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«Les relations maroco-soudanaises sont ancrées dans l’Histoire

Une importante caravane composée de plus de 80 entreprises représentant différents secteurs s'est rendue à Khartoum. À cette occasion, l’ambassadeur du Soudan au Maroc, Suliman Abdeltowab Elzein, a affirmé que son pays s'attend à ce que cet événement ait une suite pour plus de rapprochement entre les institutions, les entreprises et les usines des deux côtés. Et ce en vue d’échanger les expériences et agir pour l’intérêt commun.

«Les relations maroco-soudanaises sont ancrées dans l’Histoire
Suliman Abdeltowab Elzein.

Le Matin : Pouvez-vous nous décrire la nature des relations entre le Maroc et la République du Soudan ?
Suliman Abdeltowab Elzein
: Il faut tout d’abord rappeler que les relations entre les deux pays sont ancrées dans l’histoire. Les relations du Soudan avec le Royaume du Maroc n’ont pas été interrompues depuis 1666, à l'époque de la dynastie bleue. Le Soudan représentait la route la plus sûre pour les pèlerins qui se dirigeaient à La Mecque. D’ailleurs, le Sultan Souleimane était parmi les Rois qui ont visité le Soudan au cours de sa route vers le Hadj. De la sorte, des villes ont été baptisées Soulaïmaniya en référence au Sultan marocain. Ces relations entre les deux pays, malgré la grande distance, ont été marquées par des influences réciproques. Ainsi, le rite malikite est le rite qui prévaut chez nous. On trouve les mêmes confréries dans les deux pays, telles que les tarika Tijaniya ou Kadiriya, qui sont très répandues au Soudan, alors qu’elles ont été lancées et sont basées au Maroc. Sur le plan politique, les échanges diplomatiques ont démarré du temps de feu S.M. Mohammed V. Depuis cette date, nous avons eu de nombreux contacts. Le dernier en date est l’invitation adressée par le Président de la République à S.M. le Roi Mohammed VI pour effectuer une visite officielle au Soudan. Une visite qui va constituer une première dans les relations entre les deux pays.
Je peux dire aussi qu’il y a une redynamisation des échanges commerciaux entre les deux États. Ce qui confirme le fait que de nombreux commerçants et investisseurs soudanais ont constitué des entreprises au Maroc et exportent de nombreux produits agricoles et autres au Soudan. Dans ce cadre s’insère aussi l’organisation d’une importante caravane composée de plus de 80 entreprises représentant différents secteurs qui se rend à Khartoum. Il est attendu que la visite de cette délégation marocaine participe à la promotion des relations commerciales entre les deux partenaires. Toutes les unions (de femmes, d’entreprises, d’hommes d’affaires, de Chambres de commerce…) se sont préparées pour accueillir cette délégation marocaine qui se rend à Khartoum dans le cadre de cette caravane.
C’est la première fois dans les relations commerciales entre les deux pays qu’un tel événement, réunissant le monde des affaires des deux parties, a lieu. Nous nous attendons à ce que cet événement ait une suite pour plus de rapprochement entre les institutions, les entreprises et les usines des deux côtés. Et ce en vue d’échanger les expériences et d'agir pour l’intérêt commun.

Justement, quelle est la teneur des échanges commerciaux entre le Maroc et le Sénégal ?
Le volume de cet échange est très faible. Ce qui s’explique par l’absence de voies aériennes et maritimes directes. C’est d’ailleurs là l’un des dossiers dont on espère qu'il fera l’objet de la signature d’accords lors de la visite attendue de S.M. le Roi Mohammed VI au Soudan. Notre pays demande également à faire partie, officiellement, de l’Accord d’Agadir de libre-échange. Ce qui va permettre aux deux pays de rehausser le volume des échanges commerciaux et de marchandises sans taxes douanières. Ce qui va rendre plus fluides les échanges entre les deux pays.

Est-ce l’absence de voies aériennes et maritimes qui est responsable de la grande faiblesse des échanges entre Rabat et Khartoum ?
Non, il y a des échanges commerciaux qui passent par les voies aériennes et maritimes, tout particulièrement les produits agricoles tels que les agrumes. Par exemple, au cours du mois du Ramadan, les populations au Soudan ont agrémenté leurs tables lors de la rupture du jeûne de fruits marocains. C'était une aubaine pour les exportateurs marocains, en raison de la rupture des relations commerciales entre le Soudan et l’Égypte pour des raisons techniques. Ce qui montre que malgré la distance qui sépare les deux pays, le commerce peut exister tant qu’il y a des intérêts communs.

Quels sont les secteurs d’activités qui pourraient intéresser les investisseurs marocains au Soudan dans le cadre des relations entre les deux pays ?
Nous tenons à ce que le Soudan bénéficie de l’expérience marocaine en matière d’agriculture et tout particulièrement en matière d’agrumes. Nous disposons de grandes surfaces arables et d'eau. Donc l’agriculture fruitière pourrait être un succès au Soudan. Mais nous avons besoin d’opérateurs expérimentés dans le domaine. Nous espérons dans l'avenir que le Soudan sera un pays exportateur de ces produits.
Nous souhaitons aussi offrir des opportunités d’investissement dans le secteur de la pêche maritime, sachant que le Soudan dispose d’un littoral très étendu. Ainsi, les opportunités d’investigation dans ce secteur sont très prometteuses. Au secteur du tourisme aussi, le Soudan accorde de l’intérêt et cherche à le développer. Et certainement il aura besoin du savoir-faire marocain dans ce domaine. Le Maroc est également très avancé en matière de construction des barrages, une expérience qui nous intéresse.
En général, nous espérons que ces projets connaissent du succès, comme l’ont été les usines installées par des entreprises marocaines au Soudan. Je cite l’exemple de l’implantation de la société Managem qui produit de l’or. La société qui s’est développée de manière extraordinaire au Soudan, produisant plus de deux tonnes d’or destinées à l’export. Ce développement a été possible grâce à la construction d’une usine de transformation de l’or en lingots. Avec cette activité, le Soudan compte parmi les exportateurs d’or transformé et non pas seulement de matière première. Je cite aussi la société Cosumar qui produit du sucre et qui envisage d’installer sa première usine au Soudan. Elle dispose des surfaces agricoles nécessaires pour démarrer sa production de canne à sucre. Elle a, en effet, obtenu les terrains et a entrepris les démarches et les procédures et peut entamer son activité. C'est d'autant plus possible que les sanctions qui étaient imposées par les Américains au Soudan ont pris fin. Cosumar a ainsi la possibilité de drainer les fonds qu’il faut pour s’installer et lancer ses plantations.

Il y a de nombreux accords et conventions qui sont signés entre le Maroc et le Soudan, mais ils ne sont pas mis en exécution. 
Pourquoi ?

La plupart de ces conventions ont lieu dans le cadre de la Ligue arabe. Nous aspirons à ce qu’il y ait un accord de libre-échange avec le Maroc. J’ai eu un entretien avec le ministre de l’Industrie et du commerce qui m’a promis que cela ferait partie des projets qui seraient signés dans le cadre de la visite royale. Un tel accord permettrait au Soudan d’envoyer directement ses marchandises au Maroc sans droits de douane et encouragerait ainsi le développement des relations 
commerciales.

Quel message adresseriez-vous aux investisseurs marocains pour les inciter à venir faire des affaires au Soudan ?
Je dirais que le Soudan a une législation de l’investissement très particulière, pour ne pas dire l’une des meilleures dans les pays arabes et d’Afrique. Conformément à cette législation, les étrangers sont traités comme des Soudanais. Ils ont le droit d'acquérir des terres. Ils peuvent bénéficier de terrains de manière gratuite quand il s'agit de projets d’investissement stratégiques. Ils ont le droit d’introduire leurs capitaux et de les transférer quand ils veulent ainsi que leurs bénéfices. De même, maintenant que les Américains ont levé les sanctions contre le Soudan, le système financier a repris ses contacts et ses relations avec tous les pays du monde et les opérations de transferts sont devenues très souples. Ces avantages procurent une bonne opportunité aux investissements marocains au Soudan. Aussi, le pays jouit d’une place au sein du Marché commun de l'Afrique orientale et australe (Comesa), organisation qui regroupe plusieurs pays dans la région proche du Soudan. C'est aussi un cadre qui donne des avantages douaniers très intéressants. Ainsi, les marchandises marocaines produites au Soudan pourraient avoir accès à un marché de plus de 400 millions d'habitants. Ce qui constitue une véritable opportunité d’investissement pour les Marocains.

Vous avez parlé de la visite prochaine de S.M. le Roi au Soudan. Qu’est ce qu’elle peut apporter aux relations économiques entre les deux pays ?
La visite de S.M. le Roi au Soudan aura une signification matérielle et morale, étant donné le rang de Commandeur des croyants de Sa Majesté, ses relations avec l’ensemble des dirigeants du monde et aussi l’expérience dont jouit le Royaume et son ancrage civilisationnel. Nous croyons qu’une telle visite va redynamiser des relations qui sont déjà historiques entre le Maroc et le Soudan. Cette visite devrait aussi permettre de rendre ces relations plus concrètes sous forme de projets. Nous avons vu comment lors des différentes visites royales à des pays frères et amis, le Souverain suit personnellement la concrétisation des accords et l’exécution des projets. Nous pensons donc qu’une telle visite sera prometteuse et bénéfique. De même, la caravane qui est organisée en direction de Khartoum avec la participation de plus de 100 hommes d’affaires marocains constitue les prémices de cette visite royale au Soudan.

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