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Organisé en collaboration avec le ministère de la Culture et de la communication, la wilaya de la région Marrakech-Safi et le conseil communal de la ville, l’hommage posthume à cette icône de la littérature ibérique a réuni des officiels, des écrivains, des intellectuels, des traducteurs et des amis du défunt tant marocains, espagnols que français.
Destinée à célébrer la mémoire de cet écrivain engagé, cette journée a été l’occasion pour tous les intervenants de reconnaître unanimement la valeur de cet authentique homme de lettres et de mettre en exergue ses qualités aussi bien humaines que littéraires. Dans ce contexte, un hommage appuyé a été rendu à cet auteur de talent et de notoriété internationale, un Espagnol de naissance rendu citoyen du monde par la vie, un humaniste hors pair, un écrivain rebelle, un militant acharné du métissage des cultures et à un homme qui ne parlait que de la puissance de la seule imagination sur la réalité.
Fervent défenseur de l’indépendance intellectuelle et de la pensée critique, Juan Goytisolo ou l’écrivain des deux rives a consacré toute sa vie à la défense des migrants, des minorités, des opprimés et du nombre affolant des laissés-pour-compte, ont-ils ajouté, mettant à cet égard en évidence son engagement indéfectible et infatigable dans la défense des causes justes, dont la question palestinienne et la marocanité du Sahara. Tout en se remémorant son œuvre foisonnante et multidimensionnelle ainsi que ses contributions qui ont énormément enrichi le paysage intellectuel sous toutes ses facettes, les intervenants n’ont pas manqué de souligner le fort attachement du défunt au Maroc et plus particulièrement à Marrakech, ville dans laquelle il a vécu plusieurs années et qui lui a inspiré plusieurs œuvres.
Cet attachement à la cité ocre, ont-ils fait remarquer, est illustré dans sa démarche militante engagée dans les années 1990 et qui avait abouti à la proclamation en 2001 de la Place mythique de Jamaâ El-Fna en tant que patrimoine oral et immatériel de l’Humanité par l’Unesco. À leurs yeux, le militantisme de Juan Goytisolo en faveur du classement de ce cœur battant de Marrakech au patrimoine universel a permis au monde de prendre conscience de l’importance de l’oralité dans nos cultures et d’instaurer, pour la première fois, le concept de patrimoine oral de l’Humanité.
Ouvrant le bal de cette journée-hommage, le ministre de la Culture et de la communication, Mohamed Laâraj, avait relevé que ce monument phare de la littérature hispanophone demeure une mémoire vivante qui, tout au long de son séjour à Marrakech, a accompagné les profondes mutations qu’a connues la Place Jamaâ El-Fna. Servant de trait d’union entre l’Orient et l’Occident et de passerelle entre le Maroc et l’Espagne, le défunt écrivain n’a jamais cessé de son vivant de valoriser la culture arabo-islamique qu’il aimait tant.
Il a, dans ce cadre, appelé à perpétuer l’œuvre de cet immense écrivain dont la mémoire restera comme celle d'un personnage qui a marqué de son empreinte la scène culturelle tant au Maroc qu’en Espagne. Après avoir salué grandement son engagement indéfectible pour les nobles causes, dont celles de la Palestine et du Kosovo, le ministre a indiqué que le militantisme de Juan Goytisolo pour ces causes justes et les peuples opprimés fait de lui une personnalité très respectée au niveau international.
Dans le même ordre d’idées, l’ambassadeur d’Espagne à Rabat, Ricardo Diez-Hochleitner, a estimé que Juan Goytisolo «n'était pas seulement un extraordinaire rénovateur de la littérature espagnole, mais aussi un penseur reconnu au niveau international et un trait d'union entre le Maroc, le pays qui l'a accueilli, et l'Espagne, son pays d'origine». Et d’ajouter que son intervention a été décisive dans la proclamation de la Place Jamaâ El-Fna en tant que patrimoine oral de l’Humanité, notant que cette mobilisation témoigne, si besoin est, de son engagement envers le peuple marocain qu’il affectionnait tellement et la culture qu’il chérissait profondément.
Le diplomate espagnol a également fait observer que la relation du défunt avec le Royaume, qui remonte à plus de 40 ans, se manifeste clairement dans ses œuvres mondialement célèbres.
Cette journée-hommage a également été marquée par le vernissage d’une exposition d’arts plastiques d’artistes amis de l’auteur et le show d’un «hlayqi» (conteur) qui a raconté, sur la Place Jamaâ El-Fna, des contes inspirés des œuvres de son ami Juan Goytisolo.
Natif de Barcelone en 1931, Juan Goytisolo est l’auteur de plus d’une cinquantaine d’essais et de romans. Lauréat en 2016 du Prix Cervantès, considéré comme le Nobel de la littérature hispanophone, le défunt avait remporté aussi le Prix «Europalia» en 1985, le Prix «Octavio Paz» en 2002, le Prix Juan Rulfo de la littérature latino-américaine en 2004 et le Prix national des Lettres espagnoles en 2008.
