aux JO ont dû mesurer l’écart qui les sépare des cyclistes de haut niveau. Deux abandons et une 47e place, c’est loin d’être satisfaisant, même si on savait dès le départ que cette discipline n’avait aucune chance de prétendre à quoi que ce soit. Après Londres et Rio, l’idée de participer pour participer n'est plus de mise.
Rabii sauve l’honneur
Éliminés en quart de finale, Abdelkebir Ouaddar et Quickly de Kreisker ont laissé une bonne impression à Rio. Pour une première participation, le contrat est rempli, même si Ouaddar avait affiché de grandes ambitions. Cette expérience va lui permettre de gérer la pression des grands rendez-vous sportifs. Quant au reste des disciplines (tir sportif, natation, golf, canoé-kayak, escrime, lutte, haltérophilie), personne ne misait sur elles. Certaines avaient juste reçu des wild cards. Si le Maroc est présent dans le tableau des médailles, c’est grâce à la boxe et à Mohamed Rabii qui a atteint le stade des demi-finales. Les autres pugilistes, à l’exception de Mohamed Arjaoui, éliminé au premier tour, ont réussi à franchir au moins un tour. C’est le cas de Mohamed Hamout et Achraf Kharroubi. En revanche, les filles ont toutes échoué dès les premiers tours. La boxe a, certes, offert au Maroc son unique médaille, mais son image est aussi ternie par l’accusation d’agression sexuelle présumée sur deux femmes de chambre. Une fausse note qui a fait du tort à la délégation marocaine, même si Hassan Saada est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. Une affaire qui a défrayé la chronique et dont le sport marocain se serait volontiers passé.
Questions à Abdelaati Iguider, athlète marocain
«Je demande pardon aux Marocains»
Quelle évaluation faites-vous de la finale du 1.500 m ?
Je ne peux rien dire pour l’instant. Je n’arrive toujours pas à croire que je ne figure pas parmi les trois premiers. Je suis venu avec l’intention de remporter la médaille d’or. Je ne pensais même pas à l’argent, ni au bronze. Je présente mes excuses aux Marocains.
Cet échec est une grosse déception que je ne peux même pas qualifier.
Je le considère comme un crime à l’égard de l’athlétisme national.
Qu’est-ce qui vous a desservi lors de votre parcours en finale ?
Tout ce que je sais, c’est que j’avais une pression énorme sur les épaules avant le début de la compétition. Je crois que cette pression a joué contre moi. Encore une fois, je suis désolé et je demande pardon au public marocain. Je lui promets de me rattraper à l’avenir.
