Ce concert au Théâtre fut une vraie redécouverte de cet instrument que beaucoup de spectateurs considéraient comme uniquement porteur de la musique traditionnelle indienne. Anoushka lui a donné une autre dimension en le plaçant aux côtés d’autres instruments modernes, à travers des sonorités et des styles musicaux venus d’ailleurs. C’est ce qui fait le génie de cette musicienne hors pair qui n’arrête pas de tourner dans le monde, remportant à chaque fois un immense succès et beaucoup de respect pour son humilité et son âme grandiose.
C’est avec un répertoire novateur évoquant le voyage à travers les musiques du monde qu’Anoushka a fait parler son instrument avec la même facilité qu'on connaissait chez son père. Elle a pu réaliser un métissage des plus raffinés entre son sitar et les instruments qui l’ont accompagné, notamment l’orgue, la batterie, la contrebasse, puis une sorte de ghaïta indienne et d’autres accessoires contemporains. Le public impressionné par son jeu a pu assister à ses montées et des descentes, montrant que le sitar peu s’ouvrir à toutes les sonorités et cultures musicales. Un dialogue fluide et résonnant que l’assistance n’oubliera pas de sitôt. C’était aussi émouvant que lors de sa prestation en 2012 à Bab El Makina, aux côtés de son père.
Mais, cette fois-ci Anoushka a troqué le tabla indien contre d’autres instruments pour dire que le sitar peut échanger avec le monde et ses musiques universelles. C’est le pari que l’auteure, compositrice et interprète a entrepris de relever en continuant de repousser les limites de son instrument, non seulement dans sa forme traditionnelle classique indienne, mais aussi, en cassant les frontières et en travaillant avec de nouveaux sons et formes artistiques. Ce qui lui a valu plusieurs nominations aux Grammy Awards, grâce à ses nombreux albums, dont les plus récents, «Home» (2015) et «Land of Gold» (2016), furent une fulgurante réussite.
