«La chirurgie cardiaque est sûre avec très peu de complication de manière globale, mais quand on regarde dans le détail, il semble que la chirurgie l'après-midi confère une protection au cœur», commente auprès de l'AFP David Montaigne, cardiologue à Lille et coauteur de l'étude publiée dans le journal médical britannique «The Lancet». «La compréhension de ce mécanisme permet d'envisager de nouvelles voies thérapeutiques», ajoute-t-il. Environ 20.000 personnes sont opérées chaque année du cœur en France, souvent en lien avec la vieillesse, l'obésité ou le diabète. «Le moment de la journée, donc l'horloge biologique et le rythme circadien influencent la réponse du patient à ce genre d'opération», poursuit le Pr Bart Staels de l'université et du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Lille, coauteur. «La différence n'est pas négligeable».
D'après l'étude, cette différence est liée à la tolérance à l'ischémie, privation d'oxygène des cellules cardiaques due à l'arrêt momentané du cœur, nécessaire pour l'opération.
Une protéine (Reverb alpha), liée aux gènes de l'horloge biologique, est présente en plus grand nombre le matin, selon les résultats observés chez les souris. «Si on l'enlève, pendant la période de réveil, la susceptibilité de l'animal à l'ischémie change», explique-t-il. Les auteurs préconisent donc d'opérer de préférence l'après-midi, avec «les difficultés logistiques que cela suppose». Des médicaments bloquant la protéine identifiée pourraient également être développés. «On ouvre une piste intéressante», estime le chercheur Bart Staels. Sur la base de leurs résultats, les auteurs estiment dans l'article que de plus amples essais sont nécessaires. Ils notent également que des recherches doivent être conduites pour mieux identifier les patients à risque élevé de complications opératoires.
