Le Président algérien Abdelaziz Bouteflika a opéré, samedi, un remaniement ministériel, le deuxième du genre en l’espace d’une année, a annoncé la présidence la République. Le principal changement de ce remaniement, attendu depuis des mois, concerne le départ du ministre de l’Économie et des finances, Abderrahmane Benkhalfa, qui a fait son entrée dans le gouvernement en mai 2015. Il a été remplacé par le ministre délégué au Budget, Hadji Bab Ami. Son limogeage est perçu comme un échec dans sa mission à la tête du ministère des Finances, notamment la gestion de la crise financière née de la chute des prix du pétrole. Par ailleurs, le PDG de la Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz), Nouredine Bouterfa, s’est vu attribuer le ministère de l’Énergie, en remplacement de Salah Khebri.
Le gouvernement a subi trois autres changements. Abdelouahab Nouri a quitté le département des Ressources en eau pour celui du Tourisme, en remplacement de Amar Ghoul, dont le nom a été cité dans le scandale de corruption de l’autoroute est-ouest. De même, les départements des Transports et des Travaux publics ont été fusionnés et le ministre de l’Agriculture, du développement rural et de la pêche, Ahmed Ferroukhia, été écarté en faveur de Abdeslam Chelghoum.
Ce remaniement, le cinquième du genre dans le gouvernement que dirige Abdelmalek Sellal, intervient alors que le pays est confronté à une chute brutale des prix du pétrole qui met le pays dans une situation délicate du fait qu'il voit ses revenus pétroliers se rétracter dangereusement, contraignant ainsi le gouvernement à puiser dans les réserves de change pour combler le déficit dans la balance commerciale. Selon des chiffres officiels, l’Algérie a perdu plus de 58 milliards de dollars de réserves en devises sur les deux dernières années, à cause de la plongée du pétrole et de la saignée des importations. Les réserves de change de l'Algérie, qui dépend étroitement des hydrocarbures, se situent actuellement à 136,9 milliards de dollars, contre 195 milliards à fin mars 2014.
À partir de 2006, au moment des années fastes de l’or noir, le matelas de change du pays gagnait annuellement quelque 20 milliards de dollars, avoisinant les 200 milliards à un moment, avant de commencer sa dégringolade à partir de juin 2014. La semaine dernière, le premier ministre avait averti que même si les prix des matières premières, essentiellement le pétrole, revenaient à des niveaux élevés dans le futur, ils ne suffiront pas à couvrir le développement socioéconomique du pays.
