Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Nation

Des experts dissèquent les enjeux et les opportunités de l’adhésion du Maroc à la Cédéao

Le Syndicat national de la presse marocaine et le nouveau Centre des études de l’Afrique et du Moyen-Orient se sont intéressés à la question de l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Pour jeter la lumière sur les opportunités et les défis de cette adhésion, ils ont organisé une table ronde animée par des experts et des universitaires.

Des experts dissèquent les enjeux et les opportunités de l’adhésion  du Maroc à la Cédéao
La question de l’adhésion du Royaume à la Cédéao est devenue un sujet d’ordre public marocain et africain.

L’opinion publique accorde un intérêt grandissant à l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Ainsi, afin de jeter la lumière sur ce groupement régional et sur les enjeux d’une éventuelle adhésion du Maroc, deux organisations, à savoir le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) et le Centre des études de l’Afrique et du Moyen-Orient (AMES Centre), ont organisé, mardi au siège du syndicat de la presse, une rencontre au cours de laquelle les différentes facettes de cette question ont été abordées. À cette occasion, le président du SNPM, Abdellah Bakkali, a souligné l’importance de braquer les projecteurs sur ce sujet afin d’éclairer l’opinion publique sur les développements qui y sont liés. Il a précisé que c’est un partenariat qui doit être encouragé.

Pour sa part, Khalid Chegraoui, le président d’AMES Centre, a souligné que la question de l’adhésion du Royaume à la Cédéao est devenue un sujet d’ordre public marocain et africain. Il est donc, selon lui, nécessaire d’en discuter et de procéder à des études et analyses à même de répondre aux attentes de l’opinion publique. Il a affirmé que ce sujet présente de nombreuses ramifications, précisant que la tâche du Maroc pour intégrer la Cédéao n’est pas aussi facile qu’il y paraît. D’autant que la Tunisie a demandé à avoir le statut d’observateur et un accord d’association est également demandé par la Mauritanie pour revenir à la Cédéao. Selon le même intervenant, même l’Algérie aurait demandé à avoir un statut au sein de cet espace communautaire, «mais on ne sait pas encore qu’elle est la nature de ce statut qu’elle demande», dit-il.
De son côté, Hicham Hafid, chercheur à l’Institut des études africaines (IEA), a mis en avant les atouts, mais aussi les paradoxes qui traversent la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Il a ainsi expliqué que les pays africains de l’Axe Est-Ouest constituent les locomotives de la croissance économique du continent, et ce avec des taux moyens de croissance respectifs de 6,5 pour l’Afrique de l’Est et 6,3% pour l’Afrique de l’Ouest durant la période 2008-2017.
Cependant, cette croissance économique a marqué un recul de taille en 2016, avec 0,4% contre 3,3% en 2015, du fait du recul des prix des matières premières qui s’est prolongé jusqu’en 2016. «Une baisse qui souligne le poids important du Nigeria dans la contribution du PIB régional, voire continental», affirme-t-il. Il avance également que le défi de la bonne gouvernance est à relever dans cette zone qui compte plusieurs pays mal classés en termes de gouvernance globale. «En termes de développement humain, avec un indice de développement moyen de 0,450 pour l’Afrique de l’Ouest, la plupart des pays de la zone se situent dans la catégorie des pays à faible développement humain. Seuls le Cap-Vert et le Ghana se retrouvent dans la catégorie des pays à développement humain moyen», a-t-il déclaré.

En ce qui concerne les échanges du Maroc avec la Cédéao, ils sont passés, dit-il, de 868,45 millions de DH en 2000 à 6.182,68 millions de DH en 2016. Entre 2005 et 2015, le stock des investissements directs marocains en Afrique s’est chiffré à 24,3 milliards de dirhams, dont 84,7% en Afrique subsaharienne. Dans ce stock, le Mali représente une part de 19,8% des flux, la Côte d’Ivoire 15,6%, le Burkina Faso 10,9%, le Sénégal 10,4% et le Gabon 8,7%.
Le volet relatif à la problématique de la circulation au sein de cette espace communautaire a été évoqué par la chercheuse Fatima Aït Belmadani qui a insisté sur le fait que, depuis la création de la Communauté économique en 1975, les membres ont adopté une démarche progressive en matière de libre circulation des populations des 15 pays membres. Elle a ainsi considéré que le Maroc doit, au cours des négociations, demander à bénéficier du même régime de progressivité.
Les effets de l’intégration du Maroc à la Cédéao sur le plan religieux ont été également évoqués lors de cette rencontre. Le chercheur Rachid Belebah a affirmé que le Maroc aura un rôle très important à jouer dans ce cadre. Cependant, à la lecture de l’étude d’impact élaborée par la Cédéao concernant l’adhésion du Maroc à cette communauté, trois craintes ont été évoquées, estime-t-il. Une première revient au fait que l’étude souligne la nature du système marocain sur le plan religieux, qui ne connaît pas une diversité religieuse comme c’est le cas dans les pays de la communauté. La deuxième crainte revient au fait que la religion représente un enjeu de taille dans le jeu politique marocain. La troisième crainte mise en avant, et qui a laissé la salle stupéfaite, est celle de l’exportation du terrorisme dans la zone de la Communauté.               

Lisez nos e-Papers