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Quel avenir pour l’Accord de partenariat transpacifique ?

L’Accord de partenariat transpacifique, l’un des plus importants traités de libre-échange jamais signés, constitue le dénouement de plus de sept années de discussions entre douze pays de part et d’autre du Pacifique : États-Unis, Canada, Mexique, Chili, Pérou, Japon, Malaisie, Vietnam, Singapour, Brunei, Australie et Nouvelle-Zélande. Des pays qui représentent environ les deux cinquièmes du commerce mondial.

Quel avenir pour l’Accord  de partenariat transpacifique ?

Cet accord prévoit la levée des barrières douanières non tarifaires, comme l’ouverture des offres nationales aux pays membres étrangers telles que le commerce électronique ou les services financiers. Comme c’est souvent le cas dans tous les accords de libre-échange qui impliquent les États-Unis, le retard mis pour parvenir à cet accord était dû à un différend sur la question de la protection des brevets dans le domaine des médicaments biotechnologiques. La durée de protection de ce type de médicaments a été réduite à huit ans au lieu de douze (aux États-Unis, les entreprises américaines du secteur disposent de douze ans avant qu’un concurrent puisse copier le médicament et le vendre meilleur marché, tandis que dans les autres pays, la durée n’est que de cinq ans). Un compromis qui appelle une contrepartie.

L’Accord de partenariat transpacifique n’inclut pas la Chine, malgré sa position de première puissance et de deuxième économie mondiale. Cela n’est pas dû au hasard, mettre la Chine à l’écart de cet accord répondait à l’impératif de contrebalancer son influence, dont l’ampleur était devenue très grande.
Au-delà de la dynamique économique qui consiste à doper les échanges commerciaux entre les douze partenaires du Trans-Pacific Partnership (TPP, Accord de partenariat transpacifique), l’aspect géopolitique est bel et bien présent. Ce traité semble être en phase avec la doctrine du rééquilibrage vers l’Asie, plus connue sous son appellation moins stratégiquement correcte de «pivot». L’influence de la Chine devenant de plus en plus importante dans la région, il devenait primordial pour les États-Unis de renforcer et immuniser la stratégie dite du «pivot».
La riposte chinoise ne s’était pas fait attendre, l’empire du Milieu a créé le RCEP (Regional Comprehensive Partnership), un projet d’accord de libre-échange entre les dix pays membres de l’Association des nations du Sud-Est asiatique ainsi que l’Australie, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande, qui disposent d’accords de libre-échange avec l’ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est).

Le RCEP englobe une population de plus de 3 milliards, représentant 45% de la population mondiale, avec un PIB combiné de tous les pays membres de 21,3 trillions de dollars et une part de 40% du commerce mondial. Cet accord exclut, bien évidemment, les États-Unis. Le RCEP dispose des mêmes objectifs que l’Accord de partenariat transpacifique, qui est de supprimer les barrières tarifaires et douanières. Il vise la création d’une vaste zone de libre-échange Asie-Pacifique sous le nom de la FTAAP (Free Trade Area of the Asia-Pacific), avec, à long terme, l’objectif d’intégrer les 21 membres de l’Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), y compris les États-Unis. Cet accord cherche à renforcer les relations commerciales dans la région pacifique sous le leadership de la Chine. Dans sa déclaration lors du sommet de l’APEC en 2016, le Président chinois Xi Jinping en est convaincu : «Nous n’allons pas fermer la porte au monde extérieur, mais l’ouvrir encore plus largement», la Chine renforcera davantage sa géoéconomie, un soft power précieux dans sa géostratégie consistant à défier la première puissance mondiale.

Un autre facteur va servir les intérêts de la Chine dans la région : l’élection de Donald Trump.
Le traité transpacifique a été présenté par l’administration Obama, mais il n’est toujours pas entré en vigueur, cela est dû, d'une part, aux grandes tensions qu’il a provoquées au sein du Congrès américain et, d’autre part, à l’élection du nouveau Président républicain des États-Unis, Donald Trump, qui risque de retarder, voire compromettre le traité. Le nouveau Président américain qualifie le traité de «terrible» qui «viole» les intérêts des travailleurs américains. Serait-ce la fin du «pivot» vers l’Asie, avant même son début ? 


La Chine et les banques régionales : une autre façon d’exprimer le leadership

Les banques régionales fonctionnent en faveur de l’intégration régionale et contre «la doctrine du pivot» impulsée par les États-Unis. Le pouvoir exorbitant du dollar fut déjà dénoncé en son temps par le général de Gaulle. Depuis 2013, la Chine œuvre pour la mise en place d'institutions financières régionales moins dépendantes des États-Unis. En complément à la nouvelle banque de développement proposée par les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) en 2014, on assiste en octobre de la même année au lancement à Pékin de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII) par 22 pays asiatiques et plus de 40 pays hors Asie. Atlantistes jusqu’au bout, l’Inde et le Japon ne font pas partie de l’aventure, bien que cette institution puisse être d’un grand support pour des projets d’infrastructures d’envergure en Asie.
Une de ses premières actions sera de mobiliser des ressources pour relier les réseaux régionaux de valeur, à travers par exemple la «Route de la soie du 21e siècle», une ceinture économique qui inclut un ample réseau de chemins de fer au niveau continental, qui reliera la Chine à l’Asie centrale, la Russie, l’Europe, l’Afrique et peut être même le Levant. Pour certains pays asiatiques, la BAII est considérée comme une institution qui va rivaliser directement avec la Banque asiatique de développement, fondée en 1966 sous la domination écrasante des États-Unis et du Japon. Récemment, les BRICS ont également travaillé sur le projet d'une nouvelle banque internationale comme alternative au Fonds monétaire international, qu'ils ont dévoilé en avril 2013.
Le leadership chinois dans la BAII est plus qu’apparent, et ce à trois niveaux :
1. la Chine dispose au sein de cette institution de 35% des voix, puisque les droits de vote sont fixés au prorata du PIB.
2. Le responsable de l’institution n’est autre que le Chinois Jin Liqun, ex-président de l’assemblée des superviseurs du fonds souverain chinois (Sovereign Wealth Fund) et ex-vice-président de la Banque asiatique de développement.
3. De même que pour la Banque de développement du groupe BRICS, la ville de Pékin sera le siège principal de la BAII.
La rivalité sino-américaine se révèle aussi dans la position de Washington très critique vis-à-vis du projet de la BAII. Et au moment où l’Europe occidentale manifeste un grand intérêt pour le projet, l’Amérique du Nord (États-Unis, Mexique et Canada) refuse d’y adhérer.
Ceci n’a pas empêché la Chine de remporter un franc succès diplomatique puisqu’elle aura réussi à fédérer 57 pays qui sont membres fondateurs. De plus, le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement ont manifesté le désir de coopérer avec la nouvelle institution.

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