Un vibrant hommage a été rendu à l'artiste à travers un beau témoignage du réalisateur, producteur et scénariste français d'origine néerlandaise, Jan Kounen. Ce dernier n’a pas manqué de faire l’éloge du talent innovateur de cet artiste considéré comme le plus radical des cinéastes indépendants japonais. «Shinya est de ceux qui vous interpellent par son génie créateur dans l'exploration de ses fantasmes les plus délirants, inspirés par les univers cyberpunk de William Gibson et Bruce Sterling ainsi que les films de David Lynch ou David Cronenberg. Je garde de lui beaucoup de chocs positifs. Il a une écriture personnelle et un style unique, ses personnages touchent aussi bien le corps que l’esprit. Par son empreinte, il peut transformer nos pensées. Cet artiste intuitif et créatif est dans la réalité quelqu’un de doux, joyeux et agréable à vivre», souligne Jan Kounen.
En effet, cet homme-orchestre ne ménage aucun effort pour focaliser son intérêt autour de la beauté de la nature qui, selon lui, doit être protégée et entretenue par l’homme. Ce dernier n’ayant fait que la détruire pendant de longues années. Quant à l’hommage, Shinya s’est dit très honoré et a appelé les spectateurs présents à voir ses dernières réalisations. Sachant que Shinya Tsukamoto a commencé sa carrière de réalisateur à l'âge de quatorze ans, avec une caméra Super 8 que son père lui a offerte. Il a joué dans plusieurs de ses films, notamment «Tetsuo», «Tetsuo II : Body Hammer», «Tokyo Fist», «Bullet Ballet» ou encore «Haze», ainsi que dans des films de Takashi Miike, comme «Dead or Alive 2» ou «Ichi the Killer». Shinya Tsukamoto s’est entouré d’une authentique famille de cinéma, composée de collaborateurs et de comédiens qui respectent énormément sa démarche cinématographique. Nombre de cinéastes occidentaux, tels que Quentin Tarantino, ne cessent de louer les multiples talents de ce scénariste, réalisateur, comédien, directeur de la photographie, cadreur, monteur, directeur artistique et producteur de génie.
Questions à Mohamed Abderrahmane Tazi, réalisateur
«Le fait d’écarter le cinéma marocain est inacceptable»
Qu’est-ce qui vous a frappé le plus dans ces premiers jours de la 16e édition du FIFM ?
Je n’ai pas pu assister à l’ouverture parce qu’il y avait un événement important à Rabat, celui de la commémoration du décès de Fatéma Mernissi avec un colloque international. Mais je constate, en premier lieu, un peu moins de chaleur que les années précédentes. Secondo, la particularité de ce festival était les Cinécoles. Car notre devoir est de construire pour l’avenir, pour les jeunes qui seront la relève. Il n’y a pas de raison d’écarter cette rubrique où on voit le travail des jeunes et leur talent. Cela, sans parler du film marocain qui est aussi absent de la compétition officielle. Ce qui est inacceptable.
Certains réalisateurs et critiques de cinéma pensent qu’il vaut mieux ne pas avoir de film dans la compétition que de présenter un navet ?
Je ne suis pas d’accord, car quand vous êtes en France ou en Espagne, la présence du cinéma national est obligatoire. On ne peut pas dire que sur les quatre ou cinq projets présentés, il n’y a pas un seul qui soit valable. Pour nous, la présence de ce cinéma international chez nous nous permet de montrer ce que nous faisons dans notre cinématographie. Cela peut être moyen, assez bon ou moins bon. Il faut qu’on ait ce contact et ce miroir, ne serait-ce que pour évaluer notre travail. Le panorama du film marocain fait aussi défaut. Effectivement, il y avait le panorama du film marocain à travers 12 à 15 productions projetées dans divers espaces du festival. Cette année, je trouve que ce qui se passe est très grave. Si on continue à ce rythme, l’année prochaine ce n’est pas la peine d’inviter des Marocains. Ce sera un festival international fait au Maroc et financé en grande partie par le Maroc.
Quelle est la réaction des cinéastes marocains à ce propos ?
Justement, nous avons constitué une Coalition nationale de développement de l’industrie cinématographique et de l’audiovisuel qui regroupe les chambres professionnelles et les syndicats, des comédiens, des techniciens et des réalisateurs, des producteurs, des exploitants et des distributeurs. Nous avons fait un communiqué qui est sorti dans les médias où nous disons qu’il n’y a pas de raison que le film marocain ne soit pas programmé dans ce festival.