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Khalil Damoun : «Maîtriser la technologie n’est pas suffisant, il faut avoir une culture cinématographique»

La quatorzième édition du Festival international du film transsaharien de Zagora a été, une occasion pour débattre de sujets d’actualité, dont l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur la production cinématographique en Afrique. Pour cela, les organisateurs ont fait appel à quatre professionnels du secteur, notamment le Sénégalais Mbengue Mouhamadou Abdou Rahmane, l’Ivoirien Yéo M’Bah Aboubacar ainsi que les Marocains Bouchta Farqzaid et Khalil Damoun. La rencontre a été animée par l’écrivain et critique de cinéma Ahmed Sijilmassi.

Khalil Damoun : «Maîtriser la technologie n’est pas  suffisant, il faut avoir une culture cinématographique»
Les experts invités à cette conférence ont décortiqué la relation entre nouvelles technologies et cinéma en Afrique.

Des spécialistes ont fait un tour d’horizon des limites et défis de ces outils numériques, et ce, pour une utilisation adéquate et de qualité, surtout pour les jeunes cinéastes, de plus en plus nombreux, grâce à la facilité à se procurer le matériel de tournage. Cette rencontre a, également, été une opportunité pour expliquer aux jeunes de la région de Zagora, passionnés du cinéma, les bienfaits et inconvénients de cette nouvelle technologie. C’est vrai, comme l’a souligné le professeur Bouchta Farqzaid, que le numérique offre plus de chance aux réalisateurs de filmer tout le temps et partout. «Mais, n’empêche que beaucoup de ces films ne possèdent pas une vraie écriture cinématographique. Par ailleurs, la plupart de ces productions ne peuvent être inscrites que dans la catégorie des films vidéo. C’est vrai que ces jeunes maitrisent bien la technologie, toutefois beaucoup d’entre eux n’ont aucune culture cinématographique», ajoute Bouchta qui souligne, par ailleurs, que le numérique constitue une révolution cinématographique, quant à la conservation de l’image, le choix de la langue désirée... mais le danger du piratage guette toujours. Donc, le trio création-production-consommation est assailli de tous les côtés. Ainsi, selon l’exposé de l’Ivoirien Aboubacar, les défis qui se posent à cette révolution technologique incitent davantage les pirates à faire leur business. «Le cinéma ivoirien n’est pas à l’abri de ces copies piratées à travers tout un réseau bien conçu. Il faut une politique sévère pour arrêter cette hémorragie, en menant une vraie action dans toute l’Afrique, afin d’endiguer ce phénomène». De son côté, le Sénégalais Abdou Rahmane ne manque pas d’évoquer les bienfaits du numérique qui permet, selon lui, une forte production, sachant que le cinéma ou la vidéo sont un outil de transmission de cultures, de traditions, de mode de vie, de l’histoire d’un pays donné. «Donc, le numérique a inventé son esthétique dans ce sens. Par exemple, il permet de capter la mémoire des quartiers et des villes. Ce qui constitue de vraies archives, tout en vulgarisant le cinéma partout, même dans les quartiers populaires. Pour cela, il faut alimenter un modèle spécifique à cette technologie pour garder l’image esthétique du cinéma. Et là, je précise qu’avec le numérique ce n’est plus l’Occident qui nous filme à sa guise. Mais, c’est nous qui filmons nos problèmes et notre quotidien». 
Le critique de cinéma Khalil Damoun a, quant à lui, abordé dans son intervention la problématique de l’exploitation et de la diffusion des films tournés en numérique en Afrique, et ce, à cause du coût très cher de la numérisation des salles. «Ce qui rend l’Afrique un terrain très propice pour la piraterie. Ce manque de salles numérisées oblige parfois les professionnels à aller voir les pirates. Donc, les solutions dépendent d’une vraie volonté politique. C’est vrai que le numérique a permis de démocratiser la production cinématographique. Mais, ce n’est pas suffisant, car le cinéma est une culture et une créativité».

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