La Compagnie marocaine des œuvres et objets d’art (CMOOA) se délocalise à Marrakech du 28 au 30 avril pour y organiser sa 53e manifestation dédiée aux formes d’art contemporain qui ont jalonné ces 25 dernières années. 105 lots seront ainsi exposés au Palace Es Saadi pour refléter diverses disciplines en phase avec notre époque, telles que le dessin, la photographie, les objets détournés, les installations et la peinture.
Parmi les œuvres phares de cette vacation, l’œuvre «Ceux qui savent et ceux qui ne savent pas» de Mounir Fatmi. Il s’agit d’une composition monochromatique reflétant une légèreté visuelle favorisée par les subtils jeux d’ombre et de lumière auxquels se livre l’artiste. Ce vidéaste et plasticien marocain construit des espaces et des jeux de langage. Son travail traite de la désacralisation de l'objet religieux, de la déconstruction, de la fin des dogmes et des idéologies. Quoique controversées, les œuvres de Mounir Fatmi ont fait partie d’expositions et de biennales prestigieuses dans le monde. Il a reçu plusieurs prix, dont celui de la Biennale du Caire, en 2010, l’Uriötprize, Amsterdam, ainsi que le Grand Prix Léopold Sédar Senghor de la septième Biennale de Dakar en 2006 et a été sélectionné pour le prix JameelPrize, du Victoria & Albert Museum, à Londres en 2013. Autre œuvre représentative de cette vacation, «Le Baiser» de Faouzi Laatiris.
Cette installation est constituée de divers matériaux. Les travaux récents de l’artiste sont basés sur l’utilisation du miroir. Ils exploitent les contradictions d’un monde fasciné par le mirage d’images miroitantes et travaillé par des questions non exprimées ou mal formulées comme la gestion des déchets, l’inégalité dans l’accès à l’éducation et à la parole publique, l’exploitation de l’ignorance. Dans ces œuvres transparaissent le souci permanent et le questionnement sur la ville. Il détourne des objets urbains ou des objets du quotidien, soumet au regard des créatures fantasmagoriques ou encore des représentations mythiques ou religieuses...Tout aussi représentative de l’exploration des nouvelles formes d’expression artistique au Maroc, l’œuvre «Sans salaire», qui témoigne de l’habileté de Mustapha Akrim à transformer du texte en pièces calligraphiées dont le minimalisme n’enlève rien à la force du message, a été mise en vente par la CMOOA. Le flipper customisé par Mohamed Fariji à l’aide de carrés de mosaïque viendra à son tour représenter le travail de cet artiste dont la démarche s’attache à remonter les traces des espaces urbains oubliés, en l’occurrence les salles de jeu, «seuls endroits ludiques de Casa», selon lui.
La Franco-Algérienne Zoulikha Bouabdellah sera quant à elle représentée par une installation murale où l’artiste se plaît à outrepasser la censure quasi systématique qui entoure le sentiment amoureux dans le monde arabe à travers une variation autour du mot «amour». Deux œuvres viendront également rendre compte de la pratique artistique pluridisciplinaire de Mohamed Arejdal : la première, «Jami â El Ittijahat», à travers laquelle l’artiste explore les relations qui nous unissent à l’Autre, la seconde, «Valise 1948», dont l’idée lui avait été inspirée par un séjour à Amman qui le plaçait aux premières loges de la question palestinienne. Représenté par des artistes tels que Hicham Benohoud, Khalil Nemmaoui, Leïla Alaoui, Lamia Naji, Abdelaziz Harraki…, le médium photographique n’est pas en reste. Toujours du côté des photographes, la CMOOA rend un hommage à Leïla Alaoui, décédée à Ouagadougou. L’œuvre «No Pasara» à travers laquelle l’artiste dresse le portrait de jeunes Marocains rêvant d’un avenir meilleur de l’autre côté de la Méditerranée sera proposée à la vente au profit de la Fondation Leïla Alaoui. À travers cette vente, la CMOOA entend «participer à l’essor d’une nouvelle génération d’artistes afin de favoriser leur visibilité auprès des collectionneurs nationaux et internationaux».
