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Élections régionales cruciales en Catalogne aujourd'hui

Avec des partis indépendantistes décidés à revenir au pouvoir malgré l’échec de leur projet sécessionniste et des formations constitutionnalistes qui se sentent portées par un regain d’intérêt de la "majorité silencieuse" hostile à l’indépendance pour la chose politique locale, les élections régionales anticipées de jeudi en Catalogne s’annoncent très incertaines.

Élections régionales cruciales en Catalogne aujourd'hui
Le dispositif de sécurité qui sera déployé lors des élections régionales anticipées en Catalogne sera plus important que celui mobilisé lors d’autres échéances, a indiqué le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido. Ph. DR

Convoquées par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy en application de l’article 155 de la Constitution après le vote d’une déclaration illégale d’indépendance le 27 octobre par le parlement de Catalogne, les élections régionales anticipées d'aujourd'hui en Catalogne s’annoncent très incertaines et sont aussi cruciales pour l’avenir politique de la région, notamment pour le bloc constitutionnaliste qui espère tourner la page d'un processus sécessionniste jugé illégal. Selon le Bulletin officiel de l’État espagnol, un total de 5.553.983 personnes, dont 224.844 vivant à l’étranger, sont appelées aux urnes lors de ces élections régionales qui verront s’affronter 17 listes dans les quatre provinces de la Catalogne et d’où sortiront les 135 députés du prochain parlement régional. Dans le camp indépendantiste, les dernières enquêtes d’opinion montrent une montée de la liste de l’ex-président du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, «Unis pour la Catalogne», qui était devancée par l’ERC (Gauche républicaine catalane). S’agissant du bloc constitutionnaliste, le parti centriste Ciudadanos est au coude à coude avec le Parti socialiste de Catalogne (PSC), deux formations qui veulent en finir avec la possibilité d’une indépendance de la Catalogne. Les partis indépendantistes ont mené une campagne électorale axée sur la défense de leur projet scissionniste et des ex-responsables du gouvernement aussi bien ceux poursuivis en détention provisoire pour «rébellion et sédition» que ceux qui n’ont pas comparu devant la justice et choisi de s’expatrier en Belgique. Le bloc unioniste, quant à lui, s’est présenté en garant de la stabilité de la Catalogne. Il a axé son discours notamment sur les retombées négatives du processus sécessionniste sur l’économie catalane, notamment avec des milliers d’entreprises ayant transféré leurs sièges sociaux en dehors de cette région depuis le 1er octobre, jour du référendum illégal sur l’indépendance de cette région. Selon les observateurs, l’attachement de chacune des formations politiques à sa position n’a pas permis d’alliances ou de pactes pré-électoraux. Le dernier débat télévisé de la campagne électorale, organisé mardi, n’a pas laissé entrevoir de rapprochement entre les partis en lice, ni entre ceux du bloc unioniste ni entre ceux favorables à l’indépendance. Les enquêtes d’opinion ne donnant pas de majorité absolue suite à ces régionales, le prochain parlement de la Catalogne sera fragmenté et une coalition sera nécessaire pour pouvoir former un gouvernement régional. Le Parlement catalan était dominé depuis 2015 par les partis indépendantistes, qui avaient obtenu 47,8% des voix aux dernières élections. Le scrutin du 21 décembre permettra à ces partis de poursuivre leur domination ou changera-t-il le visage de l’assemblée régionale ? Tel est tout l’enjeu de ces élections. Il s’agit d’élections régionales qui tiennent toutefois en haleine toute l’Espagne, d’autant plus que la situation en Catalogne s'est hissée en deuxième position sur la liste des sujets d'inquiétude des Espagnols, après le chômage. Autre signe de l’importance accordée à cette échéance, les résultats d’un sondage mené par le Centre de recherches sociologiques (CIS), selon lesquels 84,6% des électeurs sont certains d'aller voter. Le même sondage avant les dernières élections régionales catalanes de 2015 prévoyait 68,6% de participation et qui a finalement été de 77,4%. Par ailleurs, le dispositif de sécurité qui sera déployé lors des élections régionales anticipées en Catalogne sera plus important que celui mobilisé lors d’autres échéances, a indiqué le ministre espagnol de l’Intérieur, Juan Ignacio Zoido. S’exprimant lors d’une conférence de presse à Madrid, M. Zoido n’a pas donné de détails sur le nombre d’agents des différents services de sécurité qui seront mobilisés à cette occasion, se disant toutefois confiants en le déroulement de ces élections dans des conditions normales. Rappelons qu’aucun incident n’a été enregistré en Catalogne ces dernières semaines, le ministre espagnol a relevé que le dispositif sécuritaire déployé s'assigne pour mission de ne rien laisser perturber la journée électorale. Interrogé sur la possibilité de cyber-attaques lors de ces élections régionales, M. Zoido a rappelé que ce genre d’attaques se produisent depuis des années et qu’elles se sont accentuées dernièrement, soulignant que les services de sécurité sont préparés pour les contrer. Il a précisé, à cet égard, que des dispositifs spéciaux ont été établis pour éviter que d’éventuelles cyber-attaques puissent perturber le bon déroulement des élections. Sur le plan économique, quelque 3.042 entreprises ont transféré leur siège social de la Catalogne vers d'autres régions de l'Espagne, entre le 2 octobre et le 14 décembre 2017, selon des données de l'agence des registres commerciaux espagnols qui font état toutefois d'un ralentissement du rythme des départs au cours des dernières semaines. 
MAP. Mohamed Taoufik Ennassiri

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