Composé de Jamal Eddine Elhani, doyen de la Faculté des lettres de Rabat et traducteur, Éric Vigne, directeur de «NRF Essais», et «Folio Essais» aux Éditions Gallimard, Caroline Dalimier, cofondatrice de la librairie Livre moi à Casablanca, Abdellah Tourabi, journaliste, chroniqueur et spécialiste de l'islam politique au Maroc, et Mohamed Tozy, universitaire, professeur de sciences politiques, le jury a décidé d’octroyer le Prix Grand Atlas à l’ouvrage «Islam et femmes, les questions qui fâchent d’Asma Lamrabet» (En Toutes Lettres).
Dans sa déclaration à propos de cet essai, la présidente du jury, Leïla Slimani, a fait état de la rigueur et de la pertinence de l’analyse qui le distinguent. «Ce livre, didactique et bien construit, soulève des questions essentielles et remet en cause un certain nombre d’évidences, de clichés, qu’il nous paraît salvateur de déconstruire. Dans la lignée de la tradition de la Nahda, Asma Lamrabet ouvre une voie novatrice et inspirante, en cherchant à l’intérieur des textes religieux une réponse à des problématiques aussi brûlantes que l’égalité entre les sexes, l’héritage des femmes, la question du voile ou encore la polygamie», précise la présidente du jury qui n’a pas manqué d’ajouter que ce prix vient récompenser aussi le courage des prises de positions qu’Asma Lamrabet expose dans un style direct et franc. «Elle nous rappelle à quel point, au Maroc comme ailleurs, la question de la place des femmes est absolument centrale, comme celle de l’exégèse et de ceux qui la font.
Et elle nous montre avec brio que c’est en n’éludant pas les “questions qui fâchent” que l’on œuvre à la réconciliation». Par ailleurs, dans la même catégorie des ouvrages sélectionnés, un Prix spécial a été remis à Hicham Houdaifa pour son livre «Extrémisme religieux» (En Toutes Lettres). Et ce, selon le jury, pour mettre en avant le travail de reportage de terrain qui fait honneur au journalisme. «Ce livre touche, lui aussi, à des questions essentielles qui ont une conséquence directe sur la vie des citoyennes et citoyens marocains. En se penchant sur les manuels scolaires, les cours dans les universités, en allant à la rencontre d’étudiants et de professeurs, il fait la photographie d’une époque et d’une situation. Avec sensibilité et en gardant une position extérieure et objective, il réussit le pari du reportage littéraire, que cette collection cherche à populariser», conclut-elle.
Pour la catégorie de la traduction, aucun prix ne lui a été décerné, car le jury, suite aux nombreuses réunions, a conclu qu’aucune traduction ne méritait d’être distinguée.
Toutefois, la conférence de Leïla Slimani autour de la thématique «Défendre l’esprit critique» fut très saluée par l’assistance qui attendait l’annonce des ouvrages gagnants de cette édition.
Rappelant que le Prix Grand Atlas a été créé en 1991 par l’ambassade de France afin de promouvoir les œuvres d’auteurs francophones publiés par des éditeurs marocains, tout en s’inscrivant dans le cadre de la Saison culturelle France-Maroc, avec comme précieux partenaire la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc.