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Ammais relance le débat sur la sécheresse des muqueuses

Les différents lubrifiants naturels jouent un rôle important dans notre corps. Sans eux, nous pouvons être victimes de nombreuses infections. C'est ce qu'on appelle le syndrome sec.

Ammais relance le débat sur la sécheresse des muqueuses
Pour lutter contre la sécheresse des muqueuses, les traitements principaux consistent à assurer l’humidité nécessaire des organes en cause.

L'Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (Ammais) a organisé, samedi dernier, en partenariat avec l'hôpital Cheick Khalifa, la cinquième rencontre entre patients et professionnels de santé sur la sécheresse des muqueuses (le syndrome sec) et sa forme la plus grave, la maladie de Gougerot-Sjogren. Les participants à cette rencontre ont rappelé que ce trouble, souvent méconnu, est un phénomène fréquent, mais encore négligé au Maroc, puisqu’un quart des personnes de plus de 60 ans en particulier en sont atteintes, à cause du vieillissement naturel de l’organisme, mais ne s’en rendent pas compte.

«La diminution des sécrétions de certaines glandes provoque une sécheresse, le plus souvent buccale et lacrymale, mais pouvant aussi toucher d’autres organes tels que la peau, les bronches, le nez ou le vagin. Ces sécrétions jouent un rôle de première barrière de défense contre les bactéries et leur déficit va laisser la porte ouverte aux inflammations oculaires, caries et infections du système digestif. Cette pathologie a un nom : le syndrome sec. Le travail et la lecture sur ordinateur, tablettes ou téléphone portable avec écran provoquent aussi une sécheresse oculaire qui concerne beaucoup de personnes, et en particulier les enfants et les adolescents dont près de 10% seraient atteints de ce trouble. La sécheresse buccale a, quant à elle, des conséquences néfastes sur la nutrition. Ces atteintes peuvent également s’expliquer par la prise de certains médicaments ou substances (plus de 400 spécialités pharmaceutiques sont susceptibles de provoquer un syndrome sec), par des infections virales (telle l’hépatite C), ainsi que par certaines pathologies, dont la maladie de Gougerot-Sjögren est la plus importante», explique Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente d’Ammais.

Khadija Moussayer ajoute : «Le Gougerot-Sjögren fait partie des pathologies auto-immunes où le système immunitaire attaque les propres constituants de l’organisme. Il touche entre 0,2 et 0,4% de la population et concerne essentiellement les femmes dans une proportion de 9 femmes atteintes pour un homme, soit plus de 60.000 femmes au Maroc. Souvent difficile à diagnostiquer, il se complique ou s’associe à de nombreux autres troubles : polyarthrite rhumatoïde, lupus, affections de la thyroïde, du foie, du sang… De plus, le Gougerot accroît de quarante fois les risques de survenue de cancers, et en cas de grossesse, l’éventualité d’une altération du cœur du fœtus. Les symptômes de ces troubles, trop souvent négligés au début, deviennent dans certains cas très handicapants, alors que de nombreuses solutions existent pour les résoudre ou au moins les diminuer».

Pour lutter contre la sécheresse des muqueuses, les traitements principaux consistent à assurer l’humidité nécessaire des organes en cause (emploi de larmes ou salives artificielles, stimulation de la production de ces substances par des médicaments…), et à prévenir les facteurs d'irritation tels que les exercices oculaires et les pauses pour le travail sur écran, bonne hygiène bucco-dentaire, suppression du tabac… La maladie de Gougerot-Sjögren, quant à elle, n’est pas encore guérissable, indiquent les participants à cette rencontre. «Outre les traitements déjà évoqués pour soulager le manque de sécrétions, elle doit faire l’objet d’un suivi régulier pour maitriser les éventuelles complications qui nécessitent souvent l’usage de thérapeutiques plus lourdes (corticoïdes, médicaments immuno-suppresseurs…). La mise au point actuelle de nouveaux traitements, les biothérapies issues des biotechnologies, laisse entrevoir de grands espoirs pour la résolution de cette pathologie dans l’avenir», souligne la présidente d’Ammais.

«On ne peut que regretter cependant que, dans une maladie complexe comme le Gougerot, qui peut s’attaquer à plusieurs organes, beaucoup de patients marocains soient souvent diagnostiqués tardivement ou même jamais diagnostiqués et ne soient soignés que sur l’expression de leurs symptômes. Un nomadisme médical parfois incontrôlé, l’absence de dossier médical unique et d’un médecin référent qui centralise les informations et coordonne les soins comme en Europe rendent, en effet, difficile une bonne prise en charge», déplore Khadija Moussayer.

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