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Jean Lemierre : «Le Maroc, une exception en Afrique du Nord»

Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’occasion de rencontrer le président du Conseil d’administration du groupe BNP Parisbas, classé dans le top 10 des plus grands établissements bancaires du monde, avec un Produit net bancaire de 44,3 milliards d'euros (50% du produit intérieur brut du Maroc), une présence dans 74 pays et des effectifs frôlant les 200.000.

D’un abord facile, utilisant un langage des plus limpides, sans langue de bois, Jean Lemierre nous a reçus jeudi dernier, en marge de sa visite au Maroc, la première depuis qu’il préside aux destinées du groupe, qui va fêter son bicentenaire dans quelques années, puisque sa création remonte à 1824.
Dans la salle du Méchouar à Casablanca, entouré de son staff et de l’état-major de la BMCI, notamment Laurent Dupuch, président du Directoire, Jawad Hamri, président du conseil de surveillance, Rachid Marrakchi, membre du Directoire, directeur général, et Karima Benabderrazik, directrice de la communication, Jean Lemierre a fait un tour d’horizon des sujets intéressant l’économie mondiale, l’Europe, l’Afrique ainsi que BNP Parisbas et sa filiale BMCI, et bien sûr le Maroc.

Des rencontres fructueuses et des perspectives prometteuses
M. Lemierre a eu au cours de cette visite de multiples entretiens avec des responsables marocains. Il est cependant resté discret sur ses discussions avec le gouverneur de Bank Al-Maghrib, sur lequel il n’a pas tari d’éloges, qualifiant le système bancaire marocain de robuste et soulignant le rôle d’une Banque centrale qui est de donner de la stabilité, de la sécurité et de la visibilité. Il a en outre loué les choix du Maroc en matière industrielle, d’attraction de grands groupes et de promotion des exportations. Il a insisté sur la stabilité, condition sine qua non pour gagner la confiance des investisseurs, rappelant la collaboration de son groupe avec le Trésor marocain pour des levées de fonds.
La vision marocaine pour l’Afrique a également été amplement saluée par le Président du Conseil d’administration du groupe BNP Parisbas qui estime que le Royaume représente une exception en Afrique du Nord. Rappelant la dynamique insufflée durant les quinze dernières années en matière de déploiement en Afrique, les nouveaux métiers du Maroc, son attractivité et les différents savoir-faire développés, M. Lemierre a résumé la position du Maroc en la qualifiant d’exceptionnelle et de modèle à dupliquer.

Banques participatives : un modèle inédit et visionnaire
Trois facteurs qui militent en faveur de la réussite de ce projet. D’abord la fixation d’un cadre et des règles du jeu par les autorités monétaires, car dans d’autres marchés, ce cadre n’a pas été fixé, ce qui a occasionné des abus et des zones d’ombre. Ensuite, c’est la volonté de permettre à tous d’accéder à des services bancaires et de financement, conformes à leurs convictions. Enfin, l’augmentation du taux de bancarisation, l’inclusion financière de populations jusqu’alors exclues et l’injection de la monnaie thésaurisée dans le circuit financier, qui permettront une meilleure allocation des ressources et une amélioration du financement de l’économie. Relayant M. Lemierre sur ce sujet, le président du directoire de la BMCI, M. Laurent Dupuch, a indiqué que les activités de banque participative seront lancées début 2018 par la banque sous forme de fenêtre, avec toutefois une muraille de Chine avec les activités classiques, ajoutant que la BMCI bénéficiera du savoir-faire de sa maison-mère qui exerce cette activité, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. M. Lemierre a fait part de sa fierté d’avoir récemment conseillé et accompagné l’Arabie saoudite dans une levée de fonds en obligations souveraines en régime Sukuk (ndlr : rien n’exclut une opération semblable pour le Maroc qui doit en émettre dans les prochaines semaines).

Adhésion du Maroc à la Cédéao : un processus long et complexe
M. Lemierre estime que cette adhésion est bénéfique à long terme, encore faudrait-il traiter les problématiques de convergence de l’économie marocaine, bien en avance sur les économies des autres pays membres et beaucoup plus ouverte. Il évoque des compromis à trouver. Un deuxième écueil est celui de l’intégration monétaire. Selon lui, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) tirera au moins deux avantages de l’admission du Maroc. Le premier est l’allocation de ressources et le financement, le deuxième est l’ouverture et le développement des échanges. Il rappelle enfin la nécessité d’être attentifs en Afrique aux cycles économiques que connaissent les matières premières ainsi qu'aux cycles politiques.

Flexibilité du taux de change : une évolution dans l’ordre normal des choses
Pour M. Lemierre, la question est de savoir si le Maroc souhaite poursuivre sa politique d’ouverture et de s’arrimer à l’économie mondiale. Bien sûr, la réponse est oui et il faudrait tôt ou tard adapter son dispositif de changes pour accompagner cette ouverture. Certes, il faut prévoir des garde-fous et avancer graduellement et prudemment, en démarrant notamment avec une bande de fluctuation étroite et corriger au gré de l’évolution des indicateurs. Le président de BNP Parisbas s’est dit confiant dans la capacité des décideurs marocains de faire évoluer le système de change et que l’économie marocaine est compatible avec cette évolution, concluant que c’est avant tout une décision des politiques qui doivent choisir le moment propice. 

Trois plateformes opérationnelles à CFC pour les activités de BNP Parisbas en Afrique – 200 ingénieurs à recruter
Déjà présente à Casablanca à travers ses activités de traitement informatique, BNP Paribas a décidé d’installer à Casablanca ses équipes de Banque d’investissement, ses équipes d’audit et de contrôle interne qui couvriront les filiales africaines, enfin les équipes de consulting interne, d’organisation et de ré-engineering des systèmes d’information. Pour ce faire, il est prévu le recrutement, dans les deux années à venir, de 200 ingénieurs marocains qui s’ajouteront aux effectifs déjà existants. Pourquoi le choix de Casablanca ? Deux raisons principales : Casablanca est un hub intéressant doté de voies de transport et de communication. La deuxième raison est la disponibilité de compétences qui n’ont rien à envier à leurs homologues européennes.

BMCI, une banque engagée pour l’économie marocaine
Parlant de la BMCI, M. Lemierre a souligné sa profondeur historique au Maroc, sa bonne connaissance du tissu économique et son engagement pour les entreprises et les particuliers. Nous connaissons bien le marché marocain et nous comptons accompagner la dynamique du Royaume, a indiqué M. Lemierre. D’ailleurs, les concours de la BMCI, notamment en matière de crédits d’investissement, ont bien progressé ces derniers mois. Par ailleurs, les investissements en système d’information et dans la modernisation du réseau se poursuivent, pour un service à haute valeur ajoutée à la clientèle, grâce aux centres d’affaires dédiés aux entreprises. 


Lire également l'integralité de l'entretien accordé

au Matin dans le Matin-Eco.

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