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Comment maîtriser son trac ?

«Le trac est une réaction de stress normale et courante», souligne Giselle Hardt, fondatrice de Talk2Lead Maroc, formatrice, conférencière et conseillère en communication professionnelle stratégique, business storytelling et art oratoire. Elle explique que le corps, en réaction à une situation ressentie comme dangereuse, produit une quantité supérieure d’adrénaline et de cortisol. Résultat : les mains deviennent moites, les battements cardiaques et la respiration s’accélèrent et la transpiration devient abondante. Heureusement, le trac qui reste tout de même positif peut parfaitement être maîtrisé.

Comment maîtriser son trac ?
Le trac pour certains peut s’approcher d’un état de «transe», où l’individu se déconnecte du moment présent, se réfugie en lui-même et perd la connexion avec le monde extérieur.

Éco-Conseil : Comment se manifeste le trac et dans quelles situations ?
Giselle Hardt : Le «trac» n’est rien d’autre que le stress instinctif face à une situation d’exposition de soi. Il peut se manifester lors d’une prise de parole en public, d’un exposé, d’une présentation ou d’un pitch, d’un tour de chant, de danse, d’un premier rendez-vous galant, ou plus traditionnellement en montant sur scène devant des centaines de personnes. Tout ça est merveilleusement naturel !
Imaginez que vous êtes un homme primitif. Vous chassez seul dans la savane sous un soleil de plomb quand, soudain, vous vous retrouvez face à un groupe de chasseurs guerriers d’une tribu rivale. Que faites-vous dans un tel cas ? Vous cessez de réfléchir et l’instinct de survie prend le contrôle. C’est ce que se produit chez tous les mammifères.
Confronté à une situation ressentie comme dangereuse, le corps produit une quantité supérieure d’adrénaline et de cortisol. Résultat : les mains deviennent moites, les battements cardiaques et la respiration s’accélèrent, la transpiration devient abondante.
Ces réactions physiologiques se produisent pour notre survie. Depuis nos ancêtres primitifs, notre corps est programmé pour réagir en cas de danger par la fuite ou par l’affrontement physique.
Ce qui se passe lors d’une prise de parole est que le cerveau reptilien (primitif) assimile la situation face à un public ou à un danger physique et nous prépare à réagir et, éventuellement, à courir… envoyant plus de sang dans les jambes que dans le cerveau, justement quand on en a besoin. C’est pour cela qu’avoir «un blanc» à ces moments-là est assez fréquent.
C’est une sorte de tourbillon qui nous emporte dans une dimension presque métaphysique qui, pour certains, peut s’approcher d’un état de «transe», où l’individu se déconnecte du moment présent, se réfugie en lui-même et perd la connexion avec l’extérieur. Celui qui a déjà vécu un tel cauchemar n’aura probablement plus envie de réitérer l’expérience. Cependant, une chose est sûre, il (elle) devra le faire, tôt ou tard. Épreuves à l’orale, défense de thèse, entretien d’embauche, présentations, réunions, comités d’entreprise, networking, pitchs, discours… Dans la vie académique, personnelle et professionnelle, nous sommes appelés à parler en public – que celui-ci soit constitué de 2 ou de 2.000 personnes – et plus un individu monte dans la hiérarchie, plus cela devient indispensable.

Y a-t-il un rapport entre la timidité et le trac ?
Le trac est une réaction de stress, qui est normale et courante. Des études ont estimé que parmi les plus grandes peurs des êtres humains, la peur de parler en public arrive avant celle de la mort. Le trac n’est donc pas un inconvénient réservé aux timides, mais il est vrai que ceux-ci éprouvent une double souffrance par rapport au trac.
La plupart des personnes souffrant de timidité sont perfectionnistes, ont un très haut niveau d’attentes en relation à leurs propres performances, en même temps qu’un manque d’estime de soi. Parler en public requiert une certaine confiance en soi ainsi qu’une bonne image de soi. Les timides ont tendance à surestimer le danger. Ils ont souvent peur de rougir, de bégayer, de trembler, d’avoir un trou, de tomber, d’être hués, de se faire jeter des tomates, bref, peur de sembler ridicules aux yeux des autres. Ces peurs peuvent être extrêmement handicapantes pour leur vie sociale comme professionnelle, alors qu’elles sont purement de l’ordre du fantasme. La moquerie effrontée du public n’est qu’un mythe. L’auditoire est constitué d’humains comme nous. Comme nous, il connait ou a connu le trac. S’il voit que vous êtes nerveux, il ne vous brutalisera point, au contraire. Les gens, vous voyant en difficultés, auront de l’empathie et seront plus réceptifs : ils riront plus volontiers de votre humour ou acquiesceront davantage à vos dires, car, croyez-moi, le public veut que vous soyez à l’aise !

Peut-on vaincre le trac ou du moins l’apprivoiser ?
Je suis d’avis que le trac est positif et ne doit pas être éliminé, mais maîtrisé de façon à nous donner la juste dose d’adrénaline et d’énergie sans pour autant être handicapant.
La première chose à faire pour le gérer c’est d’apprendre à respirer. Le stress bloque le diaphragme empêchant l’énergie de circuler. Il diminue aussi l’oxygénation du cerveau, ce qui ne fait qu’augmenter le stress et les chances d’avoir effectivement un trou de mémoire. Alors, avant de prendre la parole, je conseille toujours une brève séance de respiration abdominale : respirer profondément et régulièrement non pas en remplissant les poumons comme d’ordinaire, mais en gonflant le ventre. Inspirer lentement par le nez en comptant jusqu’à 4, retenir la respiration durant 4 temps, expirer par la bouche en comptant 4 temps. Répéter l’opération 4 fois. C’est la respiration 4x4. Facile à retenir, non ? 

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