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Inde : l'ombre de la démonétisation sur la croissance en baisse

Inde : l'ombre de la démonétisation  sur la croissance en baisse
New Delhi a indiqué tabler sur une croissance de 6,75 à 7,5% pour l'exercice 2017-2018, qui débutera au 1er avril.

La croissance de l'Inde, l'une des plus rapides d'une économie mondiale en berne, devrait ralentir pour l'année fiscale en cours selon des projections officielles, un freinage que les conséquences de la démonétisation controversée de l'automne pourraient bien accentuer. Selon des statistiques officielles, «le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) à prix constants pour l'année 2016-17 est placé à 7,1% contre 7,6% en 2015-16», indique un communiqué du ministère des Finances à l'occasion de la publication de son Economic Survey annuel, qui précède la présentation du budget au Parlement. Mais «cette estimation est basée principalement sur les informations des sept-huit premiers mois» de l'année fiscale (avril-mars), précise le texte. Il ne prend donc pas en compte le ralentissement brutal de la consommation provoqué par la démonétisation de 24 milliards de billets annoncée début novembre.

Le taux final pour l'exercice actuel sera «plus bas d'au moins 50 ou 60 points de base», avance Ashutosh Datar, économiste à IIFL Institutional Equities. Ce décrochage ferait passer l'Inde en seconde place des croissances les plus rapides des économies développées du globe, derrière son voisin chinois. Si la démonétisation aura un «impact négatif» sur la croissance indienne, concède un communiqué séparé du gouvernement, ses effets n'en seront que «transitoires», assure-t-il ensuite.

Dans ce contexte, New Delhi a donc indiqué tabler sur une croissance de 6,75 à 7,5% pour l'exercice 2017-2018, qui débutera au 1er avril. «Une fois que le stock d'argent liquide aura été rétabli, ce qui devrait intervenir d'ici fin mars 2017, l'économie reviendra à la normale», assurent les autorités. Une large amplitude de prévision de croissance qui fait lever des sourcils dans les rangs des économistes. «Cela veut dire qu'il y a énormément de flous en termes d'estimations des effets de la démonétisation et c'est assez évident que cela se répercutera aussi sur la prochaine année fiscale», commente pour l'AFP Sunil Sinha d'India Ratings & Research.

Revenu universel ?

Le gouvernement nationaliste hindou de Narendra Modi avait décrété il y a trois mois que les billets de 500 et 1.000 roupies (6,5 et 13 euros), coupures les plus élevées et qui représentaient 86% de la valeur de l'argent liquide en circulation, n'avaient plus de valeur légale. Cette mesure radicale, dont la mise en œuvre et la pertinence ont été critiquées par de nombreux économistes, se voulait destinée à lutter contre l'évasion fiscale et à faire rentrer dans le secteur bancaire une partie de l'énorme secteur informel de l'économie indienne. Mais elle a aussi eu pour effet immédiat de déclencher une ruée sur les banques, qui se sont trouvées à sec, et d'entraîner un ralentissement de la consommation dû à la pénurie d'argent liquide.

Dans ses dernières prévisions, le Fonds monétaire international a sévèrement diminué d'un point sa prévision de croissance pour l'Inde sur 2016-17 afin d'intégrer les événements économiques de l'automne. Elle n'est désormais plus que de 6,6%, contre 7,6% initialement. L'institution va, elle, sur un gonflement du PIB de l'Inde de 7,2% pour 2017-18.

La démonétisation «a eu des conséquences à court terme qui sont authentiques et significatives. Je pense qu'il y a eu des difficultés et une gêne notamment pour les personnes du secteur informel, mais il y a aussi un potentiel de bénéfices sur le long terme», a commenté en conférence de presse Arvind Subramanian, haut conseiller économique du gouvernement. Cette présentation des objectifs économiques intervient, comme le veut la tradition, à la veille de la présentation au Parlement du budget pour l'année fiscale à venir. Il a été avancé à partir de cette année d'un mois par rapport à l'agenda habituel, pour permettre une mise en œuvre dès le début de l'exercice fiscal au 1er avril. Comme en écho à un débat qui agite plusieurs pays du monde, et qui s'est notamment invité dans la campagne présidentielle française, l'Economic Survey propose au gouvernement indien de remplacer ses différentes et complexes aides sociales par un revenu universel de base. Objectif : éradiquer la pauvreté dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants.

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