Le Matin : Vous collaborez avec Jammel Debbouze pour le Gala Afrika au festival Marrakech du rire, en quoi consiste cette collaboration ?
Mamane : Je connais Jamel Debbouze depuis 2006. Je fais partie de la première génération du Jamel Comedy Club. J’ai fait ma petite carrière en France avant de revenir en Côte d’Ivoire où j’ai créé un festival de l'humour. Jamel a assisté à l’édition 2016 et il m’a proposé d’organiser le Gala Afrika.
En contrepartie, Jamel Debbouze soutiendra votre festival...
Jamel sera invité à notre festival et au «Parlement du rire». On étudie la formule pour l’inviter à cette émission que je produis sur Canal+ avec des humoristes de toute l’Afrique francophone.
Est-ce qu’on va vers la création d’une internationale des humoristes africains ?
On a en commun de jouer en langue française et on peut le faire. On a créé l’Union des humoristes africains. On joue dans tous les pays. On a avec nous un jeune Marocain, Oualas, qui joue en Côte d’Ivoire et au Maroc.
Vous avez aussi fait un film qui réunit plusieurs nationalités africaines et va dans le sens de l’union de l'afrique ?
«Bienvenue au Gondwana» parle de la démocratie en Afrique. Il parle au monde entier. Il met en scène les tribulations d’une équipe d’observateurs électoraux dépêchés dans un pays africain francophone afin de surveiller l’organisation d’un scrutin présidentiel. Par l’humour, on voit tous les travers de la démocratie en Afrique, les relations entre la France et le continent africain, avec la communauté internationale.
Quand est-ce qu’il sera présenté au Maroc ?
Nous sommes en discussion avec les distributeurs pour que le film soit projeté à l’Institut français de Marrakech à l’occasion du Marrakech du rire. Les comédiens seront là pour parler au public après la projection.
Qu’est-ce que vous présenterez au Gala Afrika ?
Je serai le maître de cérémonie. Je vais jouer le fil rouge. On va voir qu’il y a quelque chose qui unit tous les Africains : le foot. Ce sport les rassemble pendant la Coupe des nations ou la Coupe du monde. On est le même peuple. On peut vivre en Afrique comme dans un seul pays. Ma femme est marocaine, nos enfants sont nigéro-marocains. C’est un symbole de ce que je veux faire, unir nos deux pays, nos deux cultures…
Dans Gala Afrika est-ce qu’on se sentira vraiment en Afrique ?
C’est le but. Les humoristes sont africains et travaillent en Afrique. Il ne s’agit pas d’artistes d’origine africaine qui vivent en France. Ils viennent de Kinshasa, du Cameroun, du Nigeria, du Burkina Faso… de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique Centrale. Ils parleront de l’Afrique d’aujourd’hui et du monde. Les Africains sont connectés au reste du monde et s’intéressent à ce qui passe autour d’eux.
Qu’est-ce qui spécifie l’humourafricain ?
L’humour est très fixé sur des références culturelles. Notre objectif est de faire rire un grand nombre de personnes, mais chaque humoriste a son style. Par exemple, un humoriste marocain qui vit au Maroc n’aura pas les mêmes blagues qu’un autre vivant ailleurs. En même temps, on n’est pas obligé d’être africain pour rire de cela.
Est-ce facile de faire rire tous les Africains ?
Oui, c’est facile. Il suffit de s’intéresser aux gens et à l’actualité, sans s’emprisonner dans les références culturelles d’un seul pays. On le voit avec Jamel Debbouze qui fait rire les Africains, les Français… Les gens doivent sentir qu’il y a de l’amour. C’est magnifique de voir comment des personnes qui ne se connaissent pas rient des mêmes
blagues.
À part le Marrakech du rire, quelle est votre actualité du moment ?
J’ai créé une maison de production, «Gondwana City», à Abidjan pour
promouvoir l'humour en Afrique. Je continue mon émission sur Canal+. J’organise du 8 au 10 décembre, le festival du Gondwana. Je viens de monter un plateau avec des humoristes africains à Paris, «Sans visa». On parle des problèmes de l’immigration. Un phénomène frappant au Maroc, dernière étape vers l’Europe. Par l’humour, on peut voir les frontières qu’il y a entre les pays.
