En visitant les infrastructures portuaires de Tan-Tan, on se rend compte de l'importance de la pêche dans l’activité économique de cette ville. Réalisé entre 1977 et 1980, ce port a été conçu pour répondre aux besoins du secteur de la pêche côtière et hauturière artisanale, mais aussi de la réparation navale. Le secteur à Tan-Tan emploie une part importante de la population. Rien qu'au niveau de la pêche artisanale, plus de 240 barques sont actives dans le port. En ce qui concerne les pêcheurs qui y travaillent, leur nombre est estimé à plus de 1.600.
La construction d’une nouvelle halle aux poissons dans le port a permis, soulignent les pêcheurs, de valoriser la commercialisation de leurs captures. Selon Hicham Jellani, ingénieur responsable qualité de l’Office national des ports (ONP) à la halle, ce sont entre 70 et 80 barques qui viennent commercialiser quotidiennement leurs captures, en plus de 15 bateaux de pêche côtière et cinq palangriers (pêche à la palangre). Les captures de la pêche artisanale ont été de l'ordre de 13.000 tonnes en 2014, avec une valeur de 290 millions de DH. Les chiffres de 2015 parlent d’une quantité de 12.500 tonnes et d'une valeur de 261 millions de DH. Pour les deux premiers mois de cette année, les captures s’élèvent à presque mille tonnes et une valeur de plus d’environ 23 millions de DH. En ce qui concerne le poisson industriel, les chiffres montrent qu'il y a une importante baisse de 2014 à 2015, notamment à cause du repos biologique décrété par le département de tutelle, une mesure qui a pénalisé les opérateurs et qui est de plus en plus contestée. En effet, d'une production de 215.000 tonnes en 2014 (une valeur de 314 millions de DH), les captures sont passées à seulement 64.000 tonnes (93 millions de DH) en 2015. Les captures enregistrées jusqu'à aujourd'hui en 2016 n'atteignent pas les six mille tonnes (d'une valeur de moins de 12 millions de DH). Le port de Tan-Tan abrite également un complexe industriel spécialisé dans la pêche hauturière, Omunium Maroc. Cette unité, qui fait travailler 1.200 marins au large et 280 techniciens dans les ateliers sur terre, dispose d'une cinquantaine de chalutiers, dont 42 sont en activité.
Le directeur du pôle pêche de ce complexe, Safouane Abdellatif, affirme que chaque bateau réalise tous les deux mois (période de pêche) une capture de 100 à 160 tonnes. Une production destinée à hauteur de 95% à l'export (Espagne, Italie, Japon...). Ce complexe industriel, en plus de la main-d'œuvre qu'il emploie directement, participe également à la création d'emplois indirects. À chaque poste direct créé correspondent quatre postes indirects, explique le directeur du pôle pêche. Il cite à cet effet les activités développées dans la ville qui permettent d'approvisionner les chalutiers de pêche.
À titre d'exemple, avant de prendre le large, chaque bateau achète à Tan-Tan environ six mille unités de pain, des centaines de kilogrammes de légumes... Compte tenu de l’importance économique et sociale de ce port, il a été renforcé par l'installation d’une plateforme destinée à la réparation navale des unités de pêche. «Pendant longtemps, les professionnels devaient se rendre à Agadir ou Safi pour réparer leurs bateaux, mais l'installation de l'unité Taborg leur a permis de le faire localement», explique Abderrahmane Bousri, gérant de cette plateforme et président de l’Association de la pêche côtière à Tan-Tan. Selon lui cette infrastructure est mise à la disposition des professionnels à titre gratuit. Cependant, le dynamisme du secteur ne doit pas occulter nombre de difficultés auxquelles sont confrontés les professionnels. Ces derniers citent, entre autres, le problème de l'ensablement de l'entrée du port (un port à marée). Et les opérateurs du secteur de la pêche déplorent le fait que le plan de développement régional de Guelmim-Oued Noun n'ait pas intégré le secteur de la pêche dans ses priorités. Une rencontre a réuni hier les opérateurs et le président de la région, mais l’accès y a été interdit à la presse.
