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Abdelaziz Idrissi : «La FNM a une politique bien tracée et une stratégie déjà définie»

Depuis qu’elle a hérité des quatorze musées relevant du ministère de la Culture, la Fondation nationale des musées s’est assigné comme tâche l’administration, la gestion et la préservation de ces espaces culturels. Son rôle est donc de renforcer davantage la gouvernance muséale nationale en l'inscrivant dans une nouvelle approche de management culturel moderne, respectant les normes et les bonnes pratiques en termes de valorisation du patrimoine muséographique national.

Abdelaziz Idrissi : «La FNM a une politique bien tracée et une stratégie déjà définie»

Le travail colossal de la Fondation nationale des musées (FNM) n’a pas tardé à donner ses fruits, à travers la réouverture de certains musées, après leur mise en valeur, notamment celui de «La Casbah des cultures méditerranéennes» de Tanger et le «Musée de l’Histoire et des civilisations» de Rabat. D’autres seront ouverts incessamment, comme celui du palais Dar El Bacha «Musée des confluences» et le «Musée du tissage et du tapis Dar Si Saïd» à Marrakech, puis le «Musée national de la céramique» à Safi.
La FNM a aussi lancé d’autres projets dans ce sens concernant la réhabilitation des musées Dar Jamaï à Meknès et Dar El Batha à Fès. De grands chantiers que la Fondation nationale des musées s’est assigné pour tâche de remettre sur rails pour une meilleure accessibilité du large public. L’objectif, comme l’a indiqué Mehdi Qotbi, est de promouvoir, diffuser la culture muséale et de renforcer la qualité des structures et des espaces dédiés aux collections muséales.
«Pour réaliser ce projet, la Fondation nationale des musées a procédé par étape en lançant, à chaque fois, la mise à niveau d’un musée en rapport avec son importance et la ville où il se trouve. Cela nous permet de creuser dans le fonds de chacun pour en extraire les objets les plus importants. Avec les partenariats que la FNM est arrivée à conclure, nous sommes en train de réhabiliter un certain nombre de musées, comme ceux déjà restaurés à Marrakech et Safi. C’est une politique qui vise à s’intéresser à la totalité de la carte muséologique du Maroc. Mais, d’une manière organisée, c’est-à-dire qu’on va s’intéresser aux régions qui représentent un vide muséal, en reprenant les musées qui se trouvent en mauvais état, pour leur donner une nouvelle thématique, les relooker et faire ressortir les points forts de chaque collection. Puis, on est en train de s'orienter vers une autre région, celle de Fès et Meknès, dont les projets sont en cours de réalisation», souligne le directeur du Musée Mohammed VI, Abdelaziz Idrissi, qui n’a pas manqué de rappeler que la FNM compte poursuivre ce grand projet avec la réhabilitation des Musées ethnographique et archéologique de Tétouan qui, selon Idrissi, méritent aussi une attention particulière.
«On s’intéresse, également, au Musée de Laâyoune, actuellement fermé, et nous sommes en train de réfléchir pour la création d’autres musées avec des partenaires. Donc, la FNM a une politique bien tracée et une stratégie déjà définie que nous essayons de concrétiser étape par étape», renchérit Abdelaziz Idrissi. Ceci sans oublier de rappeler le bilan très positif du Musée Mohammed VI, dont les multiples activités ont permis aux Marocains de retrouver leur culture et découvrir celles des autres», conclut-il.


Entretien avec Mehdi Qotbi, président de la FNN

«Notre rôle n’est pas uniquement d’ouvrir des musées, mais de les faire vivre»

En dehors des grandes expositions accueillies, périodiquement, par le Musée 
Mohammed VI d’art moderne et contemporain, la Fondation nationale des musées (FNM), depuis qu’elle a hérité des musées nationaux du Royaume, ne ménage aucun effort pour leur mise à niveau en termes de rénovation des lieux et leur enrichissement par les collections adéquates. Dans cet entretien, le président de la FNM, Mehdi Qotbi, nous en parle amplement, ainsi que des multiples tâches de cette institution muséale.

Le Matin : Depuis votre nomination en tant que président de la Fondation nationale des musées (FNM), vous avez hérité de quatorze musées nationaux, dont vous avez la tâche de gérer, moderniser et démocratiser l’accès. Est-ce que la mise à niveau et la gestion de ces musées marchent comme vous le souhaitez ?
Mehdi Qotbi :
Je peux dire que ce bilan est positif, et cela grâce au travail d’une toute petite équipe. Depuis 2014, la FNM a entamé et achevé de grands chantiers et donne aujourd’hui une visibilité même à travers les appellations des musées. Notre objectif est également d’enrichir et d’apporter une complémentarité entre les musées à travers les collections qu’ils présentent. Mais aussi d’augmenter l’offre muséale dans chaque région. Le Musée «La Casbah des cultures méditerranéennes» de Tanger a ouvert à nouveau ses portes au public en 2016, en avril 2017 c’était au tour du Musée de l’archéologie, rebaptisé «Musée de l’Histoire et des civilisations», de faire peau neuve. Des ouvertures auront lieu très prochainement du côté de Marrakech, notamment le majestueux palais Dar El Bacha-«Musée des confluences» et le «Musée du tissage et du tapis Dar Si Saïd». Par ailleurs, le Royaume s'enrichira également d’un autre musée thématique, et cette fois-ci c’est à Safi que le public pourra découvrir le «Musée national de la céramique». En parallèle avec les réouvertures de musées, d’autres chantiers ont été lancés, comme Dar Jamaï à Meknès et Dar El Batha à Fès. D’autres projets de rénovations suivront, toujours dans cet objectif de proposer une offre muséale riche et diversifiée à travers toutes les régions du Maroc.

Comment procédez-vous pour avoir les fonds nécessaires pour la restauration et l’équipement de ces musées ?
La crédibilité acquise par la Fondation nous permet aujourd’hui d’avoir également des fonds du privé et en même temps nous disposons d’un budget de l’État qui n’est pas considérable, mais encourageant. C’est grâce à la politique et à l’appui insufflés par Sa Majesté le Roi depuis la création de la Fondation nationale des musées que des mécènes nous font confiance et nous aident à financer des projets de rénovation. Je cite notamment l’OCP ou encore Maroc Telecom, sans oublier le soutien précieux de Moulay Hafid Elalalmy ou Aziz Akhannouch, qui se sont impliqués personnellement. J’avoue que la Fondation a gagné en crédibilité, car de plus en plus de personnes du privé nous proposent leur aide.

Qu’en est-il des ressources humaines pour réaliser et accompagner ce projet de grande envergure ?
Nous manquons de ressources humaines qualifiées dans ce domaine. Et c’est aussi notre rôle de former cette génération qui va permettre de prendre la relève avec maîtrise et professionnalisme. Et c’est aussi le but des accords que nous concluons avec les différents partenaires à travers le monde. Le volet formation est extrêmement important.

Avez-vous une idée du temps que cela peut prendre pour que cette nouvelle structure donne ses fruits ?
La politique de rénovation et les réouvertures vont bon train. Nous avons établi une stratégie qui nous mène jusqu’à 2025. Car il ne suffit pas d’ouvrir des musées, il faut également les faire vivre. Aujourd’hui nous avons des musées thématiques avec une réelle scénographie et selon des standards internationaux, notamment en termes de médiation. Le Maroc dispose d’ailleurs de la plus grande variété muséale en Afrique et également dans la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord.


S’agissant des musées privés, quel est leur statut dans cette nouvelle structure étatique ? Quelle est votre relation avec ces musées sur le plan juridique et sur le plan du suivi ?
Cette fondation a été créée afin de gérer les musées publics, les musées privés ne dépendent donc pas de la FNM. Mais nous sommes souvent sollicités par ces institutions pour apporter notre expertise qui est aujourd’hui reconnue. La loi est en train d’évoluer afin que l’utilisation du mot musée ne puisse pas être galvaudée. Nous sommes en train de travailler en étroite collaboration avec le ministère de la Culture afin qu’une loi réglementant le label «Musée» soit présentée, et que l’appellation ne puisse plus être utilisée à tort et à travers.

Dans tout cela, comment se passe votre collaboration avec le ministère de la Culture ?
La Fondation est un acteur autonome, mais aussi complémentaire du ministère de la Culture avec lequel nous avons d’excellentes relations et partageons les mêmes visions, notamment le rayonnement culturel du Maroc.

Est-ce que la Fondation des musées est en mesure d’acquérir certaines collections de notre patrimoine qui se trouvent en dehors du Maroc ou chez certains collectionneurs marocains ?
La loi nous oblige à nous porter acquéreur des objets qui se trouvent à l’étranger ou chez certains 
collectionneurs.

Comptez-vous acquérir des œuvres plastiques pour constituer une collection privée du Musée ?
Comme vous le savez, tout ce qui est administratif est lent et c’est normal. Nous avons constitué un comité d’acquisition qui a pour objectif d’enrichir nos collections. Ce comité est constitué d’experts et de scientifiques reconnus, mais aussi de représentants du ministère des Finances.

Depuis son ouverture, le Musée Mohammed VI n’a organisé que des projets de grande envergure, en faisant appel à des collections très prestigieuses de différents pays. Qu’en est-il des plasticiens marocains ? Feront-ils un jour l’objet d’expositions à l’étranger par le biais du Musée ?
Le Musée Mohammed VI a, en effet, accueilli des expositions de grands noms afin de donner une visibilité internationale à Rabat Ville lumière Capitale de la culture. Je tiens à rappeler que chaque exposition prestigieuse était accompagnée d’une exposition de créateurs marocains. Ce musée a, aussi, été créé pour faire connaître la richesse et la diversité de la création moderne et contemporaine du Royaume. C’était le cas de l’exposition inaugurale «1914-2014 : 100 ans de créations», de la carte blanche donnée à Faouzi Laatiris qui a exposé individuellement, mais aussi auprès de ses élèves de l’école de Tétouan. Une autre exposition inédite a braqué les projecteurs sur les femmes artistes de la modernité, et prochainement, en mars, le Musée Mohammed VI
abritera une première exposition rétrospective de l’un des plus grands artistes marocains, Cherkaoui. À l’étranger s’est tenu l’événement «Le Maroc contemporain» à l’Institut du monde arabe, et nous avons, par ailleurs, souvent prêté des œuvres de nos musées à des institutions à travers le monde. Nous allons, également, organiser une manifestation à Abu Dhabi en mars 2018 et une Saison culturelle marocaine en Espagne en 2019. À travers toutes ces prestations, nous contribuons à la diplomatie culturelle mise en avant par Sa Majesté.

Quel rêve souhaitez-vous réaliser pour nos Musées nationaux ?
Nous avons un patrimoine et une histoire d’une richesse rare. Il est de notre devoir de les mettre en valeur, mais aussi de les mettre à la disposition de chaque citoyen marocain, qui pourra découvrir et mieux connaître la richesse de son histoire exceptionnelle. Nous souhaitons permettre d’enrichir les palettes de couleurs de chaque ville, car chacune d’entre elles possède ses propres richesses et nous avons le devoir de contribuer à ce développement.

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