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Jeudi 22 Mai 2025
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Quand la ville devient une source d’inspiration pour l’artiste

La galerie Bab El Kébir de Rabat accueille, jusqu’au 20 novembre, une belle collection de peintures de l’artiste Mouna Sadli. «Atmosphères urbaines» est l’intitulé de cette prestation qui rentre dans le cadre de la Nuit des galeries 2016.

Quand la ville devient une source d’inspiration pour l’artiste
Une œuvre de l’artiste Mouna Sadli.

Comme sa thématique l’indique, cette exposition se veut le visage des villes urbaines du Maroc, où l’artiste-peintre montre, à travers plusieurs exemples, tout ce que le modernisme et la vie citadine peuvent offrir comme architecture et mode de vie. Mouna Sadli ne lésine pas sur la matière artistique pour faire voir au visiteur l’essence d’une ville avec tout ce qu’elle comporte comme contrastes dans un style pictural spécifique à l’artiste. Celle-ci ayant franchi un pas en abordant un sujet auquel très peu d'artistes marocains consacrent une part de leur réflexion créative. «Il faut dire qu’au Maroc, il n’est pas courant que les plasticiens représentent la ville moderne, avec ses asphaltes gris, ses flux incessants de voitures, de bus et autres cyclomoteurs, ainsi que son monotone mobilier urbain, qui relève tout au plus du design et non de l’art plastique proprement dit», rapporte le communiqué de l’exposition.

Cette native de Tétouan, connue pour être une spécialiste dans les domaines des sciences mathématiques et de la recherche opérationnelle, s’est permis cette expérience en toute connaissance de cause, sachant qu’elle a beaucoup de bagages, notamment ses études au Maroc, à l’École Mohammadia des ingénieurs, ainsi qu’en Suisse, en France et au Royaume des Pays-Bas. En pensant de la sorte, elle a voulu donner un autre visage à la peinture, en s’inspirant de lieux qui n’enchantent pas beaucoup d’artistes. La majorité étant séduite par la beauté de la nature et les paysages.

Mais selon elle, «il n’y a pas que la nature pour inspirer l’artiste ; le béton et le bitume le peuvent tout autant pour qui accepte d’y projeter son affect et de laisser la ville prendre possession de ses émotions». En effet, même ces composantes de la ville que nous voyons quotidiennement, Mouna, avec sa sensibilité d’artiste et ses profondes émotions, nous les transmet d’une manière fine et sensible, nous permettant de voyager dans ses toiles et d’avoir une vision autre que celle qui nous hante.
Cette originalité laisse l’observateur sidéré et complètement désorienté entre la beauté de la toile et la réalité vécue. C’est cette force de convaincre que nous pouvons louer chez l’artiste Sadli, dont la démarche esthétique a donné lieu à une ville affective et attirante où la mémoire et les émotions sont pour quelque chose dans la réussite du travail.

«Les tons bleu-gris et les atmosphères pluvieuses de ces villes sous-éclairées donnent aux œuvres une mélancolie affective particulièrement émotive. La ville qui se dédouble dans le vitrage miroitant de la chaussée fraîchement balayée par la pluie laisse entrevoir cette dualité entre la ville vécue et la ville-mémoire, entre la cité que l’artiste habite et celle qui l’habite», lit-on dans une belle critique consacrée à cette magnifique collection de tableaux. 

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