Le Matin : Qu’est-ce qui vous a motivé pour vous lancer dans l’aventure de la gravure, suite à votre expérience aux côtés du Groupe de Casablanca ?
Malika Agueznay : J’ai découvert la gravure au Moussem international d’Asilah, à l’atelier de gravure dirigé par de grands maitres artistes graveurs. Ensuite, je l’ai étudiée à New York et à Paris. Je continue à la pratiquer dans mon atelier, puis à Asilah, chaque année dans l’atelier que j’anime et que je dirige.
Durant votre long parcours, en parallèle à la gravure, vous avez continué à faire de la peinture. Où est-ce que vous vous trouvez le mieux ?
Pour moi, peinture et gravure se complètent. Je peins très souvent de grandes toiles. En ce qui concerne la gravure, je travaille sur des petits formats. C’est une passion aussi importante que la peinture. Dans la gravure, il y a des techniques avec beaucoup de surprises, même quand elles sont très bien maîtrisées, c’est une épreuve de patience et de concentration.
Votre démarche artistique est connue par votre motif fétiche qui est l’algue marine. Est-ce que cette algue continue toujours de vous inspirer ?
L’algue dans mon travail prend différentes formes selon l’inspiration, tantôt algue-corps, tantôt écriture algue, sculpture-algue ou motifs algue en céramique. Cela fait plus de 46 ans que cette passion dure et la boucle n’est pas encore bouclée.
Ces motifs vous séduisent-ils toujours parce qu’ils évoquent les courbes féminines ?
Mes algues ont des lignes arrondies, elles sont stylisées, éclatées. Elles peuvent évoquer des formes féminines
ou y être intégrées d’une manière
abstraite.
Vous avez dit un jour que votre peinture et votre gravure se tiennent par la main. Que voulez-vous dire par là ?
J’intègre très souvent mes gravures dans ma toile peinte, une manière très personnelle de réaliser une œuvre.
Le nom de Malika Agueznay a percé dans l’univers des arts plastiques. Peut-on dire que la femme plasticienne marocaine fut accueillie dans cet univers à bras ouvert ou bien a-t-il fallu qu’elle bataille pour y arriver ?
Être femme artiste n’était pas chose facile dans les années 1960. Mais j’ai eu la chance d’étudier et de travailler dans la rigueur et le partage avec les artistes pionniers de l’art contemporain au Maroc et à l’étranger. Modestement, je me suis fait ce parcours dans l’art par le travail, les doutes, l’effort de recherche et de création. Ce sont ces valeurs-là qui donnent la reconnaissance.